L’Analyse des états de suivi budgétaire renseigne que de 2013 à 2016, la Primature a, à chaque fois, fait un dépassement budgétaire sur ses prévisions de la loi des Finances. De même, les différents rapports de reddition des comptes de la Cours de compte relèvent plusieurs fois cette lacune comme une « faute de gestion » dans l’exécution des différents budgets sous la Primature de Matata Ponyo. Autant dire que la gestion des finances publiques sous la Primature de l’homme à la cravate rouge n’a pas toujours été conforme aux principes de la Loi sur les Finances Publiques (LOFIP) encore moins en harmonie avec l’orthodoxie budgétaire.
L’ancien Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, a en encouragé l’Inspection générale des Finances (IGF) à auditer sa gestion, non seulement du projet Bukanga-Lonzo qui reste une débâcle économique sans pareil, mais aussi tous ses mandats publics, soit au BCECO, de 2003 à 2010, au ministère des Finances, de 2010 à 2012, et à la Primature, d’avril 2012 à décembre 2016.
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DESKECO.COM saisit cette brèche pour analyser, ne serait-ce du point de vue de la gestion des finances publiques, ce qu’a été la Primature sous Augustin Matata Ponyo Mapon. Ayant pris les reines du chef du gouvernement en avril 2012, DESKECO.COM a préféré considérer seulement les quatre années pleines pendant lesquelles Matata a exercé comme Premier ministre, soit de 2013 à 2016.
En effet, notre analyse des états de suivi budgétaire de la Direction de la préparation et du suivi du Budget (devenue présentement Direction générale des politiques et programmation budgétaire) renseigne qu’en 2013, sur des prévisions budgétaires estimées à CDF 22.980.711.008, la Primature avait consommé des dépenses de l’ordre de CDF 52.222.165.757 à fin décembre 2013, soit un taux de réalisation de 227,24% ou un dépassement budgétaire de 127,24%.
Ce dépassement a concerné aussi bien les frais de fonctionnement de la Primature que les rémunérations. Sur des crédits votés dans le Budget de CDF 11.764.449.228 pour le fonctionnement, la Primature a consommé CDF 39.179.900.596, soit un taux de réalisation de 333,03% ou un dépassement de 233,03%. En ce qui concerne les Rémunérations de la Primature, sur des crédits plafonnés à CDF 9.040.682.965, le cabinet de Matata a consommé CDF 13.042.265.160, soit un taux de réalisation de 144%.
De même en 2014, sur des crédits budgétaires plafonnés à CDF 27 809 916 000, la Primature a consommé CDF 57 097 661 336, soit un taux de réalisation de 205,31% ou un dépassement de 105,31%.
C’est le cas aussi en 2015 où sur des prévisions de dépenses de l’ordre de CDF 27.355.940.375, le cabinet du chef du gouvernement a consommé CDF 47.657.164.647, soit un taux de réalisation de 174,21% ou un dépassement de 74,31%.
En 2016, le constat est le même avec des prévisions budgétaires plafonnées à CDF 22.035.183.357, le cabinet de Matata a consommé 40.219.986.077, soit un taux de réalisation de 182,52% ou un dépassement de 82,52%.
Dans ses différents rapports de redditions des Comptes, la Cours des comptes n’a de cesse de recommander au gouvernement le respect de la Loi sur les finances publiques (LOFIP) notamment par rapport aux dépassements des crédits budgétaires alors que plusieurs postes budgétaires ne bénéficient pas de leurs subsides dûment votés au Parlement et promulgué par le président de la République.
« Au sujet des dépenses, la Cour des comptes constate la persistance de la consommation des crédits en dépassement et l’exécution de dépenses sans ouverture préalable de crédits budgétaires, actes constitutifs de fautes de gestion. De même, la Cour condamne la non-exécution et la faible exécution des crédits au détriment de certains autres services, les empêchant de fonctionner ou de se doter d’équipements et autres infrastructures requis par leur état », indique le rapport de reddition des comptes pour l’exercice 2013 du gouvernement Matata.
La même remarque de la Cour des comptes est revenue sur tous les autres rapports jusqu’en 2016 parce que les mêmes fautes de gestion ont continué avec des surconsommations des crédits principalement dans les institutions politiques au détriment des projets d’investissement notamment.
Amédée Mwarabu