A l’issue de sa réunion de jeudi 8 août 2024, le Comité de politique monétaire (CPM), sous la direction de madame le Gouverneur de la Banque centrale du Congo Malangu Kabedi Mbuyi, a décidé du maintien de la politique monétaire restrictive en gardant le taux directeur de la BCC à 25%. Pour les experts du CPM, cette mesure vise à « consolider les récents développements positifs relatifs à l'inflation et à la valeur externe de la monnaie nationale ».
Rappelons que c’est depuis le 8 août 2023, soit une année déjà, que le Comité de politique monétaire de la Banque Centrale du Congo (BCC) avait décidé d'un relèvement du taux directeur de la BCC de 11% à 25%.
Pour Aimé Lambala, Expert en Hautes finances et Monétariste et Marchés financiers, cette décision du Comité de politique monétaire est en déphasage avec la réalité économique et financière de la République démocratique du Congo.
«Nous avons deux directions différentes pour le pilotage de la politique monétaire en RDC (le Ministre des Finances et Le Gouverneur de la BCC), alors sans un responsable direct indépendant, la politique monétaire serait toujours dans les tâtonnements. La Décision de la BCC, de maintenir le taux directeur à 2.500 points de base (Pb) (Ndlr : soit 25%), est une décision non conforme à la réalité économique et financière du pays. Cela prouve l'incapacité et l'incompétence du comité de la politique monétaire (CPM), de la BCC par une mauvaise politique macro prudentielle dans les finances du pays », a allégué Aimé Lambala.
De son avis d’expert, il n’y a pas une forte inflation monétaire en RDC. La vitesse de circulation monétaire ES étant faible par rapport à la demande. « de maintien du taux directeur à 25%) casse les investissements, avec une monnaie nationale qui n’est pas une réserve de valeurs, avec sa politique monétaire de contraction mise en place », soutient-il.
Pour lui, le Ministre des finances devrait appliquer la politique économique d'expansion pour pousser à la consommation et à la croissance du PIB (Produit Intérieur Brut), en création de la valeur et en stimulation des indices (LCI, CPI, JOX, PME, PMI).
« Sans des mesures d'incitation, nous allons avoir une dépréciation du Franco-congolais », pense-t-il. Et il soutient que « la non stérisation monétaire de la dette, par le Gouvernement par rapport au Budget dans un régime de change flottant de la BCC et Gouvernement, déprécie la monnaie nationale par rapport aux dollars ».
« En plus l'application du régime de change fixe par le Trésor et la BCC et l'augmentation du taux directeur qui amène la monnaie en découvert, mais en faisant appel à la monétisation de la dette cela pousse à la dévaluation du franc congolais en aggravation de la dette. Ce qui est un cercle vicieux financier en dégradation de la politique macroéconomique qui reste instable dans l'ensemble de l'économie nationale et en dégradation structurelle. Contrairement aux indications de la BCC, du Gouvernement et du FMI. Par manque de la POLICY-MIX BUDGETARO-MONETAIRE notre économie reste PROCYCLIQUE », renchérit Aimé Lambala.
A savoir, selon Wikipédia, la politique conjoncturelle est procyclique lorsque l'Etat agit dans le sens de la conjoncture pour l'amplifier. Exemple : prendre des mesures de relance pour stimuler la demande et la croissance économique en période de récession. Une politique budgétaire pro-cyclique découle de l'incapacité des gouvernements à emprunter pendant les mauvaises périodes à cause d'imperfections des marchés de capitaux et à épargner pendant les bonnes périodes à cause d'un « effet de voracité ».
En ce qui concerne le taux directeur, c’est le taux d'intérêt fixé par la banque centrale d'un pays ou d'une union monétaire et qui lui permet de réguler l'activité économique. Le pilotage de ce taux directeur est un instrument de politique monétaire, qui permet d'agir sur la vie économique d'un pays. En effet, le taux directeur influence directement le prix du crédit et de l'épargne octroyés par les banques privées qui répercutent les taux de la banque centrale.
Amédée Mwarabu