La RDC peut bousculer la hiérarchie mondiale des producteurs de cuivre grâce à la mine Kamoa-Kakula

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PAR Deskeco - 30 juil 2021 07:54, Dans Actualités

Selon les données de l'agence de recherche Fich Solutions sur des prévisions de la production minière de cuivre dans le monde cette année et sur le reste de la décennie, la RDC progressera de 6,9% en 2021, portée par l’entrée en production de la mine de Kamoa-Kakula. L’actif détenu par Ivanhoe Mines confirme déjà les attentes placées en lui et peut potentiellement aider la RDC à dépasser ses concurrents dans la hiérarchie des producteurs mondiaux. Une bonne nouvelle, alors que les observateurs s’accordent pour prédire une explosion de la demande de métal rouge.

La production mondiale de cuivre atteindra près de 30 millions de tonnes par an en 2030 contre un peu plus de 21 millions de tonnes cette année. Les compagnies sont en effet de plus en plus motivées par les prévisions des analystes sur une explosion de la demande liée à la consommation du métal rouge nécessaire à la réussite de la révolution verte.

En tant que premier producteur africain, la RDC n’échappera pas à cette envolée. Entre 2021 et 2030, la production congolaise va presque doubler, selon les estimations de Fitch. Elle passera ainsi de 1,39 million de tonnes cette année, à plus de 2,4 millions de tonnes à la fin de la décennie.

Entre 2021 et 2030, la production congolaise va presque doubler, selon les estimations de Fitch. Elle passera ainsi de 1,39 million de tonnes cette année, à plus de 2,4 millions de tonnes à la fin de la décennie.

La contribution du pays à la production mondiale de cuivre suivra sensiblement cette courbe, atteignant ainsi plus de 8% en 2030, contre 6,4% cette année. Par ailleurs, la RDC deviendra, selon ces données, le troisième producteur mondial de cuivre derrière le mastodonte chilien et son dauphin péruvien, mais il passera devant la Chine. Pour expliquer cette hausse, Fitch évoque principalement l’entrée en production de nouvelles mines ces dernières années, en particulier la mine de Kamoa-Kakula.

La future deuxième plus grande mine de cuivre au monde

Gigantesque. C’est l’adjectif qui convient le mieux quand il faut évoquer le complexe minier de Kamoa-Kakula. Qu’il s’agisse de l’investissement total, estimé à plusieurs milliards de dollars, des ressources minérales ou des revenus attendus, Kamoa-Kakula n’a que peu d’équivalents à travers le monde.

Kamoa-Kakula sera la deuxième plus grande mine de cuivre du monde.

Selon les estimations d’Ivanhoe, les ressources minérales indiquées de Kamoa-Kakula atteignent 1,38 milliard de tonnes, titrant 2,74% en cuivre pour 38 millions de tonnes de cuivre contenues. Pour exploiter ces immenses ressources, Ivanhoe Mines a publié l’année dernière un plan de développement intégré. L’évaluation économique préliminaire de Kamoa-Kakula inclus dans ce document prévoit une capacité de traitement annuel de 19 millions de tonnes sur une durée de vie de 43 ans avec huit exploitations minières distinctes et leurs infrastructures associées, pour un coût total estimé à plus de 17 milliards $. Ce montant inclut notamment les usines et la réhabilitation des centrales hydroélectriques devant alimenter le complexe minier.

Pour atteindre l’objectif final, la compagnie a commencé par le gisement Kakula (phase1) qui a nécessité, selon les estimations, un capital de 336 millions $.

À terme, Kamoa-Kakula aura une production maximale estimée à plus de 800 000 tonnes par an.

Après 24 années d’exploration, l’entrée en production du complexe minier a eu lieu en mai dernier avec deux mois d’avance sur le calendrier initial.

L’évaluation économique préliminaire de Kamoa-Kakula inclus dans ce document prévoit une capacité de traitement annuel de 19 millions de tonnes sur une durée de vie de 43 ans avec huit exploitations minières distinctes et leurs infrastructures associées, pour un coût total estimé à plus de 17 milliards $.

Le projet devrait livrer jusqu’à 95 000 tonnes de concentré de cuivre cette année, alors que sur une année entière, la production de la phase 1 devrait être de 200 000 tonnes. La deuxième phase, qui coûtera environ 600 millions $ est déjà en cours et portera ce volume à 400 000 tonnes. Le démarrage est prévu pour le troisième trimestre 2022. À terme, Kamoa-Kakula aura une production maximale estimée à plus de 800 000 tonnes par an, juste en deçà de la production nationale 2020 de la Zambie, le deuxième producteur africain. Kamoa-Kakula sera la deuxième plus grande mine de cuivre du monde.

D’autres atouts dans la manche

Si pour la RDC, Kamoa-Kakula sera la locomotive pour bousculer la hiérarchie mondiale, le pays a d’autres atouts pour réaliser les prédictions de Fitch. On peut déjà évoquer la mine de cuivre-cobalt Mutanda où Glencore compte reprendre la production l’année prochaine, sans oublier la mine de cuivre-cobalt de Deziwa qui est censée produire 80 000 tonnes de cuivre par an. Les efforts entrepris ces derniers mois pour assainir l’exploitation minière artisanale en RDC devraient également jouer un rôle non négligeable dans l’augmentation de la production nationale. Cependant, ce sont surtout sur ses gisements non encore exploités que la RDC pourra compter pour atteindre son objectif final.

Cependant, ce sont surtout sur ses gisements non encore exploités que la RDC pourra compter pour atteindre son objectif final.

Ces derniers mois, sur fond de hausse des prix, les études et déclarations se sont multipliées pour appeler les compagnies à investir massivement dans l’exploration puis l’exploitation du cuivre, afin de satisfaire la forte demande à venir.

Une phrase en particulier, prononcée en avril dernier par Robert Friedland, le patron d’Ivanhoe Mines, résume assez bien la question. Intervenant lors de la conférence mondiale sur le cuivre organisée par le CRU de Londres, il a déclaré : « Tout est cuivre, cuivre, cuivre, cuivre, cuivre, cuivre ». S’il est déjà utilisé dans plusieurs secteurs allant des transports au bâtiment en passant par l’électricité, la révolution énergétique va en effet entrainer une augmentation de la consommation du métal rouge. Par exemple, les véhicules hybrides ou électriques consomment jusqu’à deux ou quatre fois plus de cuivre que les véhicules thermiques. Les projets congolais de cuivre devraient donc bénéficier de cet engouement pour le métal avec davantage d’investisseurs prêts à financer la construction de nouvelles mines. Cela devrait par exemple être le cas pour le projet Kisanfu, qui héberge 6,28 millions de tonnes de cuivre. Après le rachat pour 550 millions $ de l’actif par China Molybdenum en décembre 2020, une autre société chinoise, Contemporary Amperex Technology Co Ltd, y a acquis 23,75% d’intérêts en avril dernier.

De nouveaux profits pour la RDC

La progression symbolique de la RDC dans la hiérarchie des producteurs mondiaux de cuivre ne sera évidemment pas le seul bénéfice que Kinshasa va tirer de l’augmentation de sa production nationale. En effet, les revenus tirés du secteur extractif vont augmenter d’autant. Le président Félix Tshisekedi souhaite en faire mieux profiter son pays. Alors qu’il compte se représenter en 2023 pour un nouveau mandat, le chef d’État congolais a fait en mai dernier une sortie remarquée pour fustiger certains « investisseurs qui viennent s'enrichir seuls. Ils viennent les poches vides et repartent milliardaires ». Il en a profité pour annoncer son intention de revoir les règles du jeu. « Il est temps que le pays réajuste ses contrats avec les miniers pour sceller des partenariats gagnant-gagnant (…) J'en ai vraiment assez ! », avait alors déclaré l’homme fort de Kinshasa.

La demande de cuivre est telle que la RDC peut négocier en position de force.

Dans les prochains mois, un nouveau bras de fer pourrait donc opposer le gouvernement congolais aux compagnies minières, avec, cette fois, un sérieux avantage pour la RDC. Le pays a des réserves dont le monde a besoin, les prix du cuivre sont au plus haut et la demande mondiale ne devrait pas faiblir. Un boulevard donc, pour négocier au mieux des contrats qui pourraient enfin aider la RDC à se développer et à vaincre cette malédiction des matières premières que ce pays subit depuis des lustres.

Jordan MAYENIKINI / Agence Ecofin

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