Profil de l'endettement en Afrique :la BAD contredit la Banque mondiale

BAD
PAR Deskeco - 15 fév 2020 08:34, Dans Actualités

Le président de la Banque mondiale, David Malpass, a récemment déclaré dans plusieurs articles de presse que certaines banques multilatérales de développement, dont la Banque africaine de développement, ont tendance à octroyer trop facilement des prêts et, ce faisant, à aggraver les problèmes d’endettement du continent, rapporte la BAD dans un communiqué daté du 14 février.

"Ces propos sont inexacts et ne sont pas fondés sur des faits. Ils mettent en cause l’intégrité de la Banque africaine de développement, discréditent ses systèmes de gouvernance et insinuent à tort qu’elle fonctionne selon des normes différentes de celles de la Banque mondiale. Une telle idée va à l’encontre de l’esprit du multilatéralisme et de notre travail de collaboration", rétorque la BAD dans son communiqué. 

La Banque africaine de développement dit être "respectueuse de normes mondiales très élevées de transparence" . "Dans le rapport de 2018 de Publish What You Fund, notre institution a été classée 4e institution la plus transparente au monde", argue-t-elle. 

"La Banque africaine de développement exécute un solide programme de gouvernance dans ses pays membres régionaux. Ce programme porte essentiellement sur la gestion des finances publiques, une gestion meilleure et transparente des ressources naturelles, une gestion durable et transparente de la dette et la mobilisation des ressources intérieures. L’émission de financements en monnaie locale pour plusieurs pays a été effectuée sous notre égide, dans le but d’atténuer les effets liés aux risques de change, tout en aidant les pays à améliorer le recouvrement et l’administration des impôts, et en faisant appel aux fonds de pension et aux fonds souverains pour canaliser davantage de fonds vers le financement de programmes de développement, notamment dans le domaine des infrastructures", soutient la cette banque panafricaine expliquant ses méthodes de travail.

Bien plus, la BAD met à son actif la mise en place en son sein de "la Facilité africaine de soutien juridique (ALSF)" qui "aide les pays à négocier les conditions de leurs redevances et taxes avec les sociétés internationales, ainsi que les conditions de leurs prêts non concessionnels auprès de certains bailleurs de fonds bilatéraux". "Nous avons réussi à le faire avec beaucoup de succès", note la BAD avant de citer quelques faits prouvant que la Banque mondiale octroie plus de prêts aux pays africains que la BAD. 

Dotée de ressources plus substantielles, la Banque mondiale a des opérations de bien plus grande envergure en Afrique que la Banque africaine de développement. Le montant des approbations de la Banque mondiale en faveur de l’Afrique en 2018 s’est élevé à 20,2 milliards d’USD, contre 10,1 milliards d’USD pour la Banque africaine de développement.

En ce qui concerne le Nigeria et l’Afrique du Sud, l’encours des prêts de la Banque mondiale au titre de l’exercice 2018 pour ces deux pays s’élevait respectivement à 8,3 milliards d’USD et 2,4 milliards d’USD. En revanche, l’encours des prêts du Groupe de la Banque africaine de développement au Nigeria et à l’Afrique du Sud s’élevait respectivement à 2,1 milliards d’USD et 2 milliards d’USD pour le même exercice.

"Pour ce qui est des pays décrits comme étant « lourdement endettés », notre Banque reconnaît et suit de près la tendance à l’aggravation de la dette. Toutefois, il n’existe pas de risque systémique de sur endettement" rassure la BAD.

Selon les Perspectives économiques en Afrique 2020, au 30 juin 2019, la dette publique totale du Nigeria se chiffrait à 83,9 milliards d’USD, en hausse de 14,6 % par rapport à l’année précédente. Cette dette représentait 20,1 % du PIB, contre 17,5 % en 2018. Sur le montant total de la dette publique, la dette publique intérieure s’élevait à 56,7 milliards d’USD, tandis que la dette publique extérieure était de 27,2 milliards d’USD (soit 32,4 % de la dette publique totale). La dette publique de l’Afrique du Sud était estimée à 55,6 % du PIB en 2019, contre 52,7 % en 2018. L’Afrique du Sud contracte l’essentiel de ses emprunts au niveau national, la dette publique extérieure ne représentant que 6,3 % du PIB du pays.

Pour la BAD, les banques de développement continuent de jouer un rôle essentiel dans les efforts de développement et dans les aspirations des pays en développement, plus particulièrement en Afrique.

Amédée Mwarabu 

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