RDC : "la FEC avec d’autres partenaires avaient émis des réserves sur la capacité de l’Etat à mobiliser les 11 milliards USD prévus dans le Budget 2020" (Albert Yuma)

Albert Yuma
PAR Deskeco - 25 sep 2020 10:49, Dans Finances

Albert Yuma Mulimbi, président de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), a évoqué jeudi 24 septembre à Pullman Hôtel, la situation économique de la RDC à l'occasion de la rentrée qui marque la reprise des activités de cette principale organisation patronale du pays. 

A l'en croire, la FEC et d'autres partenaires de la RDC étaient dubitatifs compte tenu des paramètres structurels de notre économie, sur la capacité de l’Etat à mobiliser les recettes de 11 milliards de dollars américains prévus dans la Loi des finances 2020. Et la réalité rattrape à ce jour la RDC, accentuée par les effets néfastes de la Covid-19.

"Si on doit regarder les statistiques, la situation économique globale de notre pays est hélas très difficile.
Avant même l’apparition de la pandémie du coronavirus, nous avions avec d’autres émis des réserves, compte tenu des paramètres structurels de notre économie, sur la capacité de l’Etat à mobiliser les recettes de 11 milliards de dollars américains prévus dans la Loi des finances 2020. Certains partenaires étrangers, notamment ceux du FMI, dans un écart peu courant à la réserve à laquelle ils nous avaient habitués, avaient jugé « peu crédibles » les projections financières de l’Etat. Malheureusement, la réalité nous a rattrapés, en étant accentuée par les effets terribles de la COVID-19 sur l’activité économique. En effet, la dépendance connue de notre économie à l’offre des produits de première nécessité de pays fortement touchés par la pandémie du coronavirus a fait subir davantage à la République Démocratique du Congo les effets néfastes de la COVID-19", a dit Albert Yuma.

Pour ce dernier, la seule exception pour la RDC est liée à ses exportations minières où elle n’a pas noté de baisse de production, ni des flux, mais au contraire parfois une augmentation de la production, renforcée par l’évolution à la hausse des cours du minerais. En matière de mobilisation de recettes, c’est donc plus l’activité intérieure – et ses recettes fiscales - qui a eu à souffrir de la baisse d’activité de la COVID-19.

Le président de la FEC, Albert Yuma a, dans son speech, fait allusion aux chiffres publiés par la Banque Centrale du Congo qui renseignent qu’en 2020, l’économie de la RDC connaitra un taux de croissance négatif de 1,7%, si pas plus, soit un recul de 6,1% par rapport à son niveau de 2019.

Il a aussi étalé les enquêtes réalisées par la Fédération des Entreprises du Congo auprès de ses membres en vue d’évaluer l’impact de la COVID-19 sur leurs activités et les chiffres obtenus au niveau de la Banque Centrale qui  renseignent ce qui suit :

- Les opérations financières se clôturent, depuis le mois de janvier 2020 par des déficits, et ce malgré les ressources provenant de l’appui budgétaire du FMI.

Face à un amenuisement criant des recettes publiques pour faire face aux dépenses publiques, le solde du compte général du Trésor affiche un déficit budgétaire cumulé provisoire de l’ordre de CDF 891,23 milliards au 20 septembre 2020.

- Le niveau de recettes qui serait mobilisé à fin décembre 2020 se situerait à moins de 4 milliards de dollars américains contre 11 milliards de prévus.

- Sur le marché des biens et services, il est observé un rythme élevé de l’inflation avec l’accélération du niveau général des prix depuis l’apparition de la COVID-19 en RDC et de ses effets négatifs sur l’activité économique. A ce rythme, le taux d’inflation se situerait à 21% à la fin de l’année alors qu’il était de 4,6% l’année passée. Ce qui ne peut, in fine, qu’avoir comme conséquence l’amenuisement du pouvoir d’achat de la population dont plus de la moitié vit déjà en deçà du seuil de la pauvreté.

- Sur le marché de change, la monnaie nationale a perdu 16% de sa valeur face au dollar américain entre le mois de mars et août 2020. A ce jour, 1 dollar américain se négocie contre 1 962 CDF sur le marché interbancaire pendant qu’il s’échange à plus de 2 010 CDF sur le marché parallèle. 

- Quant aux réserves de change, elles poursuivent leur baisse dans un contexte d’instabilité macroéconomique. Les réserves internationales de change se chiffrent en effet, au 20 septembre 2020 à 730,78 millions USD correspondant à 2,9 semaines d’importations des biens et services sur ressources propres.

- Que plus 80% des entreprises ont connu une baisse 75% de leurs revenus ;

- Que toutes les entreprises directement concernées par les mesures prises par le gouvernement en vue de lutter contre la propagation de la COVID-19 ont été en cessation de paiement pendant toute la durée de ces mesures enregistrant ainsi une perte sèche d’au moins 75% de leurs revenus annuels ;

- Que seul 1% d’entreprises reconnaisse avoir bénéficié d’un soutien du Gouvernement pendant cette période pour faire face aux effets négatifs de la COVID-19.

Albert Yuma Mulimbi a également fustigé le manque de volonté de l'Etat de réduire son train de vie dans la création de services "moins importants". Ce qui, selon lui, est à la base d'un déséquilibre récurrent des opérations financières de l’Etat.

"Entretemps, l’Etat ne semble pas vouloir réduire son train de vie en continuant à accroitre ses dépenses par la création de services dont il conviendrait sincèrement de se poser la question de leur opportunité et leur nécessité en ces temps particuliers. Cette augmentation des dépenses a pour effet de contribuer à renforcer le déséquilibre récurrent des opérations financières de l’Etat, de surcroit dans le contexte actuel", a-t-il fustigé.

Plusieurs personnalités politiques et patrons des entreprises du pays ont pris part à cette activité, notamment : la présidente de l'Assemblée nationale, Jeanine Mabunda, le président du Sénat, Alexis Thambwe Mwamba et bien d'autres.

Jordan MAYENIKINI

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