Le Directeur général adjoint en charge de l'administration et des finances du Fonds national de réparation des victimes des violences sexuelles liées aux conflits et des victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l'humanité (FONAREV), Kevin Ngunga, a assuré à la presse, jeudi 3 avril 2025, qu'au sein de cet établissement public, l'argent destiné aux victimes n'est pas gaspillé ou dilapidé, grâce à un contrôle et un audit très rigoureux.
Il a fait cette déclaration lors d'un briefing spécial organisé par le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement.
« Il y a un contrôle de gestion très rigoureux, des rapports d'audit assez rigoureux qui font que l'argent des victimes ne soit pas gaspillé ou dilapidé », a déclaré le DGA du FONAREV.
Pour étayer son argumentaire, il a invité les professionnels des médias à constater cette réalité lors de la publication, à la fin de cette année, des états financiers du FONAREV.
« À la fin de l'année, lorsque nous publierons nos états financiers, vous aurez une vision claire de tout ce que nous avons collecté et de tout ce que nous avons dépensé. Ce ne sera pas seulement une façon de vous répondre, à vous de la presse, mais également parce que j'ai un devoir de redevabilité vis-à-vis des Congolais, de l'État et des victimes, car il s'agit de l'argent des victimes », a déclaré Kevin Ngunga.
Au cours de ce briefing sur l'appropriation nationale du Genocost, le DGA du FONAREV a établi une distinction entre le génocide et le Genocost.
« Selon l'article 28 de la loi du 26 décembre 2022, le Genocost désigne la journée nationale d'hommage aux victimes et aux personnes qui leur ont porté secours. Tandis que le génocide est un concept juridique avec des critères bien définis permettant de qualifier un massacre de génocide. Ces critères incluent l'intention de détruire un groupe ethnique, racial, religieux ou national. Pour le cas de la RDC, une documentation permet d'attester qu'il y a effectivement un génocide. », a-t-il fait savoir.
D’après le DGA Ngunga, le concept de Genocost en RDC a longtemps été utilisé par la société civile, malgré qu’il existe un processus à suivre pour aboutir à la reconnaissance internationale du génocide.
« les massacres commis en RDC ne sont pas isolés, mais s'inscrivent dans une stratégie coordonnée visant à détruire notre tissu social. Une documentation substantielle prouve l'existence d'un plan visant à exterminer des groupes en RDC », a-t-il fait savoir.
Le deuxième intervenant, le professeur Serge Makaya, coordonnateur du comité scientifique national préparatoire à la Table ronde et représentant de la commission interministérielle d'aide aux victimes et d'appui aux réformes, a pour mission de démontrer au monde entier qu'un génocide a bien eu lieu en RDC.
« Ces doutes sont légitimes, car le génocide reste aujourd'hui un tabou difficile à reconnaître. À travers le monde, moins de dix génocides ont été officiellement reconnus », a-t-il commenté.
Avant d’ajouter :
« La reconnaissance internationale du génocide en RDC devra passer d'abord par la reconnaissance nationale du Genocost. Cela permettra au pays de construire un argumentaire solide pour convaincre la communauté internationale ».
Ce scientifique a souligné que pour reconstituer un génocide, il faut reconstruire toutes les scènes possibles afin de rassembler tous les éléments constitutifs des faits, avant de procéder à leur qualification juridique.
« Cette étape mobilise divers instruments juridiques, depuis la Convention de Genève de 1948 sur les graves violations du droit international humanitaire, jusqu'au Statut de Rome, en passant par les instruments juridiques nationaux », a-t-il fait savoir.
Pour sa part, le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, s'est engagé à soutenir l'appropriation du Genocost.
« Dans le cadre de nos compétences, nous mettrons nos moyens à disposition du FONAREV pour élaborer une stratégie de communication visant à assurer une réelle appropriation, qui commencera par la connaissance de la loi et des mécanismes en place. Nous devons d'abord informer sur le traitement des victimes et le processus qui les accompagne, y compris celles se trouvant dans les territoires sous occupation ennemi. Ensuite, nous rassemblerons les preuves nécessaires pour obtenir la reconnaissance internationale du génocide commis en RDC. Il s'agit d'une démarche nationale requérant l'implication particulière des professionnels des médias. »
Bienvenu Ipan