Ces assises, organisées à lintention des acteurs des organisations de la Société civile congolaise intéressées à la matière électorale, ont été également marquées par des questions relatives au financement du processus électoral 2013-2019 et à la transparence et redevabilité dans lacquisition des équipements de la CENI et du matériel électoral. Mais aussi, à la problématique de la corruption électorale.
Un des intervenants de ce panel, le professeur Florimond Muteba, président du Conseil dadministration de lODEP (Observatoire de la dépense publique/contrôle citoyen des finances publiques de la République démocratique du Congo), a développé le premier aspect de la thématique qui concerne le financement du processus électoral.
Il sest réservé de se baser sur les chiffres. Mais, il a préféré procéder à une analyse en profondeur sur la qualité de ce financement alloué au processus électoral ainsi que son impact.
Ainsi, a-t-il affirmé que la dotation de la CENI par le Gouvernement de la République a été faite sur fonds propres, et le décaissement a été également fait. Cependant, il sest interrogé de savoir pourquoi lEtat congolais sest acharné à vouloir financer seul ce processus électoral.
Dans son analyse, il a soutenu que si le Gouvernement congolais a agi ainsi cétait pour pouvoir manipuler les élections en toute impunité. Mais aussi pour le détournement en toute impunité des fonds de la CENI. Et comme résultat, la transparence nétait pas au centre du travail de la CENI, estime-t-il.
Poursuivant son intervention, le Pca de lODEP a démontré que de manière générale, les forces de la gestion financière de la CENI sont entre autres, lexistence du manuel des procédures administratives et financières ; et des règlements administratifs et financiers ; lélaboration de budget prévisionnel des opérations électorales ; et du plan de décaissement.
Quant aux faiblesses, il cite principalement labsence de contrôle interne ; et le non-respect des manuels de procédures et des règlements administratifs et financiers.
Par conséquent, il suggère lorganisation du contrôle de gestion du budget de la CENI par lAssemblée nationale, lInspection générale des Finances et la Cour des Comptes. Mais aussi, la mobilisation des ressources externes (PTF) ; lorganisation des audits internes ; le respect tant des manuels de procédures et des règlements administratifs et financiers que de lautonomisation financière de la CENI.
Quant aux Perspectives, il propose la mobilisation du financement des opérations électorales par les ressources internes et externes.
Le professeur Florimond Muteba de lODEP sest confié à DESKECO.COM pour résumer son intervention en ces termes :
« Je suis intervenu sur le financement du processus électoral. Jai insisté beaucoup plus, non pas sur les chiffres que nous connaissons tous (1 milliard, trois-cent millions de dollars américains), mais sur le sens à donner à la fois, à la vision politique, les intentions de ceux qui ont voulu absolument faire ce financement interne, à lerreur que je considère de refuser lapport de lextérieur. Pourtant, ce financement de lextérieur intervient dans beaucoup de projets de différents secteurs de la vie nationale. Mais pourquoi lextérieur deviendrait-il directement le diable en ce qui concerne le projet des élections ? Donc, il y a un problème. Jai beaucoup insisté aussi sur la manière dont le budget même de la CENI a été géré en opacité avec des procédures dexception pour des marchés dacquisition des équipements et des biens. Citons ici le non-respect par la CENI de ses propres procédures internes concernant la gestion. Jai cité aussi le manque de contrôle. La Cour des comptes, lAssemblée nationale, lInspection générale des Finances ne sont pas passés pour contrôler les finances de la CENI. Mais en même temps, jai aussi insisté sur limpact. Quel a été limpact de tous ces moyens qui ont été donnés à la CENI au niveau national ? Par rapport à la population congolaise, aux artisans congolais, aux entreprises congolaises Quest-ce quils en ont reçu comme retombées ? Absolument rien. Finalement, cest toujours lextérieur quon décrie, qui a reçu cet argent qui est venu du Congo vers lui. Alors que nous avons refusé largent que lextérieur pouvait nous apporter. Ça pouvait nous faire des économies : financer des écoles, des hôpitaux, etc. Jai insisté aussi sur limpact politique. Le mouvement démocratique congolais, en ce qui concerne une partie de lélite, une bonne partie des institutions, etc., na pas avancé, na pas progressé. Mais, cest vrai que du côté de la population, il y a eu quà même une prise de conscience très importante. Aujourdhui nous avons, pas une masse, mais un peuple. Parce que les Congolais sont conscients, pour la plupart, des enjeux que représentent à la fois les élections, la démocratie et le développement ».
Lepetit Baende