Le PMUAIC-19, un gros plan économique et social sans argent ( Tribune de Jo. Sekimonyo)

JO Sekimonyo
PAR Deskeco - 25 juin 2020 12:22, Dans Actualités

Des économistes français, les physiocrates, croyaient fermement que la richesse des nations ne provenait que de l'agriculture. C'était au XVIIIe siècle, le commerce des esclavages était une activité normale et surtout lucratif car les économies étaient essentiellement agraires. Leur contemporain Adams Smith dans son enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations n'est pas tombé dans l'erreur de déclarer l'agriculture la seule occupation productive. Puisque le conflit à cette époque était plus une fixation qu'un désir, Smith aussi ne pouvait pas percevoir la valeur de la collaboration et de la créativité beaucoup plus que la compétition et l'intérêt personnel. Même si la voix de Smith fait encore écho avec une vénération exagérée dans le tiers monde plus que celui des physiocrates, cela ne pourrait pas être une preuve concluante qu'il a gagné la bataille idéologique qui n'a pas vraiment eu lieu.

Vers la même époque, le choc le plus direct des deux cadres idéologiques de l'économie politique pour peindre le monde convenait le mieux aux humains s'est produit sur « le nouveau continent ». Le contraste entre les physiocrates et Adams Smith est beaucoup moins conséquent aujourd’hui que la coexistence compétitive d'Alexander Hamilton et de Thomas Jefferson.

Les politiques économiques de Hamilton ont été conçues pour favoriser le développement du secteur manufacturier. Il croyait qu'une économie de marché florissante allait semer des opportunités pour tous et produire des humains philanthropiques, bien informés et entreprenants. Tandis que Jefferson préconisait une économie agraire. Pour l'avenir des États-Unis, il rêvait d'une société d'agriculteurs qui contrôlait leur destin.

Il y a plus de 3 siècles, Adam Smith a donné plus qu'une indication de ce qui est relativement la richesse d'une nation. Sur le plan économique, les pays développés vivent clairement dans le monde d'Alexander Hamilton. Aujourd'hui plus que jamais, une nation ne doit pas parier sur l'agriculture pour son développement social, politique et surtout économique. Pour illustrer, Mao, le Grand Bond en avant a été le Grand Bond en arrière qui a gâché presque 100 millions de vie chinoises.

Sans les contributions de Hamilton, il aurait été pratiquement impossible pour les États-Unis d’apparaître comme une superpuissance au cours du XXe siècle. Et aujourd'hui aux États-Unis, Jefferson délire d’une république basée sur le fermier Yeoman qui maintient « le feu sacré » de la liberté et de la vertu personnelles est fortement subventionné, reçu plus de 22 milliards de dollars de paiements gouvernementaux en 2019, et submergé de cupidité. L'UE triche aussi. Chaque année, le bloc de 28 pays verse 65 milliards de dollars en subventions agricoles. Déjà en 2012, la Chine a fourni 165 milliards de dollars de subventions agricoles. Ce nombre a augmenté chaque année après. Il faut dire que l'augmentation des subventions dans les pays développés n’est pas principalement due à la transformation économique plutôt par le confort financier apporté par des secteurs de haute valeur constamment vite ravitaillés par la qualité de créativité de leurs citoyens et de leurs triches.

Ce voyage dans l'histoire économique revient à dire que le Programme multisectoriel d’urgence d’atténuation des impacts de la Covid-19 en RDC démontre combien on se pointe toujours en retard, on pouvait bien tricher quand les grandes puissances le faisaient, et encore une fois à côté de la plaque sur le plan idéologique de l'économie politique. En plus de l'absence de ramification de la manière dont le bras droit du président Felix Tshisekedi a été condamné à 20 ans de travaux forcés pour la corruption qui a le même décor et acteurs, nous avons encore une fois un gros social et économique plan sans argent ; nous comptons sur la pitié des nations développées.

Lorsque Joseph Mobutu a pris le pouvoir en novembre 1965, il a fait de la production agricole l'une des priorités de son quinquennat. DAIPN (Domaine Agro Industriel de la N’sele) faisait partie de ces investissements qui constituaient le gros de la dette extérieure du Zaïre. Non seulement que le coût de construction du domaine avait dépassé largement son rendement mais aussi le parc a survécu seulement sur base de l'ego Mobutu et non de l’esprit entrepreneurial ou des besoins des zaïrois. La mise en place et l'effondrement du projet pilote de parc agro-industriel de Bukanga Lonzo illustre comment un régime ou un président semble ignorer complètement les échecs de la direction idéologique de l'économie politique du précédent. Mais qui blâmer ? nous continuons à applaudir.

Ce que le gouvernement de la RDC fait une fois de plus par le Programme multisectoriel soi-disant encore d’urgence, sans même prendre une pause pour penser aux scandales du programme des 100 jours, c'est de rationaliser les idéaux économiques médiévaux, en utilisant à cet effet les discours philosophiques victoriens et les vieux bouffonneries politiques du Tiers Monde. Peu importe si les congolais consomment congolais ou pas. L’autosuffisance alimentaire c’est un objectif non seulement primitif mais aussi démodé. La direction de l'économie politique du gouvernement devrait être de créer un écosystème qui permet aux Congolais de se procurer ce qu'ils souhaitent consommer ou gaspiller selon leur perspective personnalisée de la pyramide des besoins.  

Un humain n'est pas par nature une créature docile. La colonisation et après l’imposition d’un homme fort par l’occident a leurs anciennes colonies a cessé d'être le mode de production conventionnel comme auparavant. Toutefois, l'ignominie d'être un humain réduit en un objet est bien pire que d'être pauvre. Tout mauvais traitement prolongé nuit à l'estime de soi. Lorsque la toxicité sociale tel que le marasme économique et sociale qui enflamme le tribalisme est préserver, une génération après une autre perd le sens de leur droit et de ce qui est juste. Il devient évident que nous ne changerons pas de cap tant qu'une bataille cérébrale entre les gangs idéologique de l'économie politique n'aura pas lieu et n'aura pas préséance sur les querelles politiques médiocres de Kinshasa et la manière sanglante de régler le différend social et économique dans l’Est de la RDC.

Jo M. Sekimonyo

www.sekimonyo.com

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