RDC: toujours pas de plan de relance pour apporter un réel optimisme aux secteurs informels (Tribune de Jo Sekimonyo)

professeur
PAR Deskeco - 04 juin 2020 08:09, Dans Analyses

À travers la RDC, les gens vivent déconnectés de la qualité de vie moderne. Ils n’ont pas de sécurité économique. Il y a des millions de personnes rien qu’à Kinshasa, seul siège du gouvernement, ont honte de ne pas pouvoir joindre les deux bouts de manière décente malgré tous leurs efforts. Ce ne sont pas eux qui devraient avoir honte. C'est le président de la République, Félix Tshisekedi, et son équipage, et l'ancien chef de l'Etat, Joseph Kabila, et son gang, ajoutant à la pile toutes les créatures de l'opposition qui devraient avoir honte. Même pour la Riposte contre covid-19, il n'y a toujours pas de phase d'un véritable plan de relance annoncée pour apporter un réel optimisme aux secteurs informels qui est le grand parti de notre économie ou pour les individus. Pour les Congolais ordinaires, la coalition au pouvoir, tout comme le reste dans l'opposition n'a aucune raison d'être.

Nous avons assisté à une avancée audacieuse dans l'interprétation de la valeur de l'humain. Il existe un dynamisme et une complémentarité entre le passé et le présent, plutôt que de vagues coïncidences. L'affinement du passé permet de faire entendre d'autres tonalités. Si la pauvreté extrême, les maladies pandémiques, les conflits tribaux, l’ignorance et l’exploitation spirituelle sont tous des paramètres essentiels pour mesurer le progrès humain, en avons-nous congolais avancé ? La réponse à Covid-19 est un échec collectif massif qui continue d'ajouter des scandales dont personne n'a encore pris la responsabilité. C’est comme si on ne peut pas perdre un pari sur le fait que notre gouvernement continuera d’être une risée pour le monde.

Les citoyens sont eux-mêmes responsables de tous ces maux de tête. Pendant les élections, ayant la possibilité de décider qui dictera l'ordre social, les congolais ont invariablement choisi indirectement ou ont volé des voix pour des psychopathes absolus et charlatans de tout genre. Le maintien du masochisme tribal crée toujours des prophètes les plus impitoyables. Jeter le doute sur la conscience des acteurs politiques, sociaux, religieux et économiques ou mettre à nu le provincialisme dans les actions et idées des académiciens n'est pas dénué de mérite.

La théologie continue de saturer l'atmosphère comme dans les vieux jours. Les tiers-mondistes acceptent les faux et les légendes avec une foi enfantine. La recherche d'une causalité naturelle reste impertinente. Les critiques stériles d'œuvres historiques ont le même amateurisme que les pratiques médicales. Les factions religieuses ont rarement adopté des positions anodines ou favorables à une vision équilibrée de questions controversées. A la récente plaidoirie de l’évêque de Bunia démontre que c’est un berger de seulement des brebis de seulement sa tribu. Rien de surprenant que des sermons si poisonneux jaillissent d’un membre d’une institution religieuse qui attribue des fonctions sur base d’une cartographie coloniales et des appétences tribales. Alerter le monde sur l'intrigue de la balkanisation de la RDC n'apporte rien pendant qu’au lieu d'apporter une solution socioéconomique pour le contrecarrer, on exacerbe les sentiments primitifs tel que le tribalisme, sur lequel le soi-disant complot repose sur.

Au sein de notre hippopotamesque gouvernement, nous avons une combinaison dangereuse des ministres qui sont révélés hors de sa ligue et ont depuis longtemps abandonné. Il y a bien d’autre qui sont audacieux et belliqueux mais trop mal orienté. Tel qu’un ministre de l'Industrie ou de PME qui ne semblent pas comprendre la différence entre les attributs primitifs de la géopolitique et de l'économie politique au 21e siècle. Un ministre des Finances, celui d’Economie et même le premier ministre qui ont tous leurs yeux braqués sur les thermomètres, mais les moins pertinents. La couverture de toute la mascarade faite des diplômés et des soi-disant bienfaisants millionnaires congolais que nous n'avons pas pris la peine de vérifier la qualité de leur état d'esprit et leur dynamisme, se désagrège. 2023 n'est pas loin ; le prochain président et ses collaborateurs potentiels devraient prendre des notes.

Vaut-il mieux la tête bien faite que la tête pleine ? Il vaut la peine d'en débattre. Étrangement, en RDC, le débat est encore bas. La commune question que l’on se pose depuis la colonisation, vaut-il mieux la tête bien faite qu’un ventre plein ? Et malheureusement, le ventre plein continue de recueillir un consensus. Même sous l’abominable dictature de Mobutu, on s’époumonait sur la question de l’autosuffisance alimentaire. Ainsi, on chahute comme toujours autour du prix des denrées alimentaires au lieu de s’attaquer au taux de chômage et salaire. On ménage des astuces autour des zones industrielles à la place d’instiguer la créativité locale dans des centres d’innovation. On perd la tête à chaque pas que la monnaie nationale prend du recul au dollar américain tout en obstruant les voies d’accès aux crédits financiers et sociaux pour les PMEs et les individus.     

Pendant que l’on se souci d'élever la qualité des questions sur les défis sociaux et économiques en RDC, on ne peut éviter de faire face à un conflit cérébral. Si jamais la tête l'emporte sur le ventre, on peut prévoir une grande percée sur un front différent. La paix à l'Est devenant une réalité, le paludisme et la malnutrition devenant une chose du passé, des millions de vies seraient sauvées chaque année. Les croisés contre les avortements, avec lesquels je suis totalement en désaccord car je crois fermement qu'une femme a le droit indéniable de décider de son corps et du fœtus dans son corps, vantent que leur triomphe ajouterait aussi nombre considérable des êtres vivants. Toutefois, qu’es ce qu’on offrira à toutes ces vies ? L’humiliante mendicité pour les brisés, la prostitution physique ou intellectuelle pour les cœurs froids, ou le banditisme politique pour les brutes ?  

Si la méthode de sélection des élites religieuses, politiques et sociales congolaises reste la même, cela transformerait un formidable développement économique de la RDC en cauchemar social permanent pour des millions d'autres en plus des millions qui sont déjà enchaînés dans le cycle de la pauvreté.

Jo M. Sekimonyo

www.sekimonyo.com

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