L'entreprise alimentaire Égal a versé 3,34 millions de dollars sur le compte de la présidence de la République Démocratique du Congo (RDC) via la BGFIBank lorsque Joseph Kabila était président de la République. C'est grâce aux fonds publics suspects que l'ancien président Joseph Kabila a approvisionné ses vastes propriétés privées en animaux sauvages - dont des girafes, des éléphants et des zèbres - importés en Namibie. C'est parmi les révélations faites, ce mardi 30 novembre, par la Plateforme de Protection des Lanceurs d'Alerte en Afrique (PPLAAF) dans le cadre des enquêtes "Congo Hold-Up".
« Le paiement du 23 décembre 2013 sur le compte de la présidence s’ajoute toutefois aux 21,2 millions de dollars de fonds suspects et aux 3,3 millions de dollars de fonds publics virés à Port de Fisher, une société contrôlée majoritairement par Kabila. Des fonds publics ont également permis à l’ancien président d’approvisionner ses vastes propriétés privées en animaux sauvages - dont des girafes, des éléphants et des zèbres - importés de Namibie », révèle PPLAAF dans Congo Hold-Up.
Ces révélations sur les paiements à la présidence figurent également dans un nouveau documentaire de BBC Africa Eye, « Les millions manquants du Congo ».
« Ces nouvelles révélations soulignent encore une fois le rôle de l'ancien président et de son entourage dans le pillage de la RDC. Des enquêtes officielles au niveau national et international sont indispensables pour déterminer comment un tel vol a été possible, et pour s’assurer que de tels actes ne se répètent jamais », ajoute PPLAAF.
La société de Kabila
Congo Hold-Up révèle aussi qu'outre les paiements versés à la Présidence par Egal, la société Port de Fisher, contrôlée par Kabila, a reçu environ le même montant - 3,3 millions de dollars - qui ont été siphonnés de la Commission électorale nationale indépendante, de la Banque centrale et de l’Assemblée nationale entre décembre 2016 et octobre 2017. Les dossiers détenus par PPLAAF montrent que les fonds ont été acheminés par un compte de la BGFI qui a également été utilisé pour d’autres transactions suspectes.
« Selon des documents obtenus par l’ONG The Sentry, Port de Fisher, dont l’objectif exact n’est pas clair, était détenu à 55 % par Kabila depuis novembre 2015, par le biais de sa société foncière Ferme Espoir. Mais un document de conformité interne de la BGFI datant de mi-2017 indique que la banque n'avait « aucune information sur les actionnaires et les administrateurs de la société », peut-on lire dans cette enquête.
L’origine des fonds versés par le compte de la BGFI à la Banque centrale n’est pas claire, mais certains éléments décrits dans le rapport de PPLAAF sur Egal indiquent que le compte était possiblement alimenté par la Banque centrale elle-même, qui en assurait la surveillance.
PPLAAF laisse entendre que la Banque centrale, la BGFI et Joseph Kabila ont refusé de répondre à leurs questions de Congo Hold-up.
Jordan MAYENIKINI