Les réserves internationales de la République démocratique du Congo sont évaluées à 802,27 millions USD en date du 21 août 2020 représentant exactement trois semaines et un jour d’importation des biens et services sur ressources propres, indique la Banque centrale du Congo dans son Condensé des statistiques n°34.
Evaluées à 1, 030 milliard USD au 31 décembre 2019, les réserves de change n’ont jamais atteint ce niveau depuis le début de l’année 2020. Elles ont été de 792,27 millions USD à fin janvier 2020, avant de connaitre un pic à fin avril 2020 à exactement 980,16 millions USD à la suite de l’appui du FMI.
En effet, en avril 2020, suite à la crise de covid-19, le FMI a accordé une facilité de crédit rapide de 363 millions USD à la RDC. Une partie de cet appui financier a été injecté dans les réserves de change de la RDC. Ce qui a justifié ce pic enregistré au 30 avril 2020. Depuis, les réserves de change de la RDC n’ont fait que baisser et stagnent autour de 800 millions USD. Ce qui représente juste trois semaines d'importation des biens et services sur ressources propres, soit pas sécurisant pour le pays. Les règles de contingence de l'Association des banques centrales d'Afrique exige un volume de réserves internationales représentant un minimum de trois mois d'importation sur ressources propres.
Les réserves de change sont des avoirs en devises étrangères détenues par une banque centrale. Comment les réserves de change arrivent-elles à la banque centrale ? Quand une entreprise exporte, par exemple aux Etats-Unis, elle reçoit des dollars en paiement. Au moment où elle les change en monnaie nationale, ces dollars peuvent être rachetés par la banque centrale contre sa monnaie nationale. L’entreprise exportatrice reçoit donc sa monnaie domestique dans laquelle elle pourra payer ses impôts et ses salaires, et la banque centrale a augmenté ses réserves de change en dollars.
Si un pays présente un déficit commercial (importations supérieures aux exportations), il doit trouver un moyen de financer ce déficit. Ce financement peut se faire en contractant de la dette auprès des autres pays, ou en vendant des actifs domestiques (actions, immobilier…). Un autre moyen de payer les importations est de puiser dans ses réserves, en l’occurrence les réserves de change.
Si un pays se trouve dans une situation dans laquelle les autres pays ne veulent plus financer son déficit commercial (par crainte de ne pas être remboursé par exemple) et qu’il a épuisé ses réserves de change, il se trouve face à une situation de crise de la balance des paiements. Dans ce cas, il doit réduire ses importations car il n’a plus les moyens de les payer (cela peut se traduire par une dévaluation de la monnaie qui rend les importations plus chères ou par une baisse des dépenses publiques qui limite la consommation donc les importations). Une telle situation s’accompagne alors d’un plongeon de la consommation et de l’investissement, donc d’une baisse de la croissance et d’une hausse du chômage.
Les réserves de change sont donc une épargne permettant à un pays de continuer à importer malgré les aléas du commerce international.
Amédée Mwarabu