Le professeur Jo Sekimonyo estime que la République démocratique du Congo devrait changer dapproche dans la gouvernance de ses revenus miniers. Se confiant à DESKECO.COM, Jo Sekimonyo estime que les dirigeants congolais devraient avant tout comprendre que ce nest pas le secteur minier qui peut aider faire décoller léconomie du pays.
« On doit se dire la vérité. Le secteur des mines nest pas la clé de lascension économique de la RDC. Cest plutôt un des ingrédients qui peut aider à désenclaver létat desprit des Congolais et du Congo. Il y a des propositions quon peut faire des jointes venture, non pas entre lEtat et les miniers, mais plutôt entre les entreprises minières et les universités sur les questions de recherches et des bourses détudes. Simplement parce que les compagnies minières trouvent toujours des astuces pour réduire les coûts de ce quelles doivent à lEtat. Donc, il faut changer de méthode de coopérer avec les compagnies minières. Que les compagnies minières accordent des bourses et aient des passerelles de coopérations avec nos universités. Ainsi, les Congolais peuvent profiter de lexploitation minière. On doit donc changer dapproche », a déclaré-t-il déclaré à DESKECO.COM.
De lavis de ce technocrate congolais, lexpérience de gestion des revenus issus des mines par le gouvernement central a montré que les entités décentralisées nen profitent pas. « Au lieu dimaginer toujours des mécanismes pour bloquer la fraude minière et accroître les revenus de lEtat, il faut plutôt envisager comment les Congolais lambda peuvent profiter des ressources de ces compagnies minières de manière à participer à léconomie du 21ème siècle. On doit revoir même le Code minier. Les droits des royalties doivent revenir aux communautés où ces industries sont implantées. Quand vous allez à Walikale, Likasi, partout où il y a lexploitation minière, vous verrez quil ny a rien qui reste là-bas à part les trous. On doit prendre soin de ces entités là », soutient ce chercheur.
Laisser les capitaux là où ils sont produits permettra, selon lui, dattirer le trop plein des chômeurs dans les villes vers les milieux reculés. « Quand ce sont les entités décentralisées qui bénéficient des royalties, ça va attirer lexpertise vers ces milieux reculés. Regardez, on est 12 millions dhabitants à Kinshasa alors quil y a beaucoup dexpertises qui chôment ici. Ils ne vont pas à lintérieur parce quil ny a pas dargent. Mais si on peut faire en sorte que le capital reste là où il produit, sil y a des modèles de développement qui peuvent attirer lexpertise nationale qui chôme dans les grandes villes vers ces entités décentralisées, ça serait une bonne chose ».
« Tant quil y a des projets en jointe venture qui vont profiter à nos universités, aux étudiants, à la recherche et qui peut créer une nouvelle main duvre de haute facture. Aujourdhui, quand ces compagnies minières sétablissent dans un territoire. Elles amènent de lextérieur lexpertise. Mais, pour les petits boulots, elles engagent sur place les Congolais. Ça, cest parce quil ny a pas lexpertise de qualité dans nos territoire. Donc on peut faire en sorte que ces compagnies minières nous aident plutôt à avoir cette main duvre de haute facture au niveau des territoires où elles exploitent. On peut forcer ces compagnies de nous apprendre comment vivre au 21ème siècle, de nous apprendre à être compétitif au 21ème siècle. Cest ça qui est fondamental », a-t-il ajouté.
Parlant de toutes ces journées minières quon organise souvent en RDC, Jo Sekimonyo note : « Le problème de toutes ces journées minières cest que le soubassement des discussions est faux. On parle toujours comment lEtat congolais peut avoir une plus grande part du gâteau. Comment faire que les compagnies minières ne trichent pas. Comment attirer des nouveaux investisseurs ? Non. On doit changer dapproche, et chercher comment faire que lexploitation de nos ressources naturelles profite au Congolais lambda. En ce moment là, on s'en fout de tout ce que les compagnies minières font pour optimiser leur fiscalité ou comment elles font pour augmenter les charges dexploitation ».
Amédée MK