Le ministère des Finances vient de publier officiellement sur son site internet une « Stratégie Nationale d’Inclusion Financière » (SNIF) dont la vision à l’horizon 2028 est : « Améliorer l’accès aux produits et services financiers formels, abordables et adaptés ainsi que leur usage par la majorité de la population et des entreprises, particulièrement des MPME et ce, de manière socialement responsable». Ce, parce qu’il est admis par tous que « les produits et services financiers, lorsqu’ils sont accessibles, compétitifs et adaptés aux besoins quotidiens de la population, contribuent à renforcer le caractère inclusif de la croissance économique et favorisent la réduction de la pauvreté ».
Dans cette perspective de la mise en œuvre de la SNIF, sur le plan quantitatif, le Gouvernement congolais veut voir augmenter le taux d’inclusion financière de 38,5 % en 2022 à 65 % en 2028, tout en se concentrant sur les groupes relativement exclus, à savoir les résidents ruraux, les micros, petites et moyennes entreprises (MPME), les femmes et les jeunes. Dans le même ordre d’idées, la pénétration de l’assurance devrait atteindre 3 % au cours de cette même période.
Pour réaliser cette vision et atteindre ces cibles, la SNIF compte une série d’actions structurées autour de six objectifs stratégiques, à savoir : (i) Accès accru aux services et produits financiers ; (ii) Davantage de crédits aux ménages et aux petites et moyennes entreprises ; (iii) Utilisation accrue de l’argent mobile et autres services fintechs ; (iv) Education financière et protection des consommateurs ; (v) Infrastructures et institutions plus solides et (vi) Plus d’assurances adaptées aux particuliers et aux entreprises. Considérant l’étendue du pays, un accent particulier est mis sur la digitalisation sur fond d’un renforcement de l’éducation financière et de la protection des consommateurs ainsi que des infrastructures du système de paiement.
Cette stratégie, qui a été élaborée suivant une approche participative par une équipe multidisciplinaire, permettra, selon ses initiateurs, d’assurer une coordination efficace et une meilleure synergie des interventions des acteurs du secteur public, du secteur privé, de la société civile ainsi que des partenaires techniques et financiers.
Pour assurer le pilotage, le suivi et la mise en œuvre des actions retenues, il est constitué un Comité de pilotage de la SNIF chargé, notamment d’édicter les grandes orientations stratégiques et rendre compte au Gouvernement. Ce Comité de pilotage est assisté par le Comité technique composé des experts du Ministère des Finances, des ministères sectoriels concernés, de la BCC, de l’Autorité de Régulation et de Contrôle des Assurances (ARCA) et des associations professionnelles évoluant dans les secteurs bancaire et de la microfinance.
Ce document est structuré en sept parties, à savoir : (i) Contexte ; (ii) Etat des lieux de l’inclusion financière en RDC ; (iii) Problématique de l’inclusion financière ; (iv) Stratégie nationale d’inclusion financière ; (v) Mise en œuvre et évaluation ; (iv) Plan d’actions et (vii) Risques et mesures d’atténuation.
Contexte
La crise financière de 2008 avait conduit le Gouvernement et la Banque Centrale du Congo (BCC) à mettre en oeuvre d’importantes réformes dans le secteur financier et à commander des études auprès des partenaires au développement, notamment la Banque mondiale (Evaluation du secteur financier réalisée en 2013 dans le cadre du programme Financial Sector Assessment Program/FSAP) et l’UNCDF (Diagnostic de l’inclusion financière réalisé en 2016 dans le cadre du processus Making Access Possible /MAP), pour la consolidation de la stabilité du secteur financier et l’amélioration de l’inclusion financière.
La préservation de la stabilité macroéconomique et la poursuite des réformes portant, notamment sur la bancarisation de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat, la monnaie électronique, la digitalisation de paiement des droits dus à l’Etat et la libéralisation du secteur des assurances, ont entrainé un changement du paysage financier en RDC.
Le nombre d’institutions évoluant dans le secteur financier est passé de 175 en 2009 à 287 en 2022. Sous l’effet de la monnaie électronique, le nombre de comptes dans le secteur financier a atteint 21,5 millions en 2022 contre 1,1 million en 2009.
En dépit de cette évolution positive, le niveau d’inclusion financière reste relativement faible. Le taux d’inclusion financière s’est situé à 38,5 % en 2022 contre une moyenne en Afrique subsaharienne de 55%. Le crédit au secteur privé équivaut à 7,5% du PIB alors que la moyenne en Afrique subsaharienne s’élevait déjà à 38 % en 2020. L’accessibilité des populations aux services financiers, déterminée par le taux de pénétration démographique, est de 2 points de service par 10.000 habitants en 2022.
Parmi les causes de l’exclusion financière en RDC, il y a lieu de citer principalement : l’éloignement des institutions et le coût des services financiers ; les contraintes infrastructurelles couplées à un écosystème de paiement peu développé ; le faible niveau d’éducation financière et de vulgarisation de l’argent mobile ; l’insuffisance des dispositions sur la protection des consommateurs des services financiers et la conduite du marché.
Au niveau du secteur des assurances, bien que les primes aient été multipliées par 2,9 depuis l’entrée des nouvelles entreprises en 2019, la densité d’assurance et le taux de pénétration demeurent très faibles par rapport aux pays de la région.
DESKECO