Le président de l'Association congolaise des banques (ACB), YVES CUYPERS(photo), interpelle les patrons des banques commerciales, les décideurs politiques et la Banque centrale du Congo, sur trois défis majeurs auxquels le système financier congolais doit impérativement faire face tant pour son existence que pour son développement.
Au cours de la traditionnelle cérémonie d'échange des vux organisée le vendredi 8 février au Cercle français à Kinshasa en présence du gouverneur de la banque centrale du Congo, le président de la FEC et les responsables des banques, Yves Cuypers, au nom de l'ACB, a épinglé trois défis majeurs qui se posent au secteur à savoir le défi technologique, le défi de la capacité des banques à rencontrer les critères de renforcement de leur couverture des risques et le défi de la gouvernance.
"Nos défis sont très grands pour tout le secteur bancaire et pour tous les acteurs du secteur sans exception aucune. Ils sont aussi importants et fondamentaux que lorsque l'informatique est entrée dans nos métiers dans les années 80 ou encore lorsque le système financier est devenu, à cause de cette informatique, un véritable écosystème mondial. Rappelez-vous la crise de subprime en 2008 qui, comme un jeu de domino, a dû ébranler le fondement même de notre civilisation ", a déclaré le président de l'ACB qui est aussi Directeur général de la Banque Commerciale du Congo (BCDC).
Le défi technologique
" Le défi technologique, c'est quasiment un défi de société et de civilisation. Nous n'avons pas d'autres choix que celui de l'adaptation. Nous entrons dans un monde dématérialisé qui porte des noms bizarres:monnaie électronique, virtuelle, Bitcoins, Smartphone, Banque digitale, mobile paiement, etc. Non seulement nous entrons dans un monde qui porte des noms bizzares mais aussi nous avons des nouveaux acteurs qui ne sont pas des banques. Je pense ici aux sociétés de Télécoms qui deviennent des banques. Nous attendons maintenant que des banques deviennent des sociétés de télécoms. Ça, ça me paraît un peu compliqué", à dit le président de l'association des banques.
" Ce défi est un véritable défi à la mesure d'une société qui évolue de plus en plus vite et qui exigera des banques réactivité et souplesse de plus en plus grandes tant technologique que réglementaire et surtout sécuritaire. L'enjeu c'est ni plus ni moins est celui de l'adaptation au sens darwinien du terme. Celui qui ne s'adapte pas disparaît ", a-t-il renchérit.
La couverture face aux risques
" Le second défi c'est celui de la capacité des banques à rencontrer les critères de renforcement et de leur couverture d'un tas des risques. Pour pouvoir renforcer notre capacité à couvrir et à absorber des risques, il nous est demandé de renforcer à juste titre notre solvabilité sur le modèle des banques de la zone OCDE. C'est ce qu'on appelle l'enjeu des critères de Bal 3", a dit Yves Cuypers.
Selon lui, Les banques congolaises et leurs actionnaires vont devoir fournir des efforts importants pour rencontrer ces critères dont la composition ou la façon dont on les calcule n'est peut être pas adapté à la réalité de notre environnement. Le secteur n'échappera pas à des opérations de consolidation et de recapitalisation. Or, c'est un enjeu fondamental évidemment car, d'un côté, il va augmenter la protection des épargnants et il évitera où réduira davantage les risques de gestion aventureuse. Il renforcera la notoriété des établissements. Il protégera davantage le système financier congolais", pense-t-il.
Pour autant, le président du cartel des banques congolaises redoute le risque de la concurrence des sociétés de télécommunications. Derrière ça, il y a un risque qui est caché. Un certain type des concurrents, les sociétés de télécommunications, n'ont pas ces contraintes de solvabilité alors que les banques sont soumises à ces exigences qui sont fortes. Il y a donc un risque évident de déséquilibre et de glissement d'une rentabilité d'un secteur vers un autre secteur. Sans compter tôt ou tard l'apparition des jeunes entreprises concurrentes sur les nouvelles technologies dans le domaine financier. C'est un risque tellement fort que le secteur bancaire congolais risque de devenir de moins en moins attractif pour les investisseurs", a soutenu Yves Cuypers.
La gouvernance
Le troisième défi épinglé est celui de la gouvernance et de la transparence. "La gouvernance et la transparence sont les deux fondements nécessaires et indispensables pour un secteur bancaire mature et crédible.... La gouvernance est le défi le plus difficile à relever même si en apparence, il apparaît simple. Il est la clé des bonnes relations que le secteur doit avoir avec les banques correspondantes particulièrement celles qui opèrent en dollars américains", à dit Yves Cuypers.
Toutefois, le président de l'ACB a indiqué que le secteur bancaire va s'attacher à relever ces défis mais il ne le fera pas seul. "On ne peut pas y arriver tout seul sans la banque centrale, sans les politiques dont nous attendons davantage d'écoute sur certaines instructions en tenant compte de nos réalités et pas des réalités de telle ou telle zone économique est fondamentalement différente de la nôtre".
Amédée Mwarabu