Alors que le franc Congolais a franchi la barre de 2000 FC le dollar américain, la Banque centrale du Congo et le gouvernement scrutent toutes les solutions pour soutenir notamment l’offre de devise sur le marché de change afin d’atténuer la dépréciation de la monnaie nationale.
Le gouverneur de la Banque centrale du Congo, Déogratias Mutombo, a lancé un énième appel aux opérateurs économiques du secteur des mines de rapatrier les 60% des revenus des exportations conformément au Code minier en vue notamment de soutenir l’offre en devise sur le marché de change.
« Nous sommes en train d’assister à une baisse sensible de l’offre de devise sur le marché. Ceux qui sont des pourvoyeurs des devises qui sont des miniers qui exportent nos minerais doivent rapatrier comme prévu dans le Code minier. Nous avons adressé des lettres à ces entreprises minières parce que pour 2019 et pour le premier trimestre 2020, on n’avait pas encore fait l’évaluation du rapatriement de devise. Nous ne voulons pas pénaliser ces miniers. Nous leur écrivons pour leur demander d’arranger cette situation de rapatriement de devise », a déclaré le gouverneur de la Banque centrale du Congo le vendredi 10 juillet à la traditionnelle conférence de presse qui a suivi la sixième réunion du Comité de politique monétaire.
L’autorité monétaire est préoccupée par la volatilité du taux de change sur le marché. Une des raisons c’est notamment la baisse de l’offre qui fait que la devise américaine se fait rare sur le marché occasionnant la surenchère. Dès lors, le gouvernement et la Banque centrale font pression sur les miniers de rapatrier leurs revenus d’exportation pour soutenir l’offre en devise sur le marché de change national.
« Le contrôle est en train de se préparer. Celui qui ne sera pas en situation de conformité avec le Code minier en ce qui concerne le rapatriement des revenus des exportations, il sera sanctionné. On n’a pas voulu faire un contrôle improvisé auprès des sociétés minières. On a préféré leur demander de s’y préparer et d’arranger la situation. D’ici là, nous allons envoyer des missions de contrôle. C’est parmi les 48 mesures préconisées par le gouvernement pour atténuer les effets de la crise sanitaire sur l’économie nationale », a prévenu Déogratias Mutombo.
Pour autant, du coté des finances publiques, depuis mai 2020 il n’y a pas eu de financement monétaire de déficit budgétaire. Le gouvernement a levé l’option de gérer ses dépenses publiques sur base caisse. Ce qui permet de limiter l’expansion monétaire constaté pendant notamment les quatre premiers mois de l’année à la suite du recours à la planche à billet pour financer le déficit budgétaire du gouvernement. Une pratique à la base de l’expansion monétaire et par ricochet de la dépréciation du franc congolais sur le marché de change.
« Nous allons aussi poursuivre avec le ministre des Finances et du Budget dans la coordination des politiques monétaires pour maitriser la circulation monétaire parce que nous avons arrêté avec le financement monétaire de déficit. Bien évidemment, le taux au parallèle a franchi la barre de 2000 FC le dollar américain. On ne peut pas se voiler la face. Il faut savoir que cette crise sanitaire a frappé durement beaucoup de pays plus que nous. Il faut faire seulement la lecture des taux d’inflation, de taux de change et de taux de croissance pour le comprendre. Ce n’est pas pour dire à l’opinion que nous sommes mieux. Non. Mais nous travaillons pour améliorer la situation. Mais, il faut la contribution de tous », a dit le patron de l’Institut d’émission qui ne cesse d’exhorter le gouvernement non seulement à harmoniser ses dépenses publiques par rapport aux recettes disponibles pour éviter des déficits mais aussi à rationaliser ses dépenses.
Le franc congolais s'est déprécier d'environ 15% depuis le début de l'année 2020 contre seulement 2,4% sur toute l'année 2019.
Amédée Mwarabu