Al Kitenge fait le point sur la nécessité de l’intelligence économique dans le secteur minier

Le terme intelligence économique devient de plus en plus courant, notamment dans le secteur de l’entrepreneuriat en RDC. Senior consultant et stratégiste, également expert en économie, Al Kitenge explique le sens et les différents avantages liés à l’application de cette théorie dont l’expression reste peu connue dans le langage congolais.

L’intelligence économique, qu’est-ce que cela signifie exactement ?

L’intelligence économique, c’est d’abord la capacité à capter, traiter et structurer l’information, mais surtout s’en servir et opérer des choix stratégiques et décidés. Mais lorsqu’on dit l’intelligence économique, c’est décider dans le secteur économique. Entre deux personnes qui ont toutes les informations pour décider, et une qui a les informations pour avoir la bonne fois et le faire, la qualité et l’efficacité des décisions sont complètement différentes. Et le monde entier a compris cela. Ajouter à cela le fait que le monde s’est numérisé : la capacité à saisir les informations en temps réel, à les traiter en temps réel et à pouvoir décider d’une manière optimisée, est devenue une véritable réalité, et beaucoup de pays africains sont largement en retard, en particulier notre pays.

Que pouvez-vous dire de l’application de l’intelligence économique dans notre pays ?

Elle a été absente. Et c’est plein dommage que nous payons le prix aujourd’hui. Par exemple, en 2002, on ignore le code minier présenté par la banque mondiale. Le gouvernement congolais ne peut pas être dédouané, c’est sa propre responsabilité, le parlement l’a voté et il a été promulgué. Ce code minier consacre le fait que nous donnons des constructions minières sans savoir ce qu’il y a dans le sous-sol, c’est-à-dire que les seuls qui ont l’information, c’est eux qui vont faire des études. Deuxième chose, lorsqu’on a commencé à donner des constructions minières, on en a donné sans réfléchir aux conséquences primaires qui sont celles des besoins d’énergie, on ne s’est même pas rendu compte qu’il nous faut assez d’énergie pour être en mesure de gérer notre exploitation minière, la conséquence aujourd’hui est qu’au bout de 20 ans, on peut se dire qu’on a des codes miniers, on a d’exploitations minières, on augmente l’expérience, mais on n’a pas des retombées. Et ça c’est simplement parce que, faute d’informations de base pour intérioriser et mettre cette stratégie en place, on a commis l’erreur de faire passer les mines avant l’énergie. On aurait dû commencer par l’énergie, dans l’exploitation minière, avec intégration économique locale. Il y a également quelque chose de très important, faute d’informations en temps réel, la fraude a battu son plein, il n’y a pas un secteur, à part celui de la santé, aussi ruiné par la fraude que le secteur minier. Encore une fois faute d’information, n’importe qui peut faire n’importe quoi et on ne peut s’en rendre compte qu’après le coup.

Pourquoi faut-il miser aujourd’hui sur l’intelligence économique ?

Maintenant plus que jamais nous allons dans une intégration continentale dans le cadre de la zone des libres échanges continentales, pour lesquels les chefs d’Etats étaient en pleine réunion les jours passés, et c’est très important pour nous d’être compétitif, si nous ne le sommes pas nous serons piétinés par les autres. Dans le cadre de ces échanges continentaux, notre porte d’entrée c’est ce que nous apportons dans le marché ; nous n’apportons rien d’autre que les potentiels hydrauliques que nous avons, nous avons 110.000 MW de potentiels hydroélectriques, nous avons près de 110.000 MW de potentiels solaires, les deux mis ensemble sont au-dessus de 120-125 milliards de dollars des revenus annuels rien que pour la vente de l’énergie. Donc il est important qu’on sache qu’il nous faut la capacité interne ni technique ni financière de mener ce projet, il faut nous inscrire dès maintenant sur notre leadership dans le cadre des projets continentaux, et des projets internationaux.