RDC : Pour Flory Mapamboli, la stabilité du franc congolais actuelle est due en bonne partie à la décélération de l’inflation au niveau mondial et exclut la thèse d’un resserrement budgétaire

francs congolais
PAR Deskeco - 24 sep 2025 16:03, Dans Finances

Alors que le gouvernement et la Banque centrale du Congo (BCC) saluent les récents signes de stabilisation du franc congolais face au dollar américain, des voix s’élèvent pour nuancer cette lecture. Parmi elles, celle de Flory Mapamboli, ancien conseiller du ministre des Finances en charge de la Trésorerie et titulaire d’un master en sciences de gestion de la Haute Ecole du Commerce de l’Université de Liège.

Pour cet expert, la résistance actuelle de la monnaie nationale est avant tout le résultat de la décélération de l’inflation à l’échelle mondiale, plutôt que des seules politiques internes. 

« La monnaie est une affaire de la Banque centrale. Sa stabilité permet de préserver le pouvoir d’achat de la population. Son appréciation n’est bénéfique que lorsqu’elle se reflète sur les prix des biens et services », a-t-il déclaré.

Selon lui, l’appréciation observée du franc congolais découle de la combinaison de plusieurs instruments de politique monétaire restrictive : taux directeur, réserves obligatoires, opérations d’open market, ainsi que les interventions de la BCC sur le marché de change. Toutefois, Mapamboli souligne que ces mécanismes internes n’expliquent pas à eux seuls la tendance actuelle.

Il rappelle que la balance des biens de la RDC affichait un excédent de 7,8 milliards USD à fin juillet 2025, un facteur lié au commerce international qui soutient également la stabilité monétaire. Mais surtout, insiste-t-il, la décélération de l’inflation mondiale joue un rôle déterminant. 

« Chez nous, l’inflation est en grande partie importée, car nous dépendons massivement des produits alimentaires et boissons venus de l’étranger. La baisse des pressions inflationnistes au niveau international contribue donc directement à calmer la flambée des prix », a-t-il expliqué.

Pour illustrer son propos, Flory Mapamboli cite l’exemple de la dépréciation récente du dollar américain face à l’euro, conséquence des anticipations liées à la politique commerciale de Donald Trump. Cette évolution, selon lui, a rendu les produits américains plus compétitifs à l’étranger, dopant la croissance sans provoquer de hausse marquée des prix intérieurs.

Divergences avec le gouvernement

Cette analyse contraste avec la position officielle. Mardi, lors de la réunion hebdomadaire du Comité de conjoncture économique (CCE), le vice-Premier ministre et ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, a affirmé que la stabilisation du franc congolais est le fruit d’un travail conjoint entre le gouvernement et la BCC, et non un simple effet conjoncturel.

Mais Flory Mapamboli n’y voit aucun signe d’un véritable resserrement budgétaire. « La trésorerie du pouvoir central demeure très serrée, la dette sur le marché financier local a explosé, le solde budgétaire intérieur a déjà dépassé son niveau projeté à fin 2025, et les déficits de trésorerie sont devenus chroniques », a-t-il réagi.

Entre la lecture optimiste du gouvernement et l’analyse critique de cet ancien haut cadre du ministère des Finances, le débat reste ouvert sur la durabilité de la stabilité monétaire actuelle.

Jean-Baptiste Leni 

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