Les employés de la Banque Internationale pour l’Afrique au Congo (BIAC) ont manifesté, ce jeudi 19 novembre, devant la direction générale à Kinshasa, contre la décision de liquidation de cette institution financière par la Banque Centrale du Congo, renvoyant ainsi des centaines de travailleurs au chômage.
« C’est depuis le 9 octobre que la BCC a tué la BIAC. Elle a désigné un cabinet d’experts pour venir enterrer. Un mois après, nous avons vu le communiqué du conseil d’Etat suspendant la décision de la Banque centrale. Aujourd’hui la situation administrative des agents n’est nulle part. Nous sommes fatigués de la scène entre la BCC et le groupe Sofia. Nous sommes ici pour dénoncer ce jeu de théâtre parce qu’il y a 4 ans, il y avait la même décision du tribunal de commerce donnant raison au groupe Sofia qui n’a jamais été appliquée jusqu’à ce jour. Nous demandons au liquidateur de ne plus fréquenter nos installations jusqu’à ce qu’il ait une décision finale du Conseil d’Etat. Ils sont en train de nous endormir, au même moment il y a la décision du Conseil d’Etat, au même moment le cabinet Emmanuel Lubaya continue à poser des actes. Et notre sort n’est pas connu. A partir de lundi, toutes nos agences du pays resteront fermées », a déclaré Matthieu Theba Labolathe, président de la délégation syndicale de la BIAC.
A propos, le banc syndical de la BIAC et plusieurs inter syndicats des travailleurs ont saisi le président de la république Félix-Antoine Tshisekedi pour trouver une issue favorable.
« A ce jour, la bataille juridique engagée entre la BCC et l’actionnaire majoritaire ne profite nullement aux agents qui continuent à croupir dans la misère. Voilà pourquoi, à défaut de sauver cette institution, les salariés sollicitent votre implication en tant que père de la nation et garant de bon fonctionnement des institutions pour une décision de votre autorité prenant en compte les faits ci-après : le paiement du décompte final des agents dans le meilleur délai ; l’élaboration d’un plan social pour l’ensemble du personnel en vue de sa réaffectation dans d’autres structures de l’Etat », peut-on lire dans ce mémo signé en date du 17 novembre et adressé au Chef de l’Etat.
La BIAC est en cessation de paiement depuis 2016 pour des raisons notamment de mégestion, forte dégradation du portefeuille crédit, non remboursement de crédits octroyés aux sociétés apparentées du groupe Elwyn Blattner et à l’Etat congolais, défaillance de la supervision par la BCC et non respect par l’actionnaire majoritaire de son engagement à recapitaliser la banque. L’administration provisoire placée depuis lors pour stabiliser la gestion, mettre en place un plan de redressement et trouver un repreneur n’a atteint aucune mission 4 après pour cause, selon les syndicalistes, de discordance persistante entre la BCC et les actionnaires, mégestion du conseil d’administration provisoire mis en place par la BCC caractérisée par un affairisme accru de ses membres et l’absence de contrôle et suivi de comité par la BCC.
Le 9 octobre dernier la BCC a mis, sous liquidation forcée, la BIAC. A cet effet, elle avait nommé comme liquidateur le groupement AB Legal Van Cutsem - Global Business Consulting (GBC SARL) - Lubala et Associés SCRL (AGL). Attaquée par l’actionnaire majoritaire, le groupe Elwyn Blattner, cette décision a été suspendue par le Conseil d’Etat le 10 novembre dernier mais son exécution tarde à venir.
Fonseca MASIANGA