L’assemblée provinciale de la Tshopo dénonce l’exploitation qu’elle qualifie d’« illicite » et d’« illégale » des minerais par certaines personnes dans les territoires de Banalia, Bafua-Sende et Basoko. Le président de cet organe délibérant, Mateus Kanga, a diligenté une commission d’enquête dans les sites miniers cités, pour tirer les choses au clair, du 17 au 26 septembre 2024.
De cette enquête, menée par une commission composée notamment de députés provinciaux et d'experts de l’assemblée provinciale, avec à leur tête le questeur du bureau de l’assemblée provinciale, il ressort que l’exploitation minière se fait dans le non-respect des normes en vigueur, avec une surmilitarisation des sites miniers, contrairement à la loi, et des atteintes à l’environnement. Ces faits sont accompagnés de la destruction des cimetières et des champs des paysans, classant ainsi ces activités dans la catégorie de l’exploitation semi-industrielle, avec des conséquences néfastes sur les écosystèmes locaux, le non-respect des obligations sociales envers les communautés locales, et une forte présence d'expatriés, notamment les ressortissants chinois, ougandais, burundais, kenyans et d’autres nationalités.
Cette commission d’enquête va jusqu’à soupçonner des activités de financement du terrorisme et de la rébellion, dans le but de tenter de renverser le pouvoir de Kinshasa.
Dans ce contexte, cette commission recommande la suspension de toute activité minière dans les zones évoquées, afin de mener des enquêtes supplémentaires, pour que la vérité soit révélée et que les ressources minières de la Tshopo profitent réellement aux communautés locales et au développement de la province.
La problématique de l’exploitation illicite des minerais a été soulevée à plusieurs reprises ces derniers mois par les institutions du pays. Le président de l'Assemblée nationale de la RDC, Vital Kamerhe, avait, au cours de l'audition du ministre des Mines, lors de la plénière du mercredi 13 novembre 2024, dénoncé la présence accrue de sujets étrangers et de militaires sur des sites miniers.
Déjà lors de la 18ème réunion du conseil des ministres, le vendredi 18 octobre dernier, Félix Tshisekedi, président de la RDC, avait exprimé son inquiétude face à la prolifération d'exploitations minières clandestines menées par des étrangers, en violation des lois et réglementations en vigueur, notamment du code minier congolais.
Pour remédier à cette situation, le ministre de l'Intérieur, ainsi que celui des Mines, avaient été instruits lors de la même réunion du conseil des ministres, de mettre en place un dispositif de contrôle rigoureux aux frontières des zones minières. Ce dispositif devra notamment permettre de vérifier l'identité de toute personne souhaitant pénétrer dans ces zones et de s'assurer qu'elle dispose des autorisations nécessaires.
Bruno Nsaka