La loi de finances en vigueur pour l’exercice 2025 a rehaussé les dépenses de fonctionnement du Fonds forestier national à 30 696 764 165 CDF, alors que, selon la loi des finances rectificatives 2024, elles étaient prévues à 20 870 630 658 francs congolais. Une hausse très significative pour cette structure, spécialisée dans le reboisement, ce qui témoigne de la volonté du gouvernement d’investir à travers cette structure, malgré son échec cuisant dans le projet du président de la République « jardin scolaire : un milliard d’arbres ».
Le Fonds forestier national émane du Fonds de reconstruction du capital forestier (FRCF), qui fut une direction normative du ministère de l’Environnement et développement durable. Il a vu le jour grâce à la loi n°011/2002 du 29 août 2002, portant code forestier de la République démocratique du Congo, spécialement à son article 81.
Son fonctionnement, activé en 2019 par le gouvernement de la République démocratique du Congo, à travers notamment le ministère de l’Environnement, visait à piloter le projet « jardin scolaire : un milliard d’arbres », projet initié par le président de la République, pour un coût d’un milliard de dollars. Le projet était censé s’achever en 2023, comme l’avait bien annoncé la ministre Eve Bazaiba lors d’un briefing animé avec son collègue de la communication, Patrick Muyaya, le 6 décembre 2024, mais il a continué de figurer dans le projet de budget 2024, à hauteur de 5 300 000 000.
Le Fonds forestier national, qui était chargé de piloter ce projet, l’a visiblement fait échouer. Plusieurs observateurs ont dénoncé une mauvaise utilisation et le détournement de ses fonds. En 2023, les critiques se sont accentuées, même au niveau interne du FFN, sur l’opacité qui entourait le financement destiné à ce projet de « jardin scolaire : un milliard d’arbres ». C’est notamment le cas du PCA du FFN, Rigobert Kuta Mwana Kuta, qui affirmait, au cours d’un point de presse organisé à son domicile le 3 avril 2024, que le projet a échoué, et que le Directeur général, Honoré Mulumba, du Fonds forestier national en était à l’origine, pour non-respect des décisions et opacité des fonds du projet.
Il avait annoncé des poursuites judiciaires contre les détourneurs de fonds dans le cadre du projet, mais jusqu’à aujourd’hui, personne n’a eu de nouvelles sur ce dossier. Il faut rappeler que ce projet, destiné à cinq ans, a connu une réalisation de 0,05 % dans son ensemble. Il consistait à reboiser des arbres pour lutter contre le réchauffement climatique. Le projet a été fixé à un milliard de dollars, en raison d’un dollar par arbre.
Selon Eve Bazaiba, ministre de l’Environnement et développement durable, le projet n’a été financé qu’à hauteur de 870 millions de dollars, soit 87 %, alors que son impact demeure jusque-là invisible.
Jean-Baptiste Leni
