Dragage du fleuve Congo, un remède pour «déconfiner» l’économie de la RDC face aux effets du Covid-19

fleuve congo
PAR Deskeco - 07 mai 2020 09:36, Dans Analyses

Aux grands maux, de grands remèdes. La pandémie de Coronavirus a frappé de plein fouet l’économie mondiale, les cours mondiaux des matières premières (minerais, bois et pétrole) dont la RDC tire le gros de ses revenus ont, tour à tour, emprunté la voie de la dégringolade depuis mi-mars 2020. Toutefois, avis d’experts, la RDC a une solution locale pour « déconfiner» son économie. 

A défaut de mobiliser des dizaines des milliards de dollars pour soutenir l’économie, comme le font des puissances occidentales, Covid-19, estiment les experts, offre à la RDC l’occasion de relancer la production et la consommation locales. 

«Du temps de M’zee (ndlr : le Président Laurent-Désiré Kabila), se rappelle Médard Mbenga, analyste économique, Jeannot Bemba (alors ministre de l’Economie), avait mis en place ce qu’il a appelé, la politique de ramassage: des navires sillonnaient le fleuve Congo et ses affluents, Ubangi, Kasaï,  etc., pour acheminer vers la capitale toute la production des paysans bordiers du fleuve». Et l’économiste de poursuivre, « tous les ports étaient remplis des vivres, à la grande satisfaction de M’zee Kabila qui était peu favorable à la politique de la main tendue et des importations».

Si à fin avril 2020, les victimes congolaises du Covid-19 se comptaient en termes des dizaines, celles de la faim, du chômage, de la crise financière, conséquences médiates du coronavirus, se chiffreraient en termes des milliers, au regard des perspectives pessimistes de la Banque Centrale. Tout porte à croire que la RDC subira doublement les effets de cette crise. Déjà, le pays dépend totalement du port de Pointe-Noire pour l’acheminement des produits conteneurisés au corridor ouest qui se trouve être sa principale porte d’entrée. Et comme si cela ne suffisait pas, les restrictions d’heures de traitement des navires, du fait du couvre-feu décrété par les autorités de la République du Congo impacte la desserte des produits alimentaires vers la RDC, occasionnant ainsi des retards considérables dans la chaine d’approvisionnement. Mais la RDC dispose d’une carte dans sa manche pour parer à l’urgence et mieux affronter la crise. «La crise socio-économique exige des mesures d’urgence, applicables en un temps très limité. 

Ouvrir le fleuve à un trafic intense est à la portée rapide de la RDC avant la réalisation de l’ambitieux projet de port en eau profonde. Il est question de sauver des vies, des foyers de la famine et de créer de nouvelles opportunités d’affaires et d’emplois», soutient l’économiste Médard Mbenga. A sa suite, de nombreux experts convergent sur la nécessité de procéder au dragage et au balisage du fleuve Congo. Ce, non seulement pour garantir la chaine d’approvisionnement en produits de premières nécessités en ce temps de crise, mais aussi lors de la reprise des activités de bon nombre d’entreprises à la fin de cette pandémie et, conséquemment, le phénomène de mouillage des navires décrié par tous. 

En effet, la route de navigation dans le tronçon Boma-Malela, appelée zone divagante, n’offre pas les conditions naturelles requises pour la navigation de bateaux de haute mer du fait des faibles profondeurs enregistrées dans cette partie du fleuve. 

En attendant de doter le pays d’un port en eau profonde, le dragage de ladite zone permettra ainsi, à court terme, aux navires de haute mer d’accéder directement aux ports de Boma et Matadi et réduira sensiblement les coûts des navires d’alimentation. Bien plus, et pour le plus grand bonheur des consommateurs, cela devrait contribuer à la baisse des prix des produits de premières nécessités puisque les importateurs n’auront plus à payer les frais de transbordement. Face au blocage observé dans la matérialisation du partenariat public privé (PPP) annoncé pour la réalisation des travaux de dragage de cette zone, l’option, pour le Gouvernement, de se tourner vers un autre partenaire pourrait s’avérer être la solution idoine pour renforcer les capacités de résilience de son économie.

Danny Kinda N’zita, à Matadi

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