RDC : le "Congo n'est pas à vendre" exhorte l'IGF, l'APLC et la Gécamines à diligenter des investigations sur la vente des royalties de Metalkol à Dan Gertler

CNPAV
PAR Deskeco - 07 déc 2020 15:51, Dans Actualités

La campagne « Congo n’est pas à vendre » (CNPAV) a, au cours d’une conférence de presse tenue ce lundi 07 décembre à Kinshasa, exhorté l’Inspection Générale des Finances et la Gécamines à faire un audit rigoureux de la vente des royalties de Metalkol à l’homme d’affaire israélien Dan Gertler.

Dans une vidéo diffusée le 16 novembre, le milliardaire israélien Dan Gertler a annoncé qu’il comptait désormais faire bénéficier les congolais des richesses du pays. Sans donner de détails, il compte « partager » les royalties de l’entreprise cuivre- cobalt de Metalkol, des recettes initialement destinées à la Gécamines et au trésor public. 

Le CNPAV estime que la promesse faite par Dan Gertler ne saurait compenser les énormes pertes que la RDC a subi à cause de ses transactions durant ces 20 dernières années.

En effet, le CNPAV alerte que malgré les innombrables dénonciations, la Gécamines a signé un énième contrat secret avec Multree, une société affiliée à Gertler il y a trois ans. Cette fois-ci, la Gécamines lui a cédé les royalties auxquelles elle avait droit dans son partenariat Metalkol. Les royalties représentent 2,5% des recettes nettes de Metalkol, un important projet de cuivre-cobalt près de Kolwezi, et s’élèvent à plus de 1,5 millions de dollars par mois – dont la Gécamines doit transférer la moitié au trésor public selon les lois des finances de la RDC.

Pour Jimmy Munguriek, membre du CNPAV, ces trois dernières années, Gertler et l’ancienne direction de la Gécamines ont déployé plusieurs stratégies pour garder la transaction secrète. Le contrat des royalties, qui n’a été publié que fin octobre 2020, stipule que les copies et l’existence même du contrat devaient rester secrets pendant au moins trois ans, alors que la législation congolaise exige la publication de ce type de contrats dans les 60 jours après signature.

« On veut que l’IGF puisse lancer des investigations profondes sur les transactions entre Gécamines et Metalkol par rapport aux royalties parce qu’elles ont été conclues dans des circonstances très opaques. C’est trois années après qu’on découvre qu’il s’agissait d’une vente après que ce contrat ait été signé. Et pourtant le contrat qui devrait être publié en 2017 a été rendu confidentiel par les contractants. C’est pour cela que nous estimons que ce contrat cache beaucoup des choses. Il y a également des confusions en termes des chiffres, la Gécamines parle de 55 millions USD et Dan Gertler parle de 83 millions USD. Du coup, on ne sait plus si cette vente a été réellement effectuée », explique Jimmy Munguriek.

Le CNPAV promet de saisir dès aujourd’hui les instances compétentes à savoir l’IGF, l’APLC (Agence de prévention de lutte contre la corruption) mais aussi au niveau de la Gécamines elle-même pour qu’elles diligentent des actions qui tirent au clair les conséquences de ces transactions. 

Vu l’historique de transactions controversées entre Gertler et la Gécamines, la campagne CNPAV estime en effet que l’IGF devrait réaliser un audit rigoureux et indépendant avant que Gertler ne fasse quelque transaction que ce soit sur ces royalties. Si l’audit révèle que les royalties de Metalkol ont été obtenues de manière illicite, tout citoyen congolais qui les rachèterait risque de se rendre complice de recel, alerte le CNPAV.

Cette synergie regroupant plusieurs plateformes de la société civile dénonce également la privatisation du projet Metalkol au bénéfice de Dan Gertler et dont la RDC ne reçoit pas des retombées qu’l faut dans ces royalties.

Rappelons que Dan Gertler est sous sanction des Etats-Unis pour corruption. Il est soupçonné de s’être enrichi grâce à des transactions « opaques et corrompues » dans le secteur minier et pétrolier grâce à sa proche amitié avec l’ex-président Joseph Kabila. Selon le Africa Progress Panel, il a fait perdre plus de 1.3 milliards de dollars à la République. Son mode opératoire est connu : acheter à vil prix des biens miniers auprès d’une entreprise étatique comme la Gécamines grâce à ses connexions politiques, puis la revendre à un multiple du prix à des multinationales.

Jordan MAYENIKINI

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