« Le secteur des mines n’est pas la clé de l’ascension économique de la RDC », selon Jo Sekimonyo

PAR Deskeco - 20 juin 2019 16:30, Dans Actualités

Le professeur Jo Sekimonyo estime que la République démocratique du Congo devrait changer d’approche dans la gouvernance de ses revenus miniers. Se confiant à DESKECO.COM, Jo Sekimonyo estime que les dirigeants congolais devraient avant tout comprendre que ce n’est pas le secteur minier qui peut aider faire décoller l’économie du pays.

« On doit se dire la vérité. Le secteur des mines n’est pas la clé de l’ascension économique de la RDC. C’est plutôt un des ingrédients  qui peut aider à désenclaver l’état d’esprit des Congolais et du Congo. Il y a des propositions qu’on peut faire des jointes venture, non pas entre l’Etat et les miniers, mais plutôt entre les entreprises minières et les universités sur les questions de recherches et des bourses d’études. Simplement parce que les compagnies minières trouvent toujours des astuces pour réduire les coûts de ce qu’elles doivent à l’Etat. Donc, il faut changer de méthode de coopérer avec les compagnies minières. Que les compagnies minières accordent des bourses et aient des passerelles de coopérations avec nos universités.  Ainsi, les Congolais peuvent profiter de l’exploitation minière. On doit donc changer d’approche », a déclaré-t-il déclaré à DESKECO.COM.

De l’avis de ce technocrate congolais, l’expérience de gestion des revenus issus des mines par le gouvernement central a montré que les entités décentralisées n’en profitent pas. « Au lieu d’imaginer toujours des mécanismes pour bloquer la fraude minière et accroître les revenus de l’Etat, il faut plutôt envisager comment les Congolais lambda peuvent profiter des ressources de ces compagnies minières de manière à participer à l’économie du 21ème siècle. On doit revoir même le Code minier. Les droits des royalties doivent revenir aux communautés où ces industries sont implantées.  Quand vous allez à Walikale, Likasi, partout où il y a l’exploitation minière, vous verrez qu’il n’y a rien qui reste là-bas à part les trous. On doit prendre soin de ces entités là », soutient ce chercheur.

Laisser les capitaux là où ils sont produits permettra, selon lui, d’attirer le trop plein des chômeurs dans les villes vers les milieux reculés.  « Quand ce sont les entités décentralisées qui bénéficient des royalties, ça va attirer l’expertise vers ces milieux reculés. Regardez, on est 12 millions d’habitants à Kinshasa alors qu’il y a beaucoup d’expertises qui chôment ici. Ils ne vont pas à l’intérieur parce qu’il n’y a pas d’argent. Mais si on peut faire en sorte que le capital reste là où il produit, s’il y a des modèles de développement qui peuvent attirer l’expertise nationale qui chôme dans les grandes villes vers ces entités décentralisées, ça serait une bonne chose ».

« Tant qu’il y a des projets en jointe venture qui vont profiter à nos universités, aux étudiants, à la recherche et qui peut créer une nouvelle main d’œuvre  de haute facture. Aujourd’hui, quand ces compagnies minières s’établissent dans un territoire. Elles amènent de l’extérieur l’expertise. Mais, pour les petits boulots, elles engagent sur place les Congolais. Ça, c’est parce qu’il n’y a pas l’expertise de qualité dans nos territoire. Donc on peut faire en sorte que ces compagnies minières nous aident plutôt à avoir cette main d’œuvre de haute facture au niveau des territoires où elles exploitent. On peut forcer ces compagnies de nous apprendre comment vivre au 21ème siècle, de nous apprendre à être compétitif  au 21ème siècle. C’est ça qui est fondamental », a-t-il ajouté.

Parlant de toutes ces journées minières qu’on organise souvent en RDC, Jo Sekimonyo note : « Le problème de toutes ces journées minières c’est que le soubassement des discussions est faux. On parle toujours comment l’Etat congolais peut avoir une plus grande part du gâteau. Comment faire que les compagnies minières ne trichent pas. Comment  attirer des nouveaux investisseurs ? Non. On doit changer d’approche, et chercher comment faire que l’exploitation de nos ressources naturelles profite au Congolais lambda. En ce moment là, on s'en fout de tout ce que les compagnies minières font pour optimiser leur fiscalité  ou comment elles font pour augmenter les charges d’exploitation ».

Amédée MK

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