Le débat général sur le Projet de loi portant reddition des comptes de l’exercice 2018 à l'Assemblée générale a dévoilé la mauvaise gestion manifeste des finances publiques sous l'ancien régime du président Joseph Kabila avec comme Premier ministre, Bruno Tshibala.
En effet, les observations faites par les députés accusent directement le gouvernement Tshibala de violation de la loi de finances 2018. Autrement dit, l'Exécutif a passé outre les exigences du législateur pour appliquer le Budget selon ses propres priorités.
Dans son intervention le samedi 16 novembre, le député Christian Mwando a accusé Bruno Tshibala d’avoir détourné 650 millions USD, exigeant au passage la mise place d’une commission d’enquête afin que les « présumés auteurs » de ce détournement soient entendus.
« Il y a 1406 projets qui ont été votés. Sur ces projets qui valent 1 600 000 000 USD, peu des projets ont été exécutés à une valeur de 1 672 000 USD soit 1%. 1173 ont eu zéro exécution. 44 projets ont été exécutés sans crédit à hauteur de 467 000 000 USD, il s’agit donc d’un détournement des crédits. 75 projets ont été budgétisés et ont payé 4 fois le prix. Il s’agit donc d’un vol qualifié parce que les projets n’ont pas été prévus à cette hauteur. Madame la Présidente, je ne vais pas m’étendre plus loin. Voilà déjà 500 000 000 USD qu’on doit nous justifier. Je vais aller à un autre élément simple. Il s’agit de fourniture et petits matériels des bureaux, prévisions 89 000 000 USD, liquidation 131 000 000 USD et paiement 247 000 000 USD. Vous avez déjà là près de 650 000 000 USD détournés. Il s’agit donc ici de ne pas accepter de donner le quitus à un gouvernement qui nous doit plus de 650 000 000 USD », a expliqué le député Christian Mwando.
C'est criant comme dérapage budgétaire. Le constat général est que les postes budgétaires relatifs aux institutions politiques ont connu de dépassement monstrueux pendant que les dépenses pro-pauvre ou celles ayant trait aux investissements de développement ont été exécutées en deçà des prévisions budgétaires dûment votées par le parlement.
L'observation de l'élu de Kalemie est fort pertinente quand il dit notamment qu'on applaudi de deux mains quand la France accorde une aide de 65 millions d’euros, pour réduire la dette congolaise, et on rechigne à sévir contre ceux qui détournement 650 millions USD.
« Dans ce pays, il y a des gens qui considèrent la République comme leur poche personnelle et qui peuvent se permettre de prendre comme 650 000 000 USD destinés à autres choses. Je pense que cela n’est pas acceptable. Il faut qu’il y ait ouverture d’une commission d’enquête. Que le premier ministre sortant, le ministre du budget sortant et le ministre des finances sortant soient interpellés de manière à ce qu’ils puissent s’expliquer sur cet argent. Vous avez vu que le Président de la République vient de recevoir 65 000 000 Euros seulement de la France, nous avons tous applaudi. Mais, lorsque dans ce pays on est capable de détourner 650 000 000 USD ça pose quand même un problème au niveau de la gestion et cela doit être rapidement corrigé en sanctionnant les coupables », a dit Christian Mwando.
L'impunité doit cesser en République démocratique du Congo car c'est une des causes majeures, avec la corruption, de la descente aux enfers de ces deux dernières décennies de la RDC. Pourquoi le pays s'interdirait à ouvrir une enquête pour voir comment un gouvernement peut dépenser 247 millions USD pour l'acquisition de fournitures et matériels de bureau là où les crédits budgétaires étaient plafonnés à 89 millions USD?
Chaque institution de la République doit remplir sa mission. Ces dérapages budgétaires ne doivent pas restés impunis à tous les niveaux de responsabilité. Le président de la République, Félix Tshisekedi, qui a fait de la lutte contre la corruption et l'impunité son cheval de bataille est donc mis à l'épreuve.
Amédée MK