Dans un communiqué rendu public ce lundi 5 mai 2025, l'Observatoire de la dépense publique (ODEP) déplore la dégradation environnementale urbaine « accélérée » à Kinshasa, marquée par la multiplication des érosions et l'état préoccupant des infrastructures routières, ceci malgré les ressources publiques mobilisées chaque année pour l'assainissement.
Pour l'ODEP, cette situation fait suite à des routes exécutées en dehors des normes techniques, « conséquence directe de détournements de fonds publics initialement prévus pour ces travaux », et nuit à l'attractivité économique de la capitale congolaise.
« La majorité des routes principales de la capitale se trouvent aujourd'hui dans un état de dégradation avancée, voire totalement impraticables. Cette situation entrave non seulement la mobilité des citoyens, mais affecte également la continuité des services sociaux de base, compromet la sécurité des personnes et des biens, et nuit fortement à l'attractivité économique de la ville. Plus préoccupant encore, de nombreuses infrastructures routières sont réalisées en dehors des normes techniques, conséquence directe du détournement des fonds publics initialement prévus pour ces travaux », peut-on lire.
Dans son communiqué, l'ODEP rappelle que l'État a le devoir constitutionnel de protéger la population et de lui garantir un cadre de vie sain et sécurisé, et que l'absence d'entretien régulier des routes, des caniveaux et des ouvrages de drainage constitue « une faute grave de gouvernance publique, en violation des compétences exclusives en matière de construction, d'entretien et de réhabilitation des routes et ouvrages d'art d'intérêt national".
Cette structure fait, par ailleurs, savoir que cette situation résulte d'un « manque de planification, de coordination et de suivi-évaluation dans la gestion urbaine et l'entretien des infrastructures, pourtant au cœur de la mission régalienne de l'État ».
Face à ce constat, l'ODEP recommande au gouvernement :
- D'élaborer et d'exécuter un plan d'urgence coordonné, axé sur la réhabilitation des axes prioritaires, la lutte contre les érosions et le renforcement des capacités des services techniques urbains ;
- D'assurer la transparence dans l'utilisation des fonds publics affectés à la voirie et à la résilience urbaine, en rendant compte régulièrement des réalisations et des obstacles rencontrés.
Par ailleurs, l'Observatoire appelle à la mise en place de mécanismes de concertation inclusive entre les autorités locales, les ingénieurs urbanistes, les organisations de la société civile et les communautés pour une réponse durable et adaptée à la réalité du terrain.
Dans sa note, l'ODEP conclut en rappelant qu'« une capitale qui s'effondre sous les pluies est le miroir d'un État qui s'efface sous ses responsabilités ».
Jean-Baptiste Leni