La province du Haut-Uélé, réputée riche en Or, peine à se développer. Selon le gouverneur Christophe Baseane Nangaa qui intervenait récemment à l’émission Jeudi Economie sur Top Congo FM, deux blocages expliquent bien ce paradoxe : « Vous savez, l’industrie aurifère fonctionne à sa manière ; l’industrie aurifère c’est une organisation ; l’industrie aurifère ce sont des levées de fonds, des montages de capitaux. Mais ici, on n’en a trouvé d’abord que : 1. les lois du pays n’offrent pas tellement autant d’avantages qu’il le fallait, tant que l’État restera comme il est en train d’accepter que les gens déclarent que ‘non, il y a un cas de force majeure dans la province et qu’on devait continuer à garder leur permis’. Je pense que le sérieux doit d’abord commencer à partir de ceux qui gèrent les mines et ceux qui gèrent les mines c’est le gouvernement central. Et le gouvernement central, je n’accuse personne, devait suivre à la lettre les prescrits du Code minier de façon qu’il y ait moins de spéculateurs. Puisque ces derniers prennent des périmètres, des carrés miniers où ils savent bien qu’ils sont incapables de les exploiter mais ils les thésaurisent en attendant de spéculer que ‘non, qu’il y ait un investisseur sérieux à qui les papiers qu’ils ont fait faire à un certain prix. Et maintenant, ils en ajoutent leur part et ils veulent être comme partenaires dans ces entreprises sans pour autant vraiment être en mesure de ne pas sortir un fonds nécessaire pour faire rouler les entreprises minières. Ça c’est un premier blocage.
Évoquant le deuxième blocage, le Gouverneur Baseane note : "Comme je vous ai dit, l’accessibilité. Vous avez des carrés miniers où on ne sait pas accéder, il n’y a pas de routes. Il a fallu que la province fasse de son mieux pour interconnecter les territoires et aujourd’hui, il y a possibilité, facilité que les gens viennent. Mais ces gens qui viennent, n’oubliez pas que le Code minier prévoit les artisanaux, les industries et autres. Et qui dit artisanal, il y a SAEMAPE (Service d'assistance et d'encadrement des mines artisanales et de petite échelle) qui est encore une branche du ministère des Mines qui devrait organiser les artisanaux. Et dans les artisanaux, il y a à boire et à manger, parce que lorsque la guerre a survenu à Bunia, tous ceux qui étaient là comme Chinois et ainsi des suites, se sont vu verser dans la province du Haut-Uélé avec la même activité et ils se sont plus accrochés aux artisanaux. L’organisation des artisanaux est assez difficile puis que ces derniers pour eux, considèrent qu’ils sont des ayants droit. Peut-être dans leur tête ils n’ont même pas des notions de Code minier, ils s’amènent avec leurs partenaires et lorsqu’on est gouverneur comme le gouverneur du Haut-Uélé, je croyais qu’on gouvernait les personnes, qu’on protégeait les personnes et leurs biens mais qu’à chaque fois qu’il s’agit de problème d’Or, on accuse facilement le gouverneur alors que lorsque les gens s’amènent ici avec leurs permis de recherche ou d’exploitation, puisque géré au niveau central, qu’on nous dise ce que nous devons faire et c’est ce qu’on a toujours fait parce que lorsque le Cadastre minier (CAMI) se met à vendre ou à aliéner les périmètres miniers, il ne le fait pas en concertation avec le gouverneur. Il le fait d’ailleurs dans les bureaux climatisés. Ils en donnent à qui viendrait les solliciter le premier et puis aucun gouverneur refuserait qu’il y ait une initiative de développement ou d’investissement qui arrive parce que nous en cherchons. Et lorsque le CAMI nous envoie des papiers pour les artisanaux ou pour les entreprises minières seignors, juniors ou quoi, nous les recevons et le Code minier est supérieur au Code foncier".
Mais au-delà de ça, il y a des interférences politiques, des trafics d’influence de tout bord, soutient-il. "Puisque vous voulez que nous puissions dire qu’aucun gouverneur ne peut fermer ses portes pour des gens qui viennent avec des activités, oui, pourvue que ces activités soient licites. Et ces activités deviennent illicites lorsque : 1. ce ne sont pas les gouverneurs qui délivrent les visas pour ces étrangers qui viennent ici ; 2. ce ne sont pas les gouverneurs qui fabriquent des engins, partout là où il y a les engins, on les achète. Ils passent par des voies de frontières normales. Ce ne sont pas les gouverneurs qui interdiront à ces gens qui viennent avec des papiers permis d’exploitation ou de recherche, ils n’entreront pas dans des forêts, non ».
Bienvenu Ipan