La République Démocratique du Congo, premier producteur de cobalt, est au cœur de la voiture électrique. La production des voitures électriques, dont chaque batterie nécessiterait entre 5 et 15 kilogrammes de cobalt, est appelée à exploser dans les années à venir. De quoi rendre stratégique la possession de ce minerai. Or 60% de sa production mondiale se fait en RDC, pays qui possèderait 50% des réserves mondiales. S’il ne fait pas de doutes que la RDC continuera d’être le principal producteur mondial de cobalt dans les prochaines années, elle devrait commencer par faire face à la concurrence accrue de l’Australie, si l’on en croit les prévisions de l'agence de notation financière "Fitch Solutions".
L'agence "Fitch solutions" a indiqué jeudi 23 septembre que les investissements du secteur du cobalt devraient se déplacer vers l’Australie, considérée comme une alternative moins risquée en ce qui concerne les risques liés aux droits de l’homme et à l’environnement.
« L’Australie représente un environnement beaucoup moins risqué si l’UE cherche à réduire sa dépendance à l’égard de la RDC pour le cobalt », a déclaré la firme dans une note relayée par plusieurs médias internationaux.
La réglementation minière australienne donne la priorité aux processus d’extraction durables, ce qui est attrayant pour les pays ayant des normes environnementales strictes. Si la production australienne ne peut actuellement être comparée à celle congolaise (5 700 tonnes de concentré contre 95 000 tonnes en 2020), l’Australie possède les deuxièmes plus grandes ressources pour cette matière première, derrière la RDC, ce qui lui laisse de la marge pour une croissance de son offre.
Si la RDC a souvent été pointée du doigt pour des cas de violations de droits humains dans ses mines de cobalt, il faut noter que le pays s’efforce depuis quelques mois de changer la donne et assainir le secteur. En mars 2021, il a lancé officiellement l’Entreprise générale de cobalt (EGC), société présentée déjà comme l’arme ultime du gouvernement pour résoudre les problèmes rencontrés par le pays pour assurer un approvisionnement responsable en cobalt.
Les initiatives d’autres acteurs de l’industrie visant le même but ont vu le jour, notamment le programme Better Mining de l’allemand RCS Global ou encore Fair Global Alliance.
Alors que tous ces efforts sont appelés à porter leurs fruits, il faudrait relativiser l’avis de Fitch, car la RDC n’est pas véritablement menacée par l’Australie. Avec la hausse de la demande en cobalt, la tendance serait plutôt au développement d’une industrie solide « parallèle » en Australie pour satisfaire les besoins et rendre l’offre un peu moins concentrée. Rappelons que selon les données de l’USGS, la RDC fournit plus de deux tiers de l’offre globale, qui a été de 140 000 tonnes en 2020.
La RDC détient de grandes entreprises de production du cobalt, telles que Tenke Fungurume Mining (TFM) avec une capacité de production moyenne annuelle du cobalt qui varie entre 16 500 à 18 000 tonnes. Il y a également la Sino-Congolaise des Mines (SICOMINES), la Compagnie Minière de Musonoïe (COMMUS), la Minière de Kalukundi (LAMIKAL)...
Notons que Fitch Solutions Inc. est une agence de notation financière internationale. Elle offre des services d'information financière. Cette agence propose des données sur le marché du crédit, des outils d'analyse et des services de gestion des risques. Fitch Solutions sert des clients dans le monde entier. La société a été fondée par John Knowles Fitch le 24 décembre 1913 à New York sous le nom Fitch Publishing Company.
Jordan MAYENIKINI