Pour faire face aux défis liés à la qualité des routes en RDC, Alexis Gisaro, ministre congolais des Infrastructures et Travaux Publics (ITP), a plaidé pour l’augmentation du budget alloué à son ministère pour l’exercice 2025.
Il l’a dit lors de son intervention la semaine dernière à l’Assemblée nationale.
Selon Alexis Gisaro, le budget de l’exercice précédent n’avait pas été à la hauteur des dépenses exigées pour la construction des routes. Plusieurs chantiers sont donc à l’arrêt par manque de financement, comme c’est le cas du tronçon Bukavu-Mwenga-Kamituga-Kitutu-Kasongo. C’est aussi le cas du tronçon Kisangani-Komanda-Beni, a indiqué le ministre.
« Le vrai problème que nous rencontrons, c’est le problème de financement. Voilà pourquoi j’avais sollicité, dans le cadre de la loi de finances 2025, qu’une part plus importante soit allouée au ministère des Infrastructures et Travaux Publics, afin que nous puissions réaliser tous ces projets routiers qui vous tiennent à cœur : des projets de routes, de voiries et de constructions de bâtiments », a déclaré Alexis Gisaro.
Il a aussi évoqué la problématique du respect de la répartition et du décaissement du budget, au vu du nombre de routes prioritaires à construire et à réhabiliter.
Si le ministre plaide pour l’augmentation du budget alloué à son ministère, l’observation par Deskeco de la loi des finances 2024 et du projet de loi des finances 2025 fait remarquer un accroissement de 55 % du budget alloué au ministère des ITP. En effet, le budget est passé de 1 652 milliards de Francs congolais en 2024, soit un peu plus de 648 millions de dollars américains, à 3 002 milliards de FC dans le projet de loi des finances 2025, soit un peu plus de 1,1 milliards de dollars américains.
La vraie question se pose sur la transparence dans la gestion de ces fonds et leur allocation effective. En effet, le 8 novembre dernier, le Centre de recherches en finances publiques et développement local (CREFDL) a révélé l’existence d’un arrêté référencé n°CAB/MINETAT/ITP/AGM/016/2023 du 28 juin 2023, qui octroie une rétrocession de 2 % sur tous les marchés d'infrastructures réalisés par son ministère.
Pourtant, le gouvernement de la RDC prévoit déjà dans sa loi des finances annuelle une allocation destinée au fonctionnement des cabinets ministériels.
Pour l'année 2024, par exemple, selon les chiffres consultés par Deskeco, un montant de 2 509 861 493 FC (soit un peu plus d'un million USD) était prévu pour le fonctionnement du cabinet du ministère des ITP.
Par conséquent, 53,7 % de ce budget, soit 1 349 509 253 FC (environ 539 803 USD), est consacré aux titres de voyage à l’intérieur et à l’extérieur, aux frais de mission à l’intérieur et à l’extérieur, ainsi qu'aux prestations intellectuelles et de formation. Le CREFDL avait alors qualifié la rétrocession de 2 % d'« inacceptable ».
Cette structure avait aussi appelé le parlement, en tant qu’autorité budgétaire, à renforcer le contrôle pour contrer tout détournement de deniers publics.
Jean-Baptiste Leni