Les autorités provinciales du Maniema ont été alertées sur la poursuite des activités minières illégales par la société chinoise XIN HONG KUAN YE Sarl sur le périmètre PR 15504 dans le territoire de Lubutu. Dans une lettre datée du 27 mai 2025 adressée au gouverneur de la province, la société civile et les forces vives de ce territoire indiquent que ces activités se poursuivent malgré l'instruction officielle du 22 mai 2025 du chef de division provinciale des Mines et Géologie du Maniema, ordonnant le déguerpissement de cette société et l'installation de KAMKIS MINING Sarl, véritable titulaire du permis.
« Nous venons de constater qu'après la descente sur le terrain de la délégation des membres du comité local de sécurité élue avec les services techniques (MINES-SAEMAPE), ce vendredi 23 mai 2025, nous avons été informés que la société continue à exploiter sans autorisation préalable malgré la lettre de suspension du chef de bureau territorial des Mines et Géologie de Lubutu », peut-on lire dans une correspondance adressée au gouverneur de la province du Maniema, transmise à Deskeco.
La société civile déplore par ailleurs que, depuis plus de neuf mois, cette entreprise opère sans aucun acte social visible au niveau du village, du groupement, du secteur, ni même au niveau du territoire de Lubutu. De plus, les mesures d'atténuation et de réhabilitation de l'environnement ne sont pas respectées, ce qui constitue une violation flagrante des normes en vigueur.
Face à cette situation, la société civile de Lubutu appelle à l'implication personnelle du gouverneur de la province du Maniema. Elle sollicite le déploiement d'une commission d'enquête pour évaluer la situation sur le terrain et recommande que toute personne, physique ou morale, reconnue coupable de ces actes, soit soumise à la rigueur administrative et que la justice prenne les mesures appropriées à son encontre.
« La société civile et les forces vives de Lubutu dénoncent énergiquement cet acte et sollicitent votre implication, en déployant une commission d'enquête y afférente, en vue de s'imprégner de la situation et que celui qui sera trouvé comme auteur puisse subir la rigueur administrative et que la justice s'en occupe », indique-t-on.
Par ailleurs, des rapports antérieurs ont révélé la présence de militaires sur des sites miniers à Lubutu, entraînant des exactions contre les populations locales. En mai 2024, la société civile et les forces vives avaient alerté les autorités. Son président, Mutoro Mumbere Jean-Pierre, indiquait que plusieurs sites miniers dont ceux de Masaba, Nzigida, Kilomoto, Cholo, Magiatani et Etogo étaient illégalement occupés par des militaires, compromettant ainsi la sécurité des citoyens qui subissent des tracasseries, des fouets et des tortures.
L'exploitation minière illégale et anarchique en RDC est un fait généralisé. Dans la province du Sud-Kivu, le gouvernement avait pris une décision courageuse de suspendre toutes les activités minières. À travers un arrêté du 18 juillet 2024, il dénonçait l'illégalité dans laquelle plusieurs sociétés chinoises opéraient, sans permis d'exploitation.
« En suspendant ces activités, force est de constater que nous attendions 400 entreprises identifiées comme illégales. Nous en avons découvert 1 600 qui se sont présentées, certaines étaient là depuis huit ans, dix ans, mais n'avaient jamais payé de taxes, ni rien du tout », expliquait-il devant la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale française, le 2 avril 2025.
Jean-Baptiste Leni