RDC : Félix Tshisekedi se met la corde au cou avec un Programme d'urgence de 2,61 milliards USD

Félix Tshisekedi
PAR Deskeco - 19 juin 2020 10:26, Dans Actualités

Le nouveau challenge du chef de l'État est de réunir 2,61 milliards USD au cours des prochains 9 mois pour la mise en œuvre du Programme multisectoriel d'urgence d'atténuation des impacts de la covid-19. Un défi qui paraît irréalisable par ce gouvernement qui affiche depuis son investiture une faiblesse de taille : la faible mobilisation des recettes publiques. Dès lors, il y a lieu de parier que le PMUAIC-19 risque de buter au même sort que celui de 100 jours à savoir le manque de financement.

Le gouvernement vient de lancer, le jeudi 18 juin en présence du président de la République Félix Tshisekedi, son Programme multisectoriel d'urgence d'atténuation des impacts de la covid-19. 

Évalué à 2,610 milliards USD, ce programme vise à  prioriser les actions suivant trois modalités à savoir : "les urgences « 1 », les appuis à l’urgence « 2 » et le structurel « 3 »; Les coûts provisoires ont été estimés respectivement à USD 1.787.790.000 pour les urgences, USD 513.250.000 pour les appuis à l’urgence et USD 309.580.000 pour les projets et les réformes structurels,soit un total de USD 2.610.622.000", selon Elysée Munembwe, la ministre du Plan, dans sa présentation du programme.

Des bonnes intentions certes 

Pour rendre disponible les moyens nécessaires à la mise en œuvre du PMUAIC-19, le gouvernement entend compter sur les mécanismes novateurs suivants :(i) la capacité actuelle d’endettement du pays ; (ii) le Paiement pour le Service des Ecosystèmes ; (iii) la maximisation des recettes publiques en luttant notamment contre le coulage ; (iv) la mobilisation de l’aide au développement ; (v) la diversification des sources de financement privé via notamment le PPP ; et (vi) la mise à contribution du secteur minier.

Ainsi, pour assurer la durabilité du financement du présent Programme et le retour à la trajectoire du développement à terme, le Gouvernement est appelé à conjuguer les efforts pour une rationalisation de dépenses ; ceci en assurant un meilleur alignement du budget à la stratégie.

Dans cette perspective, le gouvernement compte (i) œuvrer pour le passage du mode de gestion axé sur les moyens à celui axé sur les résultats pour l’atteinte des objectifs du développement; et (ii) renforcer la crédibilité, l’exhaustivité et la transparence du budget.

A analyser toutes ces bonnes intentions de l'Executif national, il y a lieu de relèver que de tout ce que le projecte de faire ne l'a pas fait depuis qu'il est en fonction, voici neuf mois déjà. Mieux, ce PMUAIC-19 sera confronté à l'exiguïté structurelle de mobilisation des ressources à la quelle le gouvernement est confronté et pour lequel des solutions idoines n'ont jamais été mises en œuvre.

Exigüité structurelle des recettes

En effet, la RDC d'aujourd'hui dépense 68% de ses recettes budgétaires au paiement des rémunérations et 10% au fonctionnement des institutions de la République, au regard des réalisations des finances publiques au cours de cinq premiers mois de l'année. Dans cette configuration, à peine 20% des recettes mobilisées servent aux autres dépenses de de développement. Avec une telle configuration budgétaire, il paraît illusoire que le PMUAIC-19 sera mis en œuvre avec ses 2,61 milliards USD qu'il demande.

Il apparaît clairement que le gouvernement devrait au préalable commencer à mettre en œuvre les réformes nécessaires et les mesures devant accroître la mobilisation des recettes avant d'espérer réunir les moyens de sa politique. Et tout ce qui manque à l'équipe que dirige Sylvestre Ilunga Ilunkamba.

Durant les cinq premiers mois de l'année, le gouvernement n'a pu mobiliser qu'à peine 1,550 milliards USD sur les 3,877 qui étaient programmés dans ses prévisions budgétaires. L'on se demande où et comment ce même Exécutif pourra récolter le financement de ce programme multisectoriel d'urgence d'atténuation des impacts de la covid-19.

Le président de la République vient de se mettre donc la corde au coup avec ce énième projet dont il n'a pas les moyens à son lancement. Le Trésor public est  déjà en déficit cumulé d'environ 300 millions USD à fin mai 2020. 

Compter sur le financement extérieur reste encore hypothétique. Selon le FMI, la RDC accuse 531 millions USD de manque de financement dû aussi bien à la baisse de la mobilisation des recettes internes que des partenaires extérieurs, à la suite de la pandémie de Coronavirus. 

A noter que qu'au cours des cinq premiers mois de l'année, sur les 530 millions USD que le gouvernement attendait de ses partenaires extérieurs seulement 104 millions ont été décaissés, soit un taux d'exécution de 19,6%. Autant dire qu'il n'y a pas lieu de compter outre mesure sur le financement extérieur à nos programmes nationaux.

A tout prendre, les bonnes intentions du gouvernement ne riment pas avec une réelle politique d'implémentation des réformes nécessaires en vue d'accroître la mobilisation des recettes publiques. Sur les 17 millions USD prévus pour financer les réformes au cours des cinq premiers mois de l'exercice en cours, le gouvernement Ilunkamba n'a décaissé que moins de 100 000 USD, soit moins de 1% des prévisions budgétaires linéaires.

Amédée Mwarabu

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