RDC : 27,3 millions de personnes en insécurité alimentaire aiguë, la plus importante crise alimentaire au monde

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PAR Deskeco - 09 avr 2021 10:31, Dans Actualités

Dans une conférence de presse conjointe tenue ce jeudi 8 avril, l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), et le Programme Alimentaire Mondial (PAM) ont présenté la situation liée à l’insécurité alimentaire en RDC. 27,3 millions de personnes sont actuellement confrontées à une insécurité alimentaire aiguë. Ce qui constitue la crise alimentaire la plus importante au monde.

Ces chiffres ont été trouvés grâce à la technique de collecte de cas d’insécurité alimentaire, appelée cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire.

« Il y a quelques jours, le Cadre intégré de classification de la Sécurité Alimentaire (que l’on appelle dans notre jargon humanitaire IPC), a montré que le nombre de personnes souffrant de l’insécurité alimentaire aiguë est passé de 21,8 millions en juin 2020 à 27,3 millions. Il faut savoir que l’IPC est un exercice qui existe aussi dans d’autres pays et qui permet de mesurer la sévérité et la magnitude des situations d’insécurité alimentaire et de malnutrition. Aujourd’hui, avec 27,3 millions de personnes en insécurité alimentaire aiguë, cela fait de la situation en RDC la plus importante crise alimentaire au monde », a déclaré le coordinateur humanitaire en RDC, David McLachlan-Karr.

En effet, l’IPC, selon les explications d’Aristide Ongone, représentant de la FAO, est divisé en 5 phases : chaque phase décrit clairement les conditions des populations qui sont classées là. Les phases 3 et 4 sont celles qui mettent en stress, et en urgence. La phase 5, c’est la phase ultime, qu’on classe comme la famine où les personnes n’ont plus véritablement rien à manger. Ce n’est pas encore le cas en RDC. Donc, le pays est passé de la phase 1 à la phase 4. Les 27,3 millions de personnes en RDC, représentent 28% de la population du pays, qui n’ont plus la capacité par eux-mêmes de s’alimenter correctement, et que si on ne fait rien, cette situation va obligatoirement et rapidement se dégrader, et on risque de basculer à la phase 5.

« Si ces chiffres sont importants, ce qu’ils révèlent aussi de manière tout aussi essentielle, c’est qu’il n’y a pas de famine en RDC. Ces chiffres, en hausse par rapport au dernier exercice, sont essentiellement dus à une couverture géographique de l’analyse plus importante : de nouvelles zones et notamment des zones urbaines, qui n’étaient pas incluses auparavant, ont été analysées. En effet, cette année, l’échantillon d’analyse est ainsi passé de 66 millions à 96 millions de personnes. Par ailleurs, on peut même noter une légère amélioration de la situation dans les zones couvertes précédemment par l’analyse », a ajouté le coordonnateur humanitaire en RDC, David McLachlan-Karr.

Les conflits et les déplacements des populations sont parmi les principales causes de l’insécurité alimentaire précisément dans l’Est du pays. Il y a aussi les effets de la pandémie à Covid-19 et les faibles productions agricoles.

« Pour la toute première fois, nous avons été en mesure d’appliquer l’analyse à la grande majorité de la population, ce qui nous a donné une image plus fidèle de l’échelle vertigineuse à laquelle sévit l’insécurité alimentaire en RDC. Ce pays devrait être en mesure de nourrir sa population et de dégager un excédent pour l’exportation. Nous ne pouvons tolérer que des enfants aillent se coucher le soir en ayant faim et que des familles sautent des repas pendant une journée entière », a déclaré, pour sa part, Peter Musoko, représentant du PAM.

Il faut noter que les provinces les plus touchées sont les provinces dans l’Est du pays, et de la région du Grand Kasaï. Les populations les plus touchées sont celles des déplacés qui sont actuellement 5,2 millions à travers le pays, avec une forte concentration dans l’Est : le Nord-Kivu, le Tanganyika, l’Ituri et le Sud-Kivu où il y a des réfugiés de la République Centrafrique, Burundi, Rwanda, Soudan du Sud. Il faut noter que la RDC accueille plus de 500 milles réfugiés sur son sol, les retournés, les personnes affectées par les catastrophes naturelles, les ménages dirigés par les femmes, les populations les plus pauvres des milieux urbains et périurbains, et celles vivant dans des zones enclavées.

Thérèse Ntumba

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