Kinshasa: La boisson alcoolisée à forte dose prohibée “Agene” envahit même les bistrots

PAR Deskeco - 06 avr 2018 11:12, Dans Actualités

Dans la capitale de la RDC, la boisson à forte dose d’alcool communément appelée “Agene” prend de plus en plus sa place. Une menace croissante et une concurrence déloyale pour les fabricants de boissons (les brasseurs, producteurs de spiritueux et autres).Vendu comme des petits pains, ‘ Agene’  ne semble pourtant pas réveiller l'attention  des autorités politico-administratives.

Assise chaque soir devant la porte de sa maison, maman Mado se sent déjà inquiète parce qu’elle va dormir, la porte de sa maison ouverte malgré l’insécurité persistante dans le quartier Kingasani ya Suka, dans la commune de Kimbanseke. Son fils, 40 ans révolus, la contraint à ne pas fermer la porte chaque soir, même si son retour intervient toujours tardivement, environ à minuit.

A son arrivée, Paul s'illustre par  sa voix rauque. Il crie, pousse brutalement la porte de la maison, se rend à la cuisine pour chercher à manger et n'hésite pas, de temps à autres, à hausser la voix pour réveiller sa mère.

« Maman, je ne suis pas ivre. Mais j’ai simplement pris un peu de “Guégué” ou si vous voulez “Agene” pour bien dormir », raconte-t-il.

Depuis qu’il a commencé à prendre cette boisson indigène à forte dose d’alcool appelée communément “Soupou na tolo”, “Agene” ou encore “Guégué”, Paul a complètement changé. Chaque soir il se retrouve dans les bistrots pour partager un petit verre avec ses amis. Actuellement cette boisson se vend presque partout.   

Dans des installations des fortunes appelées “Nganda”, jeunes et vieux se bousculent pour avoir soit une bouteille ou une mesure de  cette célèbre boisson dont le coût minimum varie entre 300 et 500 FC. Selon les témoignages recueillis par ACTUALITE.CD, certains bistrots ne vendent que cette boisson. Dans d’autres bars par contre où l’on vend régulièrement de la bière ou la boisson sucrée, “Agene” prend de plus en plus de place. Et tout se fait dans la discrétion, comme l’affirme l’un des consommateurs qui a requis l’anonymat.

« Moi et mes amis, nous avons l’habitude de consommer “Agene” chaque jour. Mais quand nous sommes dans un bistrot, nous achetons une bouteille de bière et nous commandons au même moment  “Agene” pour faire un cocktail. Certaines personnes croient que nous prenons uniquement de la bière pourtant nous faisons un mélange ».

La vente de cette  boisson à forte dose d’alcool, bien que interdite, se popularise. Les consommateurs ne sont plus inquiétés depuis plusieurs années et dans presque chaque coin de la capitale, et difficile de parcourir plus de 500 mètres sans sentir l’odeur de ce produit à effet hallucinogène. Certains militaires et policiers se livrent également à la vente de ces produits. Restaurant de fortune, bar, bistrot, et même dans les boîtes de nuit et les salles des fêtes, cette boisson n’a  presque plus de frontière.

Toujours selon les différents témoignages, “Agene” vendue à Kinshasa provient en grande partie de la ville de Kikwit, dans la province du Kwilu et de l’ancienne grande province de l’Équateur.

Au port de Maluku ou encore à Kinkole et même dans les différents ports privés de Kinshasa, de nombreux bidons de 25 litres débarquent au quotidien avec la complicité de certains  responsables des services de l’État. Les militaires ou agents de l’ordre interceptent souvent certains vendeurs mais ils finissent eux-mêmes par vendre les marchandises saisies.

La vente des boissons alcoolisées à forte dose est interdite en RDC et principalement  à Kinshasa. Mais jusque-là, aucune autorité n’a réagi face à ce fléau.

WillY Akonda Lomanga/ Desk eco.  

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