Plus de 3/4 des sites miniers dans la province de l'Ituri sont contrôlés par les groupes armés. Ces derniers exploitent l'or et font échapper des millions des dollars américains à l'Etat congolais. C'est ce que dénonce la Coalition des organisations de la Société civile du Haut-Uélé et de l'Ituri pour la gouvernance des ressources naturelles dans son dernier rapport publié au mois d'août 2022.
La société civile s'inquiète de l'activisme des groupes armés à l'est de la RDC qui continuent à étendre et consolider leurs positions dans des zones d'exploitation minières au vu et au su des autorités politico-administratives et militaires.
"Le fait de laisser ces groupes armés opérer et exploiter de l'or constituerait un signe de sabotage de l'autorité de l'Etat, comme quoi ces groupes diraient l'Etat congolais n'existe pas", dénonce la société civile dans son rapport.
Les autorités politico-administratives et militaires accusées de complicité
Jimmy Munguriek, membre du Comité exécutif de l'ITIE-RDC, appelle les autorités à plus de responsabilité pour mettre fin à l'occupation des groupes armés dans les sites miniers d'exploitation d'or.
"On peut conclure qu'il y a un réseau qui impliquerait différents niveaux. Il y a dans ce réseau de personnel de l'administration, c'est une présomption. Parce qu'on ne peut pas comprendre que la loi prévoit tous les services qui doivent se retrouver sur la chaîne d'approvisionnement en minerais et qu'ils ignorent tous ce qui se passe réellement. Voilà pourquoi vous remarquerez que nous sommes en train de dénoncer l'exploitation illégale en présences de tous ces services. Est-ce qu'il faut penser à une complicité de ces services ? Faut-il penser à l'innocence de ces services ? C'est pour cela nous avons demandé aux ministères de chercher à connaître la responsabilité de leurs agents sur terrain par rapport à tout ce qui se passe", a-t-il déclaré.
Il a aussi dénoncé la sécurisation des zones d'exploitation artisanale illégale par des militaires.
"Dans la plupart des cas, l'exploitation illégale se fait sous la couverture des militaires. C'est-à-dire que les autorités sont au courant parce qu'un militaire ne peut pas se perdre d'assurer la sécurité d'une Zone d'Exploitation Artisanale (ZEA) de lui-même", a-t-il dénoncé.
De ce fait, la coalition recommande de (d') :
Au Vice-Premier ministre, ministre de l'Environnement ainsi que le Ministre des Mines : prendre un arrêté interministériel obligeant les exploitants miniers artisanaux de réhabiliter l'environnement détruit par les faits d'exploitation.
Au Ministre national des Mines: - Instituer dans les deux provinces des ZEA viables après des enquêtes techniques sur terrain et les attribuer aux coopératives minières légalement constituées et respectueuses de la législation minière ; - Arrêter tous les travaux des coopératives opérant en violation de la loi minière congolaise.
Au ministre de la justice : - Ordonner aux juridictions des provinces de Haut-Uélé et Ituri l'ouverture des actions judiciaires contre les exploitants défaillants conformément aux articles 299 à 311 du Code minier.
Au Ministre de la Défense : - Prendre des mesures idoines pour la cessation effective de l'activisme des groupes armés dans la province de l'lturi en général et des sites miniers en particulier
Jordan MAYENIKINI