André Wameso et Nicolas Kazadi, Directeur de cabinet adjoint du Chef de l'État chargé des questions économiques et financières et Ministre des Finances, ont balayé d'un revers de la main les allégations autour des avantages fiscaux et commerciaux accordés à la société Primera Gold notamment sur l’octroi d’une prétendue exclusivité des exportations de l’or. C'était au cours d'un briefing presse organisé lundi 28 août à Kinshasa.
En effet, en République Démocratique du Congo (RDC), les débats autour des avantages fiscaux et commerciaux accordés à la société Primera Gold ont pris une ampleur sans précédent. Si l'entreprise a connu une ascension remarquable dans le secteur minier, les retombées de cette croissance et les conditions de son partenariat avec l'État congolais divisent l'opinion publique, la société civile, certains députés et le gouvernement. Trois membres du gouvernement, dont le ministre Nicolas Kazadi sont accusés d'avoir accordé les avantages fiscaux et commerciaux à Primera Gold qui seraient en train de faire perdre au pays 500 millions USD le mois.
Les deux personnalités ont fait savoir qu’il ne s’agit pas des avantages fiscaux et l’exclusivité des exportations de l’or.
Selon l'argentier national, primera RDC est une stratégie de très haut niveau à la fois pour récupérer la souveraineté économique, mais aussi pour lutter contre un des éléments qui expliquent la perpétuation des conflits armés dans l’Est de la RDC. Ce contrat prévoit aussi la signature d’un décret et en revanche, ce décret prévoit la création d’un centre de commercialisation et d’exportation qui est une entité de l’Etat congolais.
« L’avocat qui est également député qui a défendu une certaine exclusivité accordée à Primera devrait suffisamment étudier son dossier. Ce contrat prévoit aussi la signature d’un décret et il a omis de présenter ce décret. Vous ne retrouvez aucune forme d’exclusivité donnée à Primera pour la chaîne d’exportation du minerai d’or. Ce décret prévoit à la place, la création d’un centre de commercialisation et d’exportation qui est une entité de l’Etat congolais. « L’état congolais à la possibilité d’en convier la gestion à qui il veut moyennant l’évaluation annuelle de la performance », a fait savoir Nicolas Kazadi.
Faible fiscalité
Le ministre Nicolas Kazadi assure avoir repéré une mafia qui avait fonctionné pour empêcher de rendre l’or compétitif étant donné que cela arrangeait les affaires du Rwanda. Ce qui explique l'initiative du gouvernement, prise fin 2021,de revoir à la baisse le taux de la fiscalité à l’export pour l’or artisanal de 1,5 % qui n’était pas compétitif et le ramener à 0,5%. Ce qui a été rendu effectif fin 2022.
« Pendant les discussions, Primera nous a donné un certain nombre d’éléments qui montraient que même à 0,5% qui est le taux valable pour l’ensemble du pays, ce n’était pas suffisamment incitatif pour cette partie-là qui est une partie en conflit et qui en guerre ; il fallait attirer de bons investisseurs, soucieux de se conformer à la loi et de payer les impôts », a dit Nicolas Kazadi.
Pour ce dernier, il fallait des incitations supplémentaires, parce qu’entre ce taux de 1,5% et les frais financiers, l'ensemble faisait que l’avantage était toujours du côté Rwandais pour lequel ils ont mis toutes les facilités pour l’ouverture de comptes en devise et de manipulation de devises pendant que l’image de la RDC était totalement détruite à l’international.
Pour André Wameso et Nicolas Kazadi, le député Alfred Maisha et le prix Nobel Denis Mukwege ne maîtrisent pas les enjeux de ce dossier. A les en croire, ils n'ont pas été suffisamment informés avant de sonner le tocsin.
Rappelons que dans sa dernière sortie médiatique après le dépôt de sa question écrite sur ce sujet au bureau de l'Assemblée nationale, le député national Alfred Maisha avait jugé d'inadmissibles les avantages et le monopole accordés à cette société qui ne favorise pas les sociétés congolaises dans l'exploitation des matières premières. Il a été appuyé par le prix nobel de la paix Denis Mukwege.
Jordan MAYENIKINI