Le président de la République a fait le tour de cinq hôpitaux qui prennent en charge les malades de covid-19 à Kinshasa. Le constat fait sur le terrain confirme toutes les dénonciations faites aussi bien par les malades que par le personnel soignant. Certaines structures sanitaires manquent de moyens pour mener à bien leur travail et qu’il existe effectivement une lenteur dans la transmission des tests de covid-19. Pire, dans certains hôpitaux, le personnel médical est impayé depuis 3 mois. Malgré ces failles dans la riposte de la plus grave crise sanitaire que le monde moderne n’ait connue, le chef de l’Etat n’a pris aucune sanction contre personne.
Le président de la République, Félix Tshisekedi, a visité, le jeudi 7 mai, trois hôpitaux publics (Clinique Ngaliema, Hôpital du Cinquantenaire, Hôpital de l’Amitié Sino-Congolaise) et deux établissements médicaux privés, en l’occurrence le « C.M.K » et le « H.J ».
Le Chef de l’Etat a également visité l’INRB qui, a-t-il dit, est une « fierté nationale », un joyau de la République, « un Institut unique en Afrique » pour lequel il a demandé au Gouvernement de le préserver et de lui consacrer tous les moyens nécessaires.
"Après avoir écouté aussi bien les responsables des hôpitaux publics visités que leurs pensionnaires dans leurs réclamations, le Chef de l’Etat a fait le constat et les recommandations qui suivent :- les personnes internées se plaignent de leur abandon ou de la non-assistance des responsables des centres (cas hôpital du cinquantenaire). Des recommandations ont été faites pour une meilleure prise en charge; - l’absence du matériel médical comme les respirateurs. Il a indiqué à ce sujet que les matériels commandés seront livrés à brève échéance ; - le personnel médical a l’impression d’être abandonné. Il lui manque des combinaisons pour accéder aux malades. Le Président a instruit le Ministre de la Santé d’intensifier les solutions à ce sujet ; - le non-paiement des salaires et primes du personnel soignant et autres accompagnateurs. Le Président a déploré cette situation à l’égard de « ces professionnels qui font preuve d’un courage particulier ». Il a demandé que leurs situations soient vite réglées ; - la lenteur dans la transmission des résultats des tests de dépistage. Sur ce point le Chef de l’Etat a annoncé l’arrivée prochaine des intrants permettant d’accélérer les résultats des tests et leur efficacité. Les Hôpitaux « CMK » et « HJ » devraient être dotés prochainement des médicaments pouvant engendrer la production rapide des tests ; - la restauration laisse à désirer. A ce sujet, le Ministre de la Santé doit prendre des initiatives pour faire cesser cette situation. En conclusion, le Président de la République a souligné la nécessité de mettre fin aux incompréhensions qu’il a décelées entre les malades et les responsables des établissements visités", note le compte rendu du conseil des ministres du vendredi 8 mai.
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Notons que de ce constat, le chef de l’Etat n’a sanctionné personne après sa communication à la 30ème réunion du Conseil des ministres. Pour autant, il y a lieu de se demander pourquoi ces lacunes dans la prise en charge alors que les moyens étaient disponibles.
En effet, selon le Premier ministre, Sylvestre Ilunga, répondant à la question orale du député Nzekuye sur la riposte contre le covid-19, le gouvernement a déjà dépensé 3,005 millions USD et les partenaires extérieurs ont déjà décaissé 20 millions sur les 102 millions accordés à la RDC.
Dès lors, comment comprendre qu’avec un montant total de 23 millions USD la riposte batte de l’aile à tous les niveaux : le personnel médical de l’hôpital sino-Congolais engagés à la prise en charge des malades ont trois mois d’arriérés de salaires, les malades mangent une fois par jour, le personnel médical manque d’équipement de protection pour soigner les patients, la lenteur dans la transmission des tests de dépistage, mauvaise coordination entre les hôpitaux, le Secrétariat technique, le ministère de la Santé et l’INRB.
Depuis le 10 mars, la RDC connait 937 cas confirmés, 39 décès et 130 guéris. 7 provinces sont touchées avec comme épicentre Kinshasa (884 cas).
Amédée Mwarabu