L'ancien gouverneur de province et expert en agriculture intelligente et développement durable, le professeur Jean-Robert Nzanza Bombiti, recommande la création d’un Conseil national de commercialisation agricole (CNCA) qu'il estime nécessaire pour répondre aux défis structurels du secteur agricole en République démocratique du Congo (RDC).
« Nous faisons appel à la création d’un Conseil national de commercialisation agricole (CNCA) pour répondre aux défis structurels du secteur agricole congolais. Cette institution stratégique pourrait transformer l’agriculture congolaise en un pilier économique national et international », a déclaré cet ancien gouverneur de province et expert en agriculture intelligente et développement durable.
Il souligne que « la récente restriction imposée par l’Union européenne sur les exportations de cacao et de café a servi de déclencheur à cette réflexion. La Fédération des entreprises du Congo (FEC) a joué un rôle déterminant en alertant sur les répercussions désastreuses de ces mesures pour les producteurs congolais ».
Selon le professeur Jean-Robert Nzanza, les ministères du Commerce extérieur et de l’Agriculture se sont également mobilisés pour tenter de gérer cette crise. Ces efforts, bien qu’essentiels, illustrent un besoin plus profond, celui d’une institution permanente, proactive et structurée, capable de prévenir ces défis et de garantir la compétitivité des produits congolais sur les marchés internationaux.
Pour lui, « ce que font la FEC et les ministères est admirable et crucial dans l’urgence, mais cela ne suffit pas ; le pays doit aller au-delà des interventions ponctuelles. La RDC a besoin d’une institution stratégique, dédiée exclusivement à la commercialisation agricole, pour défendre ses producteurs, moderniser ses filières et renforcer sa présence sur les marchés internationaux ».
Nécessité
Pour lui, la création d’un Conseil national de commercialisation agricole (CNCA) n’est pas une option, mais une nécessité. Il ne s’agit pas seulement de résoudre une crise actuelle, mais de poser les bases d’une transformation durable.
« Un CNCA permettrait d’anticiper les exigences des marchés mondiaux, d’organiser les chaînes de valeur agricoles et de garantir des prix justes aux producteurs. Cette institution ne serait pas bureaucratique, elle serait un levier. Un levier pour moderniser nos infrastructures, pour soutenir nos producteurs et pour faire de la RDC un acteur influent dans l’agriculture mondiale », a affirmé le professeur Jean-Robert Nzanza.
L’expert Nzanza a également insisté sur l’urgence d’apprendre des modèles réussis ailleurs en Afrique. En Côte d’Ivoire, le Conseil Café-Cacao assure un prix minimum pour les producteurs, tout en positionnant le cacao ivoirien comme une référence mondiale. En Afrique du Sud, le « National Agricultural Marketing Council (NAMC) » agit comme un pont stratégique entre les producteurs locaux et les marchés internationaux. Ces exemples montrent que des institutions fortes transforment des défis en opportunités. La RDC peut et doit faire de même », a-t-il fait savoir.
Ce professeur d'université admet que le CNCA ne serait pas seulement une réponse aux crises, mais un outil de souveraineté économique.
« Nous ne pouvons plus nous contenter de réagir. Il est temps d’agir avec vision et courage. Le CNCA est la clé pour libérer notre potentiel agricole, garantir la dignité de nos producteurs et inscrire l’agriculture congolaise au cœur de notre développement national. La RDC ne doit pas attendre », a-t-il conclu.
Bienvenu Ipan