L'impératif de faire de la nation congolaise une expérience sociale et économique agréable pour tous (Tribune de Jo Sekimonyo)

PAR Deskeco - 16 juin 2020 08:29, Dans Analyses

En RDC, contrairement au consensus, les moyens financiers ne sont pas ce qui fait défaut à l'Etat pour sa politique. L’inhabilité de sortir des sentiers battus afin d’essayer d’inciter un développement social et économique au rythme moderne est de plus en plus apparente. Pour le dire autrement, Il y a un manque de politiques publiques rationnelles et des idéologues d'économie politique et sociale à jour ou mature. Pour illustrer ; l'Assemblée Nationale avait introduit une augmentation de la récompense de ses membres tandis que l'armée et la police veulent plus de tarte et que les infirmières et les médecins pleurnichent pour une jouteuse rémunération usant des mêmes prétextes et orgueils. Il ne vient pas à l'esprit de ces groupes égoïstes que l'augmentation du salaire minimum est la solution pacifique et rationnelle pour tous les Congolais.

Félix Tshisekedi pourrait être de loin le président le plus chanceux de la RDC car toute une nouvelle génération d’experts de tout genre ne cesse de lui balancer des solutions à nos misères. Ceci malgré que tantôt dans la manœuvre de son équipe d’éviter de baisser le chapeau à l'auteur de l'idée la copie affreusement mal ou tout simplement ignore une proposition. Le président Felix avait juré de créer de millionnaires congolais. Par les scandales dégoûtants du « programme de 100 jours » on ne saurait l’applaudir pour avoir relevé le défi. Son prédécesseur, Joseph Kabila, est suspecté d’avoir amassé une fortune imaginable. Que cela soit vrai ou faux, avec des amis et ennemis tout autour et en dehors du pays qui sont impatients de ravir tout, on ne peut que dormir les deux yeux ouverts. Pour combien de temps ? À quel prix ? serait-il apte à digérer la solution ?

La RDC regorge d'histoires de quête sociales déroutantes et de promenades économiques vers nulle part. Pourquoi est-il si difficile en RDC de promouvoir le progrès social et économique ? Ce n'est pas comme si nous n'y aspirions pas. Pourquoi est-il difficile pour les congolais de comprendre que les citoyens comptent plus que l’État ? Ce n'est pas comme si nous n'avions pas la capacité cérébrale de le déchiffrer. Je continue d'essayer de saisir les principes politiques de l'abnégation du développement social et économique, mais je continue de sortir les mains vides. C’est à se demander comment si pas craindre faire de la discrimination positive un outil de justice sociale et économique et générer des fortunes qui dépassent une génération dans un pays où le népotisme et le clientélisme sont une tradition.

Il faut d'abord admettre qu'être congolais est purement circonstanciel. Il est donc dans notre intérêt de faire de l'expérience ou de l'union congolaise une expérience sociale et économique agréable pour tous, ce qui n'était pas le cas pour tous sauf pour certains qui se dégustent des délusions d’opulence. Y a-t-il parmi nous des gens qui se soucient de nous et savent comment bien prendre soin de nous et nous guérir ? Bien sûr que si !! J'en rencontre des tonnes jour et nuit, en ville ou dans les trous sombres de la nation, à l'intérieur et à l'extérieur du pays.

On veut préserver le domaine de Jules Shungu Wembadio Pene Kikumba « Papa Wemba », quelqu'un qui a rendu toute une génération émotionnellement paresseuse, tandis que personne ne se soucie de l'héritage de Zamenga Batukezanga, quelqu'un qui a infusé la raison à plus d'une génération, ou ramener le corps d'Ota Benga pour mûrir nos émois. A l’Est, on tue et vole. A l’Ouest, on vole et tue. Et personne ne se soucie que les deux actions reflètent ce qui se passe des deux côtés justes dans un ordre différent. L’amertume grandissante autour du président Tshisekedi et de son administration nous conduit à une nouvelle fourche politique, sociale, et surtout économique.

Bientôt, nous allons individuellement devoir faire une pause et prendre du temps pour redéfinir notre raison d’être en terme social et économique avant toutes autres en tant que nation. Je sais qui je cherche à être dans le monde. J'apprends qui je suis en tant qu'Africain. En ce qui concerne être Congolais, je suis troublé par ce que nous sommes encore un groupe d'âmes sans argument vigoureux pour justifier notre attache nationale. Ce que nous sommes juste fiers d’être enchaînés ensemble. Balkanisation ? pourquoi pas si on compte continuer à rester insouciants les uns envers les autres.

Avons-nous besoin d’un héro ? Survivre à l'humiliation sociale et / ou économique quotidienne fait de nous tous des héros. Nous avons plutôt besoin que les maux ou les défis sociaux ou économiques importent plus que les pénuries politiques. Ce n'est qu'alors que 50 de notes techniques par semaine sur le bureau du président, des forums sociaux et économiques autres que ceux des voleurs bien connus et des charmeurs de serpents, des dialogues sans les lèche-bottes, ou simplement des solutions à nos vrais problèmes auront de la gravité sur notre conscience nationale. C’est après qu’on ne  craindra plus une discrimination positive au profit des nationaux. Ainsi, pour la première fois dans notre ère post-colonisation, des Congolais auront l’opportunité de créer une richesse générationnelle, sans une goutte de sang de leurs frères et sœurs entre leurs mains.

Jo M. Sekimonyo

www.sekimonyo.com

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