Gestion financière en RDC : le gouvernement appelé à clarifier les critères d’exécution des dépenses en procédure d'urgence

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PAR Deskeco - 28 oct 2025 15:38, Dans Finances

Selon le rapport des études de suivi budgétaire fin juin 2025 publié par le ministère du Budget, le gouvernement, dans son ensemble, pour ne citer que cette institution, a dépensé, au premier semestre 2025, un montant de 2 864 784 130 952 CDF en mode d'urgence contre 12 696 388 242 031 CDF en mode standard, sur un total de 15 561 172 372 983 CDF du budget voté.

Intervenant à ce sujet, Kitoko Loule, acteur de la société civile, a, d'entrée de jeux, soutenu que "l'utilisation des dépenses en mode d’urgence est autorisée en RDC, à condition que ces dépenses soient accompagnées de justifications claires et détaillées". Car, a-t-il justifié, la transparence dans la gestion budgétaire est cruciale pour maintenir la confiance du public et des partenaires internationaux.

Pour lui, la grande question à poser reste l'efficacité de ces fonds utilisés en urgence et ça laisse transparaître la corruption, le manque de transparence et l’inefficacité administrative. Souvent, l’exécution des programmes d’urgence profite aux exécutants. 

Dans ses analyses, il note que ces dépenses en mode d’urgence utilisées par le gouvernement, dans son ensemble, "représentent une part relativement faible par rapport aux dépenses en mode standard".

De ce constat, il dégage deux hypothèses : la première c'est que "le gouvernement ne fait pas face à une crise majeure nécessitant de lourdes dépenses d’urgence". 

La deuxième c'est que " les fonds sont gérés de manière à privilégier certaines dépenses standard au détriment des urgences".

Remise en question de la réduction du train de vie

L'analyste a aussi émis un avis sur la réduction du train de vie des institutions, partant de ce document du ministère du Budget sur le suivi budgétaire fin juin 2025. Pour ce faire, il a d'abord comparé les dépenses en urgence effectuées par le gouvernement au premier trimestre 2025 (1 167 836 039 203 CDF) ; au deuxième trimestre (1 696 948 091 748 CDF) ; et celles au premier semestre (2 864 784 130 952 CDF) avec les dépenses du gouvernement en mode standard au premier trimestre (6 285 888 886 171 CDF) ; les dépenses au deuxième trimestre (6 410 499 355 860 CDF) ; et celles en mode standard au premier semestre (12 696 388 242 031 CDF). À l'issue de cette comparaison, il note que ces dépenses en mode standard restent élevées, ce qui, selon lui, "remet en question les efforts annoncés par le gouvernement pour réduire le train de vie des institutions". 

M. Kitoko Loule a tout de même nuancé: "Même si ces dépenses en mode urgence nagent autour de 2 milliards de CDF (cfr le ministère du Budget), elles semblent être en hausse malgré les recommandations du Fonds monétaire international (FMI) au gouvernement de réduire le recours de cette procédure d'urgence, en vue d’assurer la transparence de l’exécution des dépenses publiques". 

Clarifier les critères de déclenchement de la procédure d'urgence

Face au niveau élevé des dépenses réalisées en procédure d’urgence, M. Kitoko Loule a formulé des recommandations au gouvernement pour renforcer la gouvernance financière et la transparence de ses opérations.

 Premièrement, il exige du gouvernement "d'anticiper aux besoins récurrents" . Il affirme ici qu'une partie des dépenses engagées en urgence provient souvent de besoins prévisibles (ex. maintenance, approvisionnement médical, équipements). 

"Mieux planifier permettrait d’éviter des achats précipités à coûts majorés", a-t-il souligné.

En deuxième lieu il recommande au gouvernement de "mettre en place des plans d’urgence pré budgétés c'est-à-dire prévoir des enveloppes spécifiques pour les crises (sanitaires, climatiques, etc.) afin d’éviter d’avoir à recourir à la procédure d’urgence hors cadre".

La troisième recommandation c'est de "publier systématiquement les marchés conclus en urgence, avec leurs montants et justifications".

La quatrième recommandation concerne " la mise en ligne des rapports annuels sur le recours à la procédure d’urgence, incluant des analyses de coûts comparés entre achats d’urgence et achats planifiés".

Enfin, Kitoko Loule recommande au gouvernement de "clarifier les critères de déclenchement de cette procédure d'urgence pour en garantir un usage véritablement exceptionnel".

Bienvenu Ipan

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