Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international FMI a approuvé ce mercredi 15 janvier 2025 son nouvel accord avec la RDC sur la facilité élargie des crédits (FEC) et la facilité pour la résilience et la durabilité(FDR), d’environ 2 ,8 milliards de dollars américains.
« Il convient de noter que le premier décaissement immédiat de 240 millions USD est destiné à soutenir la balance des paiements, tandis que les fonds futurs seront orientés vers les secteurs prioritaires, notamment les infrastructures », a annoncé le ministère congolais des finances dans un communiqué ce mercredi 15 janvier 2025.
Cette approbation intervient dans un contexte marqué par de vives critiques dans la gestion des finances publiques en RDC, caractérisée notamment par des dépenses en mode d’urgence et des déficits budgétaires pendant les exercices budgétaires passés.
D’après le FMI, ce sont les dépenses élevées pour les salaires ainsi que celles de l’armée qui n’ont pas permis de réduire le solde budgétaire intérieur du gouvernement l’année écoulée.
« Le solde budgétaire intérieur devrait se réduire en 2024, la collecte plus importante que prévu des recettes budgétaires n'ayant été que partiellement absorbée par des niveaux plus élevés que prévu de la masse salariale et des dépenses exceptionnelles de sécurité. Le déficit du compte courant devrait également se réduire, contribuant à renforcer les réserves internationales», indique le FMI.
Le FMI se réjouit tout de même que, selon elle, l’économie de la RDC soit restée résiliente et croissante, malgré des contraintes sécuritaires et épidémiologiques.
« L'économie de la RDC est restée résiliente, avec une croissance économique robuste, une baisse de l'inflation et des déficits budgétaires, malgré les défis importants auxquels elle est confrontée, notamment la récente recrudescence de conflits armés qui durent depuis des décennies dans sa partie orientale et une crise de santé publique liée à l'épidémie de Mpox. Ces défis imposent un lourd fardeau à la RDC en termes de coûts humains et économiques. Les perspectives sont favorables, quoique soumises à des risques importants, notamment du fait des conflits susmentionné », a indiqué Kenji Okamura, Directeur général adjoint du FMI, à la conclusion des discussions du Conseil d'administration.
Comprendre le système de gestion des finances publiques en RDC
Dans une mini étude au premier trimestre 2024, le Centre des recherches en finances publiques et développement local (CREFDL) notait par exemple que les dépenses exceptionnelles du gouvernement s’élevaient à 2.856 milliards CDF (1,1 milliard $), à fin juin. Comparativement aux prévisions annuelles de 870,0 milliards de FC (348 millions $), le dépassement est de 328,27%. Cependant, le ministère du budget n’avait capté que le paiement de 500 000 000 CDF (200 000 $).
Lors d’une plénière le 16 octobre 2024, le député national Christian Mwando révélait que plus de la moitié des dépenses publiques en 2023 étaient en mode d’urgence, soit plus de 51, 2, pratique qui, selon lui, dénote les mauvaises pratiques, sans « respect ni de la loi, ni des priorités, ni de la chaine de la dépense, ni des plafonds fixés ».
Pour ce qui est du déficit budgétaire, le CREFDL a révélé, dans une analyse récente que l’exercice budgétaire 2024 s’est achevé avec un important déficit budgétaire au 31 décembre. Face aux dépenses réalisées à hauteur de 10,1 milliards de dollars américains, et les recettes 9,4 milliards USD, l’exercice budgétaire s’est finalement achevé avec un déficit de 692,5 millions de dollars américain.
Pour se conformer aux exigences du FMI, le gouvernement de la RDC s’est engagé à poursuivre les réformes dans le domaine des finances publiques, incluant notamment le respect strict des procédures de la chaîne des dépenses publiques, l’opérationnalisation de la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique (DGTCP), et la mise en place d’un Compte Unique du Trésor (CUT), ainsi que des progrès vers un cadre budgétaire indépendant des recettes du secteur extractif.
Bruno Nsaka