La question des infrastructures demeure l’un des défis majeurs en République démocratique du Congo, tant pour la capitale que pour les provinces. Ces derniers jours, plusieurs interventions de la part du gouvernement en termes de rencontres et descentes sur terrain ont montré la nécessité d’une action rapide et coordonnée, surtout avant la reprise de la saison pluvieuse, en vue de prévenir les conséquences des inondations et érosions, ainsi que fluidifier la mobilité.
Le 5 septembre dernier, le ministre des Infrastructures et Travaux publics, John Banza Lunda, a été alerté par l’état de délabrement avancé de la route de Matadi, au croisement Okito et Maternité située dans la commune de Ngaliema à Kinshasa, qui n’est que l’un de plusieurs cas dans la capitale congolaise.
Suite à cette alerte, l’Agence congolaise des grands travaux (ACGT) et l’entreprise CREC-8 ont été mobilisées pour le lancement des travaux. Il s’agissait de lancer le curage de caniveaux bouchés, avec des eaux usées débordantes et chaussée dégradée, entravant ainsi la mobilité.
L’évacuation de l’eau, le curage des collecteurs et la préparation du décapage ont été définis comme priorités immédiates, selon un communiqué du ministère des Infrastructures consulté par la rédaction de Deskeco.
« Nous avons commencé par le curage des caniveaux pour libérer l’eau avant de décaper la chaussée. Nous allons aussi assurer le débouchage complet afin de canaliser durablement les eaux », a expliqué Dan Mafef, ingénieure de l’ACGT. Le chantier couvre 200 mètres de long et 7 mètres de large, du quartier Delvaux jusqu’à la maternité, et illustre la volonté des autorités de répondre aux urgences urbaines, ajoute-t-il.
Dans la foulée, un second chantier a été lancé à la baie de Ngaliema avec le dragage de la rivière Gombe. L’objectif est de réduire les risques d’inondations récurrentes qui frappent Kinshasa. « Nous allons doter nos services de 12 dragues pour la capitale, puis étendre l’action aux villes riveraines. Restaurer le lit du fleuve, c’est sauver des vies », a indiqué le ministre.
L’Office des Voiries et Drainage (OVD) et la Régie des Voies Fluviales (RVF) se sont associés à l’initiative. Pour Ntambwa Tshimbalanga de l’OVD, cela souligne l’importance du nettoyage et de l’entretien régulier des collecteurs.
« Nos déchets bouchent les collecteurs. Avec ce projet, nous allons redonner à la rivière Gombe sa capacité d’écoulement », a rappelé Ntambwa Tshimbalanga de l’OVD. Pour Divine Kapinga, de la RVF, « l’appui sera total » afin de garantir le succès du projet. Ces travaux, au-delà de l’aspect technique, traduisent une volonté politique de protéger les populations et de renforcer la sécurité des zones vulnérables.
A Kinshasa, plusieurs voiries urbaines connaissent de plus à plus des dégradations, parfois allant jusqu’à interrompre la circulation entre avenues. Malgré des chantiers entrepris par le gouvernement via ses agences, la lenteur, ainsi que la qualité des travaux, inquiètent.
Au niveau des provinces, le constant reste tout de même à déplorer. Le 3 septembre dernier, le ministre des Infrastructures et Grands Travaux a effectué une tournée d’inspection dans la ville de Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo pour s’imprégner des états des infrastructures publiques dans cette région.
A Kisangani, à travers ses visites au Centre des matériels flottants de l’Office des routes, aux ports piétons de Kisangani 3 et Simisi, ou encore sur les artères principales comme l’avenue du 4 janvier, le boulevard Lumumba et le boulevard de l’Espagne, il a constaté les avancées mais aussi des défis persistants.
Plusieurs entreprises, dont Safrimex et Mont Gabaon Construction, encadrées par le BCECO et l’OVD, mènent des travaux sur ces sites, mais le ministre a tout de même soulevé la question de la qualité des ouvrages.
Lors de son passage au centre d’enrobés de l’Office des routes, John Banza Lunda a, par alleurs, insisté sur la remise en service d’équipements vieillissants et la sécurisation des concessions publiques. Il a appelé à maintenir la vigilance et à préserver les acquis.
Ces différentes initiatives, menées en l’espace de quelques jours entre Kisangani et Kinshasa, ont démontré la problématique persistante reliée aux Infrastructures à travers le pays. Cette situation appelle à l’urgence d’une politique budgétaire durable, d’un suivi technique rigoureux et d’un engagement collectif afin de garantir des routes, ouvrages et services publics à la hauteur.
Pour un ancien Conseiller du ministère des Finances en charge de la Trésorerie, Flory Mapamboli, le déficit en infrastructures en RDC ne peut être comblé avec les seules ressources budgétaires, à défaut d’augmenter fortement la dette publique, d’autant plus que 98% de budget global est orienté vers le fonctionnement des institutions.
Cet expert en Finances publiques appelle le gouvernement à développer les contrats de type BOT (Build-Operate-Transfer) et partenariats public-privé (PPP). Ces deux issues constituent, selon lui, des voies réalistes pour relever le défi des infrastructures en République démocratique du Congo, tout en préservant un cadre règlementaire favorable aux investisseurs.
Jean-Baptiste Leni