« Je me fais le devoir de vous adresser la présente lettre qui fixe les grandes orientations de l’élaboration du budget de l’exercice 2025 au niveau central, provincial et local », a déclaré la Première ministre, Judith Suminwa.
À l'en croire, ces orientations sont axées sur trois principaux points essentiels à savoir, le contexte économique international, les objectifs macroéconomiques au niveau national et l’orientation de la politique budgétaire.
En ce qui concerne les Perspectives du Fonds monétaire international (PEM) d’avril 2024, la croissance mondiale devrait se maintenir, au cours des années 2024 et 2025, à son niveau de 3,2% observé en 2023. En Afrique subsaharienne, la croissance devrait aussi s’accélérer progressivement en 2024 et en 2025, passant d’un taux estimé de 3,4% en 2023 pour atteindre 3,8% en 2024 et 4,0% en 2025, suite à l’amélioration progressive des perspectives économiques dans les pays exportateurs des produits de base. L’inflation mondiale, après son niveau de 6,8% en 2023, celle-ci devrait connaître un recul pour se situer à 5,9% en 2024 puis à 4,5% en 2025, en raison de l’évolution favorable de l’offre mondiale et du resserrement de la politique monétaire.
Quant aux objectifs macroéconomiques du gouvernement pour les trois prochaines années, ils se fondent sur des sources sectorielles pouvant booster la croissance, avec un accent particulier sur la productivité agricole. Ces objectifs macroéconomiques devront être pris en compte dans les prévisions des recettes et des dépenses dans les secteurs respectifs.
Évoquant l’orientation de la politique budgétaire, la Première ministre a préconisé d’adosser l’exercice du budget 2025 au Programme d’Actions du gouvernement 2024-2028.
En effet, en matière des dépenses, la politique budgétaire devra s’inscrire sur les six piliers de ce programme qui devront concourir à la création d’emploi, à la restauration de la paix particulièrement dans l’Est du pays, à l’amélioration de l’accès de la population aux services sociaux de base, à la poursuite des grands projets de développement amorcés notamment le PDL-145T et la gratuité de l’enseignement primaire ainsi qu’à la diversification de l’économie, avec un accent particulier dans les secteurs de l’agriculture et l’industrie.
En matière des recettes, la politique budgétaire envisagée s’inscrit dans l’optique de l’élargissement de l’espace budgétaire par la poursuite des réformes fiscales et douanières, la promotion de la culture fiscale, la lutte contre la corruption, l’évasion et la fraude fiscales ainsi que l’intensification des contrôles, en vue de hisser la pression fiscale au niveau des pays de l’Afrique Subsaharienne. Elle devra également encourager le Partenariat Public-Privé en vue de financer certains investissements publics.
Appel à la transparence dans les dépenses
« Je vous exhorte donc à poser des actes budgétaires allant dans le sens de cet objectif », a-t-elle renchéri, soulignant que la stabilité macroéconomique, la qualité et l’orthodoxie dans la gestion des finances publiques requièrent une discipline dans l’exécution de la dépense publique. Ces dépenses publiques devront être exécutées sur base caisse, en fonction des ressources disponibles, conformément au Pacte de stabilité conclu entre le gouvernement et la Banque centrale du Congo en 2020.
« Le respect de la chaine de la dépense publique doit être de stricte rigueur dans l’exécution de la dépense publique. Le paiement par la procédure d’urgence doit se conformer au manuel des procédures et du circuit de la dépense publique. Les outils de programmation infra annuelle des dépenses (Plan de Trésorerie, Plan d’Engagement Budgétaire et Plan de Passation des Marchés publics) doivent être cohérents entre eux, d’une part, et avec le Budget, d’autre part », a précisé la cheffe du gouvernement.
« Il en est de même pour les marchés publics qui devront respecter les procédures y relatives, lesquelles doivent passer par le Système Informatisé de Gestion des Marchés Publics « SIGMAP » dont la mise en place doit s’effectuer dans le meilleur délai », a-t-elle poursuivi.
Les dépenses courantes quant à elles devront être maitrisées, afin de dégager des marges budgétaires pour les dépenses sociales. La poursuite de la réduction du train de vie des institutions parait à ce sens un idéal pour l’exercice 2025.
La politique salariale devra demeurer prudente: le recrutement dans les services publics doit strictement se référer aux postes budgétairement prévus, en vue de la maitrise de la masse salariale qui, du reste, ne devrait pas dépasser 5% du PIB, conformément au Programme économique du gouvernement conclu avec le FMI.
Dans le cadre des interventions économiques, celles-ci ne devront être accordées qu’aux structures dont la finalité peut avoir un impact d’intérêt général et contribuer au bon fonctionnement des services publics.
Le ministère du Budget ne devra inscrire au budget que les structures approuvées par les ordonnateurs des dépenses. Aussi, les prévisions des dépenses publiques devront-elles refléter les priorités stratégiques définies dans le Programme du gouvernement.
L’exercice budgétaire 2025 doit privilégier les dépenses de la restauration de la sécurité dans la partie Est du pays et la sécurisation de la population et de leurs biens; la diversification de l’économie en vue de la création d’emplois ; l’accès aux services sociaux de base ; – la poursuite des grands projets de développement, notamment le PDL-145 Territoires, la gratuité de l’enseignement primaire et la Couverture santé universelle ; la poursuite de l’investissement dans les secteurs porteurs de croissance en vue d’assurer la connectivité du pays ; la réforme de l’Administration publique et des finances publiques ; la lutte contre le changement climatique.
A cet effet, la programmation budgétaire devra approcher progressivement la loi de programmation du secteur de la Défense, en vue notamment de poursuivre le programme de recrutement au sein des FARDC pour le rajeunissement de l’Armée et le dégagement des inactifs, poursuivre l’amélioration des conditions de vie des militaires et des anciens combattants, le programme de construction et de réhabilitation des infrastructures militaires et équipements de matériels, et acquérir les équipements, les outils de surveillance moderne et la logistique de la Police nationale congolaise. La poursuite de l’établissement des zones économiques spéciales dans les sites identifiés devra notamment être prise en compte dans le budget.
Dans le secteur du Tourisme, les crédits budgétaires devront valoriser le potentiel industriel du pays, en vue de développer une offre touristique diversifiée et attrayante.
S’agissant de l’accès aux services sociaux de base, le budget 2025 devra mettre un accent particulier sur les secteurs de la Santé, de l’Education et de l’Energie.
Dans le secteur de la Santé, l’objectif est de garantir l’accès aux soins de santé de qualité pour tous
La Première ministre a mis l’accent particulier sur la couverture santé universelle à travers notamment la matérialisation effective de la gratuité de la maternité dans toutes les provinces, en vue de réduire sensiblement la mortalité maternelle et infantile, l’extension des accouchements gratuits aux femmes et la prise en charge par l’Etat des nouveaux nés pendant les 28 jours de la naissance devra également être étendue sur l’ensemble du territoire national. La poursuite de la réfection et l’équipement des hôpitaux généraux de référence des chefs-lieux de province ? la distribution des équipements médicaux dans les grands hôpitaux et centres de santé en cours de construction dans le cadre du PDL 145 Territoires.
Dans le secteur de l’Education, les prévisions budgétaires devront s’inscrire dans l’optique de poursuivre la mise en place d’un système éducatif performant, inclusif et équitable. Elles devront approcher 6% du PIB, conformément au Partenariat Intérimaire de l’Education. Dans le sous-secteur de l’EPST particulièrement, la politique de la gratuite de l’Enseignement primaire amorcée en 2019 devra être poursuivie et étendue à l’enseignement secondaire à partir de 2025, conformément à la volonté du Chef de l’Etat.
Attention soutenue accordée à la construction des écoles
A cet effet, une attention soutenue devra être accordée à la construction de nouvelles écoles, au recrutement et à la mécanisation des enseignants ainsi qu’à la prise en charge de frais de fonctionnement des écoles et à la poursuite du programme de mise à la retraite des enseignants.
Dans le secteur de l’Energie, garantir l’accès à l’énergie et à l’eau potable constitue un cheval de bataille pour le gouvernement.
Les crédits dans ce secteur devront privilégier les équipements en infrastructures électriques et hydrauliques. Les prévisions budgétaires de l’exercice 2025 devront inclure les principaux projets INGA dans le portefeuille de la Banque mondiale, la finalisation et la mise en service des centrales hydroélectriques de Katende et de Kakobola, la rénovation et l’extension des réseaux de distribution Tshikapa – Kamonya et Inga – Kolwezi, le lancement des projets de parcs solaires dans chaque territoire et la construction des forages d’eau dans chaque territoire.
Dans le cadre de la poursuite de l’investissement des secteurs porteurs de croissance, les prévisions budgétaires de l’exercice 2025 devront accorder une attention particulière sur les Infrastructures et les Transports.
Dans les secteurs des Infrastructures, des crédits significatifs devront être alignés dans les infrastructures routières en vue d’assurer la connectivité maximale du pays dans les axes stratégique. Il convient de rappeler que la Première ministre n’a pas oublié d’autres secteurs de la vie nationale. Toutefois elle a souhaité la discipline budgétaire par la maitrise du déficit. A cet effet, le déficit global et le déficit interne devront être contenus dans les limites acceptables, pour ne pas aberrer la viabilité de la dette et maintenir le pays à son niveau de surendettement modéré. Le financement budgétaire devra être assuré par des moyens saints, notamment la levée des fonds sur le marché domestique dans le cadre de l’émission des titres publics et le recourt à l’emprunt auprès des partenaires bi et multilatéraux. Ce qui implique le non recourt aux avances de la Banque centrale comme l’exige l’article 16 de la LOFIP. Dans le cadre de la définition des nouvelles règles budgétaires, en vue de renforcer la discipline budgétaire, elle a recommandé d’introduire le solde budgétaire hors ressources minières dans les projections budgétaires et d’adopter une politique budgétaire contra-cyclique.
Bienvenu Ipan