RDC : le comité de conjoncture appelé à approfondir les options de resserrement budgétaire après la politique éphémère d’appréciation du franc congolais

Lors d'une reunion de conseil de ministres
Lors d'une reunion de conseil de ministres
PAR Deskeco - 27 sep 2025 07:39, Dans Finances

La Première ministre a livré ce vendredi 26 septembre 2025, au cours de la 60ᵉ réunion ordinaire du Conseil des ministres, un communiqué sur l’évolution récente de la conjoncture économique nationale. Deux tendances majeures ont retenu l’attention du comité de conjoncture : d’un côté, une appréciation du franc congolais qui donne l’illusion d’un retour à la stabilité ; de l’autre, une fragilisation budgétaire due à la baisse potentielle des recettes fiscales et à l’explosion de la masse salariale.

Une stabilité monétaire aux effets mitigés

Selon le comité de conjoncture économique, réuni sous la présidence de la Première ministre, le pays connaît un recul de l’inflation accompagné d’une appréciation de la monnaie nationale sur le marché de change. Cet ajustement devait, en principe, contribuer au maintien du pouvoir d’achat des populations. Toutefois, la cheffe du gouvernement a reconnu que cette tendance, si elle se prolonge, risque d’éroder les recettes publiques et d’aggraver le déficit budgétaire.

Dans ce contexte, la Commission économie-finances et reconstruction du gouvernement a été chargée d’explorer des mesures de resserrement budgétaire, une orientation qui traduit la volonté de rééquilibrer les comptes publics sans compromettre la stabilité économique.

Masse salariale : une bombe à retardement

L’autre alerte majeure concerne la masse salariale, qui absorbe désormais plus de la moitié des recettes courantes de l’État. La Première ministre a souligné que cette situation réduit la marge de manœuvre budgétaire du gouvernement et limite ses capacités d’investissement dans les secteurs prioritaires du développement.

Pour faire face à ce défi, le comité de conjoncture a retenu comme axe prioritaire un contrôle rigoureux des effectifs de la fonction publique. Cette opération passe par la fusion des bases de données existantes, la traque des doublons et des sureffectifs ainsi que la suppression des avantages indus. Objectif : dégager des économies substantielles afin de financer les priorités sociales et améliorer le bien-être des citoyens.

Les ministères de la Fonction publique, du Budget et des Finances ont été instruits de mettre en œuvre ces mesures, avec obligation de rendre compte dans le cadre des travaux sur la politique salariale.

Les critiques du professeur Gode Mpoyi sur l’appréciation du franc congolais

L’analyse du professeur en économie Gode Mpoyi apporte un éclairage critique sur cette politique monétaire. Pour lui, l’appréciation du franc congolais, établi récemment à 2 697,2 FC pour 1 USD, ne reflète pas une réelle stabilité. « Une stabilité monétaire réelle se constate au marché et non sur les ordinateurs », a-t-il déclaré, dénonçant des chiffres d’inflation « maquillés » et éloignés de la réalité vécue par la population.

Selon Mpoyi, cette appréciation est artificiellement soutenue par l’injection massive de devises par la Banque centrale du Congo (BCC), à l’image des 50 millions USD récemment déversés sur le marché. Si cette politique renforce temporairement la monnaie nationale, elle s’accompagne d’effets pervers : compression des dépenses publiques, retards de paiement des agents de l’État, arriérés de salaires et absence de moyens de fonctionnement pour les administrations.

Pour le député, ces mesures « bloquent la demande globale, rétrécissent l’espace fiscal et débouchent sur des remous sociaux », compromettant ainsi la stabilité politique et économique. Il recommande plutôt de renforcer le contrôle sur le rapatriement des devises par les entreprises minières, d’accroître la mobilisation des recettes internes, de réformer la fiscalité en devises et de diversifier la production nationale afin de solidifier durablement les réserves de change.

Jean-Baptiste Leni 

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