L’Association Africaine de défense des Droits de l’Homme, ASADHO en sigle, accuse la REGIDESO et la SNEL d’abuser de leur position dominante pour piller les ménages, en ce que les deux sociétés ont exagérément majoré les prix de fourniture de l’eau et de l’électricité à la fin de la période de deux mois de desserte gratuite offerte par le Gouvernement, dit cette ONG dans un communiqué parvenu aujourd’hui à DESKECO.COM.
« Il ressort des doléances parvenues à l’ASADHO que depuis le mois de juin, les ménages ont constaté que toutes les factures de consommation domestique d’eau et de l’électricité ont été doublées ou triplées par les deux entreprises publiques sans que la qualité et l’accès aux services ne soient améliorés. Les consommateurs bénéficiaires de la gratuité des consommations de mois d’avril et de mai disent que ces sociétés agissent de cette façon pour récupérer les manquants ou pertes occasionnées par la mesure prise par le Gouvernement en faveur des ménages », soutient l’Asadho.
Pour cette ONG, cette majoration intervenue en l’absence de changement de la structure des prix, constitue un véritable pillage des ressources des ménages dans la mesure où elle n’est soutenue par aucun élément économique et contribue à asphyxier les pauvres ménages qui sont déjà durement frappés par la crise sanitaire du Coronavirus ». Elle constitue, selon l’Asadho, « un abus de position dominante de ces deux opérateurs publics qui frise la pratique des prix illicites qui nécessite l’ouverture d’une enquête ».
Rappelant l’article 48 de la Constitution garantit aux ménages l’accès à l’eau potable et à l’énergie électrique, ce qui suppose que ces biens doivent être non seulement disponibles, mais aussi accessibles et de meilleure qualité., l’ONG allègue que le comportement de la REGIDESO et de la SNEL constitue « une violation flagrante de ce droit fondamental.
Tout aussi, cette organisation s’étonne-t-elle du silence du Gouvernement et de l’Assemblée Nationale au regard des plaintes des consommateurs d’eau et d’électricité face « à ce pillage éhonté des ménages » par la REGIDESO et la SNEL.
Ainsi, l’ASADHO recommande au président de la République de : « - Veiller au bénéfice réel de la gratuité de consommation d’eau et d’électricité décidée pour les mois d’avril et de mai 2020 ; - S’assurer du paiement effectif par le Gouvernement de la contrepartie de cette consommation gratuite offerte afin de permettre à ces deux entreprises de continuer à assurer la desserte de qualité ; - Prendre des mesures disciplinaires à l’encontre des responsables de la REGIDESO et de la SNEL pour majoration injustifiée des factures de fourniture de l’eau et de l’électricité ».
A l’Assemblée Nationale, l’ONG recommande d’initier une enquête parlementaire sur le pillage des revenus des ménages à l’aide de la majoration injustifiée des factures de fourniture de l’eau et de l’électricité par la REGIDESO et la SNEL.
Quant au gouvernement de la République, il devra, selon l’Asadho, : « Ordonner l’ouverture d’une enquête transparente par les services du Ministère de l’Economie Nationale avec la participation de représentants des consommateurs sur les facturations de consommation d’eau et d’électricité pour le mois de juin ; Ordonner que les factures de fourniture de l’eau et de l’électricité soit ramenée à leur prix réel d’avant la mesure de gratuité ».
De l’avis de l’Asadho, les deux entreprises, Regideso et SNEL, devraient ramener les factures de fourniture de l’eau et de l’électricité à leur prix réel d’avant la mesure de gratuité ; veiller à l’amélioration de la qualité de leurs services aux consommateurs et faire preuve de plus de transparence et de justice dans leur facturation des services.
Au mois de mars 2020, en marge de l’instauration de l’état d’urgence sanitaire, le gouvernement de la République Démocratique du Congo avait décidé d’alléger les charges sociales des ménages en les dispensant de payer les factures de fourniture de l’eau et de l’électricité pendant deux mois (avril et mai) pour leur permettre de faire face aux conséquences négatives du Coronavirus sur leur budget familial.
Le gouvernement devrait compenser notamment la gratuité de l’électricité par le paiement de 26 millions USD par mois à la SNEL, soit 52 millions USD pour les deux mois. Ce que l’Exécutif national n’a pas encore fait.
Amédée Mwarabu