RDC : « consensus national », « union sacrée de la nation », le difficile pari de Félix Tshisekedi

Félix
PAR Deskeco - 24 oct 2020 08:50, Dans Actualités

Face à l'échec cuisant de l’expérience de la coalition FCC-CACH, la seule alternative démocratique qui reste est la cohabitation. Dans le contexte actuel de la RDC, un " large consensus national" ou une "union sacrée de la nation" sont de pari difficile à tenir.

Le président de la République, Félix Tshisekedi, a annoncé, dans son message à la nation le mercredi, qu’il va entamer, dès la semaine prochaine, « une série des contacts visant à consulter les leaders politiques et sociaux les plus représentatifs, afin de recueillir leurs opinions à l'effet de créer une union sacrée de la Nation ».

En fait, le chef de l’Etat se résout à ces consultations à la suite de l’expérience malheureuse de la coalition FCC-CACH qui n’a pas pu relever les défis essentiels de la République suite à la persistance des divergences entre les partenaires.

C’est dans cette perspective qu’il veut consulter les leaders politiques et sociaux autour des objectifs suivants : Rétablir la paix là où elle est compromise et la consolider là où elle existe ; Construire la démocratie, Organiser des élections crédibles dans les délais constitutionnels ; Renforcer l’Etat de droit ; Bâtir les infrastructures ; Assurer la santé aux populations ; Garantir l’éducation aux enfants ; Donner une perspective économique à la jeunesse ; et Promouvoir davantage les droits de femme.

Le chef de l’Etat estime qu’il a été élu pour réaliser ces objectifs mais la coalition FCC-CACH ne l’a pas permis. Et donc, il entend dégager un « large consensus national » autour de ces questions et former une « union sacrée de la nation ».

Difficile pari

La RDC est déjà en plein quinquennat. Si la coalition FCC-CACH a été un cuisant échec, la seule alternative démocratique qui reste est de se résoudre à la cohabitation. Plus clairement, si le chef de l’Etat n’a pas pu s’entendre avec ses partenaires du FCC pour assurer une gouvernance adéquate du pays, il devrait maintenant laisser son partenaire diriger seul le gouvernement étant donné qu’il détient la majorité parlementaire.

Certes, le chef de l’Etat peut user de ses prérogatives constitutionnelles de dissoudre l'Assemblée nationale et organiser, dans le délai de soixante jours, les nouvelles élections législatives. Cette arme, Félix Tshisekedi la dispose mais encore faut-il prouver que la crise actuelle est entre le gouvernement et l'Assemblée nationale. Bien plus, avant d'actionner  la dissolution de la Chambre basse, il faut réunir les préalables qui sont les moyens financiers pour organiser les nouvelles élections et rétablir la paix pour permettre à tout le monde de voter.

Tout observateur averti peut déjà présager des résultats des consultations annoncées qui doivent impérativement aboutir à la dissolution de la coalition FCC-CACH. Cependant, dans la configuration politique actuelle, il est hasardeux de prétendre que de ces consultations sortira une nouvelle majorité parlementaire avec laquelle le président de la République composerait pour former un nouveau gouvernement. Ceci est chimérique. Le FCC ayant à lui seul au moins 338 sièges à l’Assemblée nationale, même si le CACH (qui est aussi en morceau), ou plutôt l’UDPS, peut allier tout LAMUKA (Opposition), il lui sera difficile de piquer une centaine de sièges au camp de Joseph Kabila pour se constituer la majorité dans cette Chambre basse. Non sans ignorer que le débauchage est une pratique dénoncée jadis par l’opposition que l’UDPS ne saurait la pratiquer en ce moment.

Et donc, ni le consensuel national, ni l’union sacrée de la nation, tous ces paris restent difficiles à tenir d’autant que l’UDPS a déjà du mal à gérer déjà son principal partenaire de la victoire de la présidentielle de décembre 2018, l’UNC. Comment, dès lors, la même UDPS peut s’allier d’une mosaïque des regroupements politiques en vue de cette union sacrée de la nation. C’est une équation à plusieurs inconnues et donc difficile à résoudre.

La RDC est donc à un tournant de son histoire. Il appartient au Chef de l’Etat, garant du bon fonctionnement des institutions, de bien négocier la suite pour garantir les acquis de l’alternance démocratique historique.

Amédée Mwarabu  

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