RDC : L’organisation des futures élections face aux défis économiques et sécuritaires

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PAR Deskeco - 04 avr 2025 16:21, Dans Actualités

La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a publié ce vendredi 4 avril la feuille de route pour les élections générales 2025-2029, dans le but de préparer les prochaines échéances électorales. Dans son allocution de circonstance, Denis Kadima, président de cette institution d'appui à la démocratie, a relevé que les défis financiers sont parmi tant d'autres qui pourraient empêcher perturber l’organisation des élections.

Ainsi, Denis Kadima estime que les défis sécuritaires, particulièrement dans l'Est de la RDC où la paix reste précaire, constituent un obstacle majeur. En effet, la situation dans cette partie du pays se dégrade chaque jour depuis l'offensive de l'armée rwandaise et des rebelles de l'AFC-M23, qui a abouti à la prise des villes de Goma et de Bukavu par l'ennemi.

Depuis lors, le gouvernement de Kinshasa perd plusieurs recettes et ressources de cette région, ce qui est susceptible d'affecter négativement l'exécution de la loi de finances 2025. Cette situation met le gouvernement dans l'incapacité de mobiliser les ressources nécessaires, notamment pour l'organisation des futures élections.

En effet, le ministère du Budget avait déjà identifié les risques sécuritaires comme un frein à l'exécution normale des dépenses publiques, car ils obligent l'État à « allouer des montants conséquents qui exercent même une pression sur les dépenses sécuritaires exceptionnelles et d'intervention ».

Pour ne prendre que l'exemple de la province du Sud-Kivu, le gouverneur Jean-Jacques Purusi, devant la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale française mardi dernier, a indiqué que les réformes dans le système de fiscalité initiées par lui avaient permis de faire passer les recettes mensuelles de 500 000 dollars américains à 1 750 000 USD.

D'après le gouverneur, si la mise en œuvre des réformes se poursuivait, les recettes mensuelles de la province pourraient atteindre 25 millions USD par mois. C'est ce qui constitue le manque à gagner pour le Trésor public depuis la prise de la ville de Bukavu par l'armée rwandaise et les rebelles de l'AFC-M23, comme c'est le cas dans toutes les autres agglomérations sous leur contrôle.

Le dernier rapport des experts des Nations unies indiquait qu'au moins 150 tonnes de coltan ont été frauduleusement exportées vers le Rwanda depuis les mines de Rubaya, où l'AFC-M23 a établi une administration parallèle.

Ces minerais étaient mélangés à la production rwandaise, entraînant une contamination majeure des chaînes d'approvisionnement des minéraux dits "3T" (étain, tantale et tungstène) dans la région des Grands Lacs. Ce mélange a été décrit comme la plus grande contamination de ce type enregistrée au cours des dix dernières années.

C’est aussi dans ce contexte que  des députés du groupe La France insoumise ont déposé à l'Assemblée nationale de leur pays une proposition de résolution européenne plaidant notamment pour un embargo total sur les exportations de minerais dits "3T" (coltan, étain, tungstène) en provenance du Rwanda, la suspension des accords économiques et de défense avec Kigali, ainsi que le gel de l'aide budgétaire directe et de l'assistance militaire européenne au Rwanda.

Bruno Nsaka

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