L’ancien Directeur général de la BIAC (Banque Internationale d'Afrique au Congo), Michel Losembe a déploré le processus de « liquidation forcée » de cette banque, enclenché par la Banque Centrale du Congo. Il l'a dit lors de son passage à l’émission « Face à Face », une production de la radio Top Congo émettant depuis Kinshasa.
A en croire, Michel Losembe, la BCC n’a pas appuyé le plan de restructuration de la BIAC. Il trouve déplorable qu’une banque de cette trempe soit mise aux arrêts de manière forcée.
« Je déplore la liquidation de la BIAC menée par la Banque Centrale du Congo, qui signifie que tous les efforts qui ont été menés depuis 2013 ont échoué. J'aurai préféré que la Banque nous réunifie pour célébrer la réussite d'une restructuration plutôt d'en constater l'échec. Nous avons déployé beaucoup des ressources pour essayer de sauver la banque et cette banque était dans le top 5 du pays. C'est dommage que cette banque qui avait cette taille soit aux arrêts », a-t-il dit.
Michel Losembe précise que l’hibernation de la BIAC est également consécutive aux actionnaires de cette banque qui n’ont pas appuyé le plan de restructuration évalué à près de 40 millions, réalisé sous la houlette des meilleurs experts en matières des banques.
« Nous avons évalué en 2013 qu'il nous fallait à peu près 40 millions de dollars pour mener à bien la réforme au sein de la BIAC. Et les actionnaires s'étaient engagés mais, malheureusement, ce financement n'a pas eu lieu. Notre projet de restructuration a échoué parce qu'elle n'a pas été mise en œuvre. Nous avions fait appel à plusieurs experts, auditeurs en matières des banques et nous avions établi un plan de restructuration très complet qui a été soumis aux actionnaires et à la banque centrale pour sauver la banque, lesquels ils étaient engagés à accompagner, mais malheureusement rien n'a été fait », a-t-il fait savoir.
Concernant l’implication de la politique dans l’affaiblissement de la BIAC, Michel Losembe a été très franc. Il a décrit cette implication en ces termes : « Les politiques faisaient partie intégrante de la vie de la BIAC. La banque avait deux difficultés majeures au moment où j'en prends la gestion. Ce sont le financement de l'économie, les crédits que la banque avait octroyé au marché, que j'avais trouvés sur place. C'est-à-dire une exposition assez élevée et sur l'Etat et ses différents démembrements, des entreprises publiques, des administrations décentralisées comme les provinces où émanent des fonctionnaires. Ça représentait une partie non négligeable du portefeuille de la banque à peu près 40 millions de dollars. Et de l'autre côté, il y avait le financement que la banque avait octroyé à des entreprises apparentées aux actionnaires. C'est ce qui a fait que les crédits de la banque se sont retrouvés improductifs ».
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Pour rappel, la Banque centrale du Congo a lancé depuis le 10 octobre le processus de liquidation forcée de la Banque internationale pour l'Afrique au Congo. C’est depuis mai 2016 que cette institution financière a été placée sous gestion du Comité d’Administration Provisoire de la BCC. Ce Comité avait pour mission, notamment de présenter un plan de redressement de la BIAC dont les actifs devaient être rachetés par des repreneurs tout en apportant des solutions garantissant les retraits journaliers réclamés par les épargnants. Tous les efforts ont été échoués.
Avec un réseau de 100 agences dans une dizaine de villes en RDC, cette banque, créée en 1970, fait partie des banques historiques du pays. Pendant longtemps, elle était dans le top 5 des banques en termes de dépôts et de crédits.
Jordan MAYENIKINI