« Il faut abandonner le programme de référence conclu avec le FMI afin d’éviter de sombrer et de détruire les rares industries qui nous restent », (Prof Albert Tcheta-Bampa)

poignée de main félix kristalina
PAR Deskeco - 07 avr 2020 11:29, Dans Finances

La République démocratique du Congo a conclu le 28 octobre 2019 un Programme de référence avec le Fonds monétaire international qui doit être évalué fin mai 2020. Ce programme test est un préalable à la conclusion du programme formel triennal avec cette institution de Bretton Woods prévu au second semestre 2020.

Cependant la crise sanitaire de covid-19  est en train de terrasser toutes les économies du monde y compris, bien évidemment celle de la République démocratique du Congo. Dès lors, il parait difficile au gouvernement Congolais d’atteindre les objectifs quantitatifs et les repères structurels convenus dans ce programme test.

Selon le professeur Albert Tcheta-Bampa, il est difficile d’envisager l’avenir de ce Programme de référence dès lors qu’on ne sait pas dans quel état la crise sanitaire actuelle va laisser l’économie Congolaise.

Bien plus, ce professeur d’Economie reste sceptique quant au gain que la RDC peut tirer en implémentant des politiques d’austérité budgétaire comme c’est le cas avec ce Programme de référence du FMI.

Quand on lui pose la question de savoir quel avenir pour ce préprogramme et le programme futur entre le gouvernement et le FMI, il ne cache pas son scepticisme.

« Il n'y a pas vraiment de réponse précise à cette question. Tout dépend de l’impact terrible que pourra avoir la crise du Covid-19 en RDC et de l'objectif du gouvernement. Si le gouvernement veut réduire le déficit élevé que la crise va entraîner et la dette de façon drastique au cours des prochaines années, et ramener le déficit au niveau d’avant la crise, voir à zéro, l’accord conclu entre la RDC et le FMI sera exécuté avec ses mesures d'austérité. Cela demandera un effort considérable à l'ensemble des Congolais, comme c’est le cas de septembre 2019 jusqu’à la mise en place des récentes mesures gouvernementales de soutien à l’économie nationale.  Si l'objectif se veut moins ambitieux en termes de réduction du déficit et de la dette liés à la pandémie du coronavirus, alors on peut assez facilement, en limitant le gaspillage (dépenses de fonctionnement) et en permettant à la croissance de retrouver un niveau proche de son potentiel, baisser les déficits et la dette sans pour autant que cela soit trop douloureux pour les Congolais », a confié Albert Tcheta-Bampa dans un entretien accordé à DESKECO.COM.

Et d’ajouter : « Dans le premier cas de figure, cela passera sans doute par une phase de croissance plus faible, comme c’était le cas depuis la fin de récession de 2015-2016, donc par une hausse du chômage, et ce seront donc bien ces chômeurs qui seront les principaux perdants de cette politique. Il est curieux de voir que depuis les années 60 les dirigeants congolais ne se fixent pas comme objectif principal la résorption du chômage, alors que le pays est parmi les pays qui ont des taux de chômage les plus d’Afrique. C'est donc sans doute se tromper d'objectif principal que de vouloir régler avant toute chose notre problème de déficit et de dette ».

Poussant plus loin son analyse, ce chercheur  au Centre d’Economie à l’université de Sorbonne propose carrément de rompre avec ce Programme d’austérité des institutions de Bretton Woods surtout qu’aucune économie n'est jamais revenue à la prospérité avec des mesures d'austérité.

" Pour ma part, je prêche pour des politiques de croissance et non des politiques d'austérité, comme c'est le cas aujourd'hui. En effet, aucune économie n'est jamais revenue à la prospérité avec des mesures d'austérité. Les programmes du FMI nous a fait déjà perdre plusieurs points de croissance depuis que la RDC a rejoint le Fonds le 28 septembre 1963. Le FMI n'a d'ailleurs pas encore intégré cela. Il faut absolument abandonner le programme de référence approuvé en décembre 2019 afin d’éviter de sombrer et de détruire les rares industries qui nous restent, car la reconstruire coûte très cher », soutient-il.

Stanis Bujakera Tshiamala

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