Dans son intervention du vendredi 3 janvier 2025, placée sous le thème : « Rôle de la fiscalité dans la fluidité du commerce international », lors d’une conférence animée à la Foire internationale de Congo-Kinshasa (Fickin), le député national et professeur d'économie à l’Université de Kinshasa, Godé Mpoy, a regretté que le système douanier congolais soit caractérisé par la culture de la fraude et par les conflits entre les services douaniers impliqués aux frontières.
Selon ses propos, la fraude et les conflits interminables entre les services douaniers constituent des écueils majeurs, entravant la contribution de la douane à la fluidité des échanges commerciaux en République démocratique du Congo. À cela, il ajoute la porosité des frontières et la fiscalité connexe. Godé Mpoy a cependant insisté sur le rôle capital de la douane dans la fluidité du commerce international pour la croissance économique d’un pays.
« Les Congolais, à 80 % ; s’ils ne fraudent pas, ne seront jamais à l’aise. 80 % de nos ministres sont dans la fraude. À la remise et reprise, c’est le ministre qui appelle le comptable pour lui poser la question en lingala : « petit, tokoyiba ndenge nini ? », ce qui veut dire (comment on va voler ?) », a-t-il déploré.
Cet économiste constate que ces douaniers véreux sont devenus nombreux dans les services douaniers congolais, compliquant l’opération douanière en République démocratique du Congo. Godé Mpoy a, par ailleurs, déploré le fait que ceux qui paient correctement leurs droits douaniers en République démocratique du Congo sont souvent les plus victimes.
« Ces gens sont nombreux au niveau de l’administration des douanes, et j’ai constaté, durant mes plus de 30 ans d’expérience à la douane, que ceux qui paient correctement leurs marchandises sortent toujours tardivement ; on les accuse souvent de faire perdre du temps », a-t-il témoigné.
En parlant des conflits entre les services douaniers œuvrant aux frontières, le député national Godé Mpoy a pointé du doigt l’Office congolais de contrôle (OCC) et la Direction générale des douanes et accises (DGDA). À leur sujet, il a invité le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, son co-débatteur, à faire respecter un ordre opérationnel similaire, afin qu’ils interviennent en même temps, pour que ces services ne retardent pas les opérateurs économiques en raison de leur discorde.
Outre ces écueils, Godé Mpoy a également évoqué le système fiscal congolais et la porosité des frontières congolaises. Concernant le système fiscal congolais, il souligne qu’il est « toxique », ne permettant pas aux investisseurs de tirer profit, et pouvant facilement pousser à la fraude. En ce qui concerne la porosité des frontières, ce professeur d'université fait savoir que la RDC perd beaucoup en raison de la non surveillance de ses frontières.
« Nos frontières ne sont presque pas contrôlées, ce qui fait que les fraudeurs savent à quelle heure il faut passer et quelle route emprunter », déplore-t-il.
D’après lui, ce sont ces écueils qui ne permettent pas de percevoir le rôle de la douane dans le commerce international de la RDC et son impact sur la croissance économique en République démocratique du Congo. Il a ainsi invité le ministre Julien Paluku à présenter ces écueils lors du premier conseil des ministres de l’année 2025. Cela pourrait permettre à la RDC de bénéficier des opportunités de l’Organisation mondiale du commerce, notamment à travers son accord sur la facilitation des échanges et la mise en œuvre du cadre de normes « Safe », qui permet des échanges sur le marché international.
Jean-Baptiste Leni