La Directrice générale du FMI propose trois pistes aux Etats membres pour repartir de la crise de covid-19

DG FMI
PAR Deskeco - 16 oct 2020 10:11, Dans Finances

Kristalina Georgieva pose trois impératifs pour construire un monde nouveau à la suite de cette crise sanitaire de covid-19.  Les bonnes politiques économiques, Des politiques au service des populations, Ne plus ignorer le changement climatique, sont les trois pistes pour reconstruire un monde nouveau, meilleur qu’avant la covid-19.

Au cours d’une conférence virtuelle le jeudi 15 octobre, la Directrice générale du FMI (Fonds monétaire international), a considéré qu’à la suite de la crise de covid-19, « nous vivons un nouveau « moment » Bretton Woods ».

« Une pandémie qui a déjà fait plus d’un million de morts. Un désastre économique qui réduira la taille de l’économie mondiale de 4,4 % cette année et devrait amputer la production de 11 000 milliards de dollars d’ici à l’an prochain. Et un immense désespoir humain face à des bouleversements gigantesques et à l’augmentation de la pauvreté, pour la première fois depuis des décennies », a-t-elle dit avant d’appeler le monde à s’atteler à deux tâches colossales : « combattre la crise aujourd’hui et construire un avenir meilleur », a-t-elle dit.

Dans cette perspective, Kristalina Georgieva appelle les dirigeants des Etats membres à respecter « trois impératifs » et s’explique.

Premièrement, les bonnes politiques économiques 

Ce qui était vrai à Bretton Woods est encore valable aujourd’hui. Des politiques macroéconomiques prudentes et des institutions solides sont indispensables à la croissance, à l’emploi et à l’amélioration du niveau de vie, estime la patronne du FMI.

Selon elle, il n’y a pas de panacée : l’action doit être adaptée aux besoins de chaque pays. Il demeure essentiel d’apporter un soutien pendant un certain temps : un retrait prématuré risque de provoquer des dégâts sérieux et injustifiés. L’état d’avancement de la crise déterminera le type de soutien nécessaire, qui sera généralement plus global au début, puis plus ciblé à mesure que les pays commenceront à se redresser.

De solides cadres de politique monétaire, budgétaire et financière à moyen terme, ainsi que des réformes visant à stimuler le commerce, la compétitivité et la productivité peuvent contribuer à créer un climat de confiance propice à l’action, tout en développant une résilience indispensable pour l’avenir. Il s’agit notamment, insiste-t-elle, de bien surveiller les risques que représente une dette publique élevée. Nous nous attendons à ce que les niveaux d’endettement augmentent sensiblement en 2021, pour avoisiner 125 % du PIB dans les pays avancés, 65 % du PIB dans les pays émergents et 50 % du PIB dans les pays à faible revenu.

Le FMI allège la dette de ses pays membres les plus pauvres et, conjointement avec la Banque mondiale, nous souscrivons à une prolongation de l’initiative de suspension du service de la dette par le G20.

En outre, lorsque la dette est insoutenable, elle doit être restructurée sans tarder. Nous devons accroître la transparence de la dette et renforcer la coordination des créanciers. Je juge encourageants les entretiens du G20 concernant un dispositif commun de résolution de la dette souveraine et notre appel à améliorer l’architecture de la résolution de la dette souveraine, y compris la participation du secteur privé.

Nous sommes aux côtés de nos pays membres, pour les aider à mettre en œuvre leurs politiques.

Deuxième impératif : des politiques au service des populations

De bonnes politiques économiques ne portent pleinement leurs fruits que si nous investissons davantage dans les populations, estime la DG du FMI. Cela passe par la protection des groupes vulnérables. Cela passe aussi par la valorisation du capital humain et physique, gage de croissance et de résilience, croit-elle.

« La COVID-19 a révélé l’importance pour les pays de disposer de systèmes de santé solides. La hausse des inégalités et l’évolution rapide des technologies exigent de disposer de systèmes d’éducation et de formation solides, à même d’augmenter les débouchés et de réduire les disparités. Une accélération des progrès en faveur de l’égalité femmes-hommes peut changer la donne au niveau mondial. Dans les pays les plus inégalitaires, combler l’écart entre les hommes et les femmes pourrait faire augmenter le PIB de 35 % en moyenne ».

Pour elle, investir dans notre jeunessec’est investir dans notre avenir. Les jeunes doivent avoir accès à la santé et à l’éducation, et aussi à Internet, parce qu’ils ont ainsi accès à l’économie numérique, si importante pour la croissance et le développement à l’avenir.

En faisant en sorte que la population d’Afrique subsaharienne qui a accès à Internet augmente de 10 %, il serait possible de faire augmenter la croissance réelle du PIB par habitant de 4 points de pourcentage. Le passage au numérique contribue aussi à faire de l’inclusion financière un outil puissant de réduction de la pauvreté.

La pandémie nous a non seulement démontré que nous ne pouvions plus nous permettre de négliger certaines précautions sanitaires, mais aussi que nous ne pouvions

Troisième impératif : ne plus ignorer le changement climatique

Nous nous soucions du changement climatique, parce qu’il est décisif au niveau macroéconomique : il constitue une grave menace pour la croissance et la prospérité. Il est aussi décisif pour les populations et pour la planète. Les dégâts causés de manière directe par les catastrophes climatiques au cours de la dernière décennie sont chiffrés à environ 1 300 milliards de dollars. La crise climatique s’annonce tout aussi dévastatrice que la crise sanitaire. D’après l’une de nos études, nous pouvons viser la fin des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 et créer des millions de nouveaux emplois, à condition d’associer dans des proportions adéquates les investissements verts et l’augmentation des prix du carbone.

« Nous avons une chance historique à saisir : celle de construire un monde plus vert, mais aussi plus prospère et plus riche en emplois. Les taux d’intérêt ont atteint des planchers ; il faut en profiter pour faire aujourd’hui des investissements judicieux, qui seront quadruplement payants demain : ils nous éviteront de futures pertes, stimuleront les gains économiques, sauveront des vies, et bénéficieront à tous sur les plans social et environnemental », exhorte la DG du FMI.

Concluant son propos, Kristalina Georgieva note : « La meilleure manière d’honorer la mémoire de tous ceux qui ont perdu la vie au cours de cette crise est, pour reprendre les mots de M. Keynes, de construire « quelque chose de plus grand » : un monde plus durable et plus équitable. Les fondateurs de nos institutions l’ont fait. C’est maintenant à notre tour. Le moment est venu ».

Amédée Mwarabu

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