Jean-Jacques Purusi Sadiki, gouverneur de la province du Sud-Kivu, a été invité à prendre la parole ce mercredi 2 avril 2025 devant la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale française, où il a évoqué les défis sécuritaires, économiques et de développement, dus notamment à la prise d'une grande partie de la province par l'armée rwandaise et les rebelles de l'AFC-23.
Pour le gouverneur de la province, qui plaide pour le retour à la normale de la situation, notamment par le rétablissement des institutions légalement établies, les réformes entamées dans le domaine de la fiscalité avaient permis de tripler les recettes de la province, peu avant la prise de la ville de Bukavu par l'ennemi.
« Cette province qui pouvait générer plusieurs millions de dollars par mois ne générait que 500 000 dollars américains par mois. Jamais on n'a dépassé ce chiffre, tout simplement parce qu'on a une fiscalité confiscatoire, parce qu'il y a une multitude de taxes - plus de 1 400 taxes -, il y a des taxes inutiles et la lourdeur administrative. Ces éléments font que le Rwanda a compris le jeu : en essayant de mettre de l'or chez lui, il s'accapare même 90 % des hommes et femmes de chez nous, c'est-à-dire du Kivu vers chez lui », a-t-il affirmé.
Pour remédier à cette situation, le gouverneur a mis en place plusieurs réformes. Parmi les plus significatives, il a mentionné la réduction de la fiscalité confiscatoire de 80 % à 26 %, ainsi que la suppression de 147 taxes jugées inutiles.
Pour le gouverneur, ces réformes ont rapidement porté leurs fruits. Au lieu des 500 000 USD habituels, les recettes de l'État ont atteint 1 750 000 USD dès le premier mois suivant l'application des mesures.
Selon lui, la fiscalité confiscatoire reste l'un des principaux obstacles à une croissance économique plus soutenue dans cette région, pourtant riche en ressources naturelles.
En outre, un processus de bancarisation et de numérisation des transactions commerciales a été lancé, et un guichet unique pour toutes les opérations commerciales a été créé, contribuant ainsi à une gestion plus efficace et plus transparente.
Jean-Jacques Purusi Sadiki a également indiqué avoir mis en place une politique de bonne gouvernance, menant à l'arrestation d'une quarantaine de personnalités politiques impliquées dans des pratiques de corruption. Par ailleurs, des entreprises chinoises exploitant illégalement les ressources de la province ont été fermées et contraintes de s'acquitter de leurs obligations fiscales.
« Si ces réformes sont poursuivies, nous estimons qu'elles pourraient permettre de mobiliser jusqu'à 25 millions de dollars par mois », a conclu le gouverneur, soulignant les perspectives de croissance pour la province du Sud-Kivu.
Jean-Baptiste Leni
