Le projet de Couloir vert, considéré comme l’un des leviers stratégiques de la RDC pour conjuguer développement économique et protection de l’environnement, a dominé les discussions entre l’ambassadrice de Belgique en République démocratique du Congo, Roxane de Bilderling, et la nouvelle ministre de l’Environnement et Développement durable, Nyange Ndambo.
Au cours de cette rencontre, les deux personnalités ont échangé sur le potentiel et la mise en œuvre concrète du Couloir vert, ainsi que sur le soutien que la Belgique pourrait apporter à ce projet. La diplomate belge a insisté sur l’importance d’articuler cette initiative avec la protection des forêts congolaises, le renforcement de la recherche scientifique et la préparation des positions communes de la RDC en amont de la COP30.
Bien avant cette rencontre, la diplomate belge avait également rencontré successivement la nouvelle ministre du Portefeuille, Julie Shiku, et le ministre de Finances Doudou. Leur échange avec la nouvelle patronne de portefeuille a tourné autour des défis des entreprises publiques et de leur implication dans des projets verts, ainsi qu’avec le ministre des Finances, Doudou Fwamba, sur la gouvernance financière et les réformes économiques.
Pour rappel, le projet du « Couloir Vert Kivu-Kinshasa » est une initiative ambitieuse lancée par le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) pour concilier développement durable, protection de l’environnement et stabilité socio-économique. Annoncé par le président Félix Tshisekedi en janvier 2025 lors du Forum économique mondial de Davos, ce projet vise à transformer les régions touchées par les conflits en pôles de croissance verte.
Le Couloir Vert s'étend sur environ 2 400 kilomètres, reliant le parc national des Virunga à l'est du pays, en passant par les forêts de l'Ituri et le bassin du fleuve Congo, jusqu'à Kinshasa. Il couvre plus de 100 000 km² de forêts primaires, dont 285 000 km² de forêt vierge et 60 000 km² de tourbières intactes.
Les principaux objectifs du projet sont, notamment de préserver les forêts primaires du bassin du Congo, qui constituent le plus grand puits de carbone des forêts tropicales au monde. Sur le plan économique, il permet de créer 500 000 emplois, dont 20 000 destinés aux jeunes et aux personnes démobilisées des groupes armés, dans des secteurs tels que l'agriculture durable, l'écotourisme et la restauration des écosystèmes, ainsi que sur plan sociale, le projet vise à offrir une alternative à l'économie de guerre en favorisant la cohésion sociale et en améliorant les conditions de vie de plus de 31 millions de personnes.
Le projet a été formalisé par un décret signé par la Première ministre Judith Suminwa le 15 janvier 2025, suite à une décision du Conseil des ministres du 1er novembre 2024. Il repose sur une collaboration entre les communautés locales, l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN), la Fondation Virunga et les Forces Armées de la RDC (FARDC).
Financement et soutien international
Le gouvernement congolais s'engage à proposer des facilitations fiscales pour garantir le succès du projet et à mobiliser les ministères et services concernés pour sa mise en œuvre [5] . La dimension environnementale du projet attire également l'attention de la communauté internationale, notamment dans le cadre des objectifs de l'Accord de Paris sur le climat.
Ce projet s’inscrit dans la logique des engagements pris par la RDC lors des sommets sur le climat, notamment la COP26 de Glasgow et la COP27 de Charm el-Cheikh, où le pays avait été reconnu comme « pays-solution » en raison du rôle majeur de ses forêts du bassin du Congo dans la régulation du climat mondial. Avec ses 155 millions d’hectares de forêts, la RDC est le deuxième poumon écologique de la planète après l’Amazonie, capable de stocker d’immenses volumes de carbone.
La Belgique figure parmi les partenaires historiques de la RDC dans le domaine du climat et de l’environnement. Par le biais de son agence de coopération, Enabel, elle appuie déjà des programmes liés à la gouvernance forestière, au renforcement institutionnel et au financement de projets verts. Le soutien à la mise en œuvre du Couloir vert s’inscrit donc dans une continuité stratégique, avec la volonté d’aider Kinshasa à allier croissance économique, résilience climatique et préservation des ressources naturelles.
Jean-Baptiste Leni